LE GENDRE, Gilbert-Charles. Traité historique et critique de l’opinion. Troisième édition, revue, corrigée & augmentée. Paris, Briasson, 1741. Tome septième seul (sur 7). Reliure veau (époque), frottée, coins émoussés. 98×166 mm. 715 p. Planche dépliante, face à la p. 264.

120 euros

Une argumentation précoce

Ce traité s’attaquant aux erreurs et aux préjugés aborde de nombreux thèmes : Histoire, Belles Lettres, Mathématiques, Médecine, Physique, Chimie… Il est question dans ce volume consacré aux Sciences occultes d’Astrologie judiciaire, de plusieurs cas de divination prétendus naturels, de la Magie, de la Cabale et des Nombres, des Oracles, des Sibylles, des Augures, des Présages et des Songes. La table des matières, qui consiste en un index très détaillé de l’ensemble des sept tomes occupe environ 250 pages.

Le chapitre sur la Magie contient des développements sur le vampirisme*. Indépendamment du fait que le sujet est absent des deux premières éditions, pourtant parues en 1733 et 1735, il apparaît à la lecture que l’auteur a manifestement entendu parler la première fois du phénomène à l’occasion de la lecture du numéro d’octobre 1736 du Mercure historique (cf la fiche correspondante).

Après avoir résumé les événements consignés par le périodique, Le Gendre consacre les deux dernières pages à donner son point de vue. Il s’étonne que le rédacteur de l’article ait rapporté de tels faits sans avoir cherché à entreprendre la moindre vérification. « L’erreur populaire a pu venir de ce qu’on a vû quelques personnes mourir de maladies de langueur inconnuës, en même tems que le hazard aura fait apercevoir des cadavres, dont certaines terres, par une qualité commune, à plusieurs païs, avoient conservé la fraicheur. Depuis qu’une erreur du genre de celle-ci, capable de frapper l’imagination et d’inspirer l’effroi, a pris naissance, il n’y a plus de bornes aux exagérations. Dix-sept Vampires, pour avoir mangé des bestiaux qui avoient été sucés ! […] ces faits ne peuvent être admis, ni dans la classe des miraculeux, ni dans celle des naturels, ni dans celle des magiques. Il ne leur reste donc que la classe des apocryphes. […] toutes réflexions faites sur le peu d’étendue de nos lumières, j’ose encore n’ajouter aucune foi au Vampirisme. »

Rappelons qu’à notre connaissance, les auteurs français autres que des journalistes, s’étant exprimés antérieurement à Calmet, sont très peu nombreux. Ainsi, cette argumentation que l’on pourrait trouver tardive est pourtant précoce.

* pages 192-199

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