CARACCIOLI, Louis-Antoine. La vie du pape Benoît XIV, Paris, Rue et Hôtel Serpente, 1783. Un volume in-12, reliure veau (époque), (lxiv), 326 p., 3 ff. n. ch. (privilège et errata). 93×167 mm. Tache marginale sur le frontispice et le titre. Bel exemplaire. Edition originale.
150 euros
Les pages 190-194 sont consacrées à la question du vampirisme. L’auteur explique que l’Archevêque de Léopold, soucieux des fréquentes exhumations de vampires en Pologne, s’est adressé au pape Lambertini pour avoir son avis. Il livre ensuite la réponse du pontife :
« “C’est sans doute, la grande liberté de Pologne, qui vous donne le droit de vous promener après votre trépas. Ici, je vous l’avoue, nos morts sont aussi tranquilles que silencieux. […] L’Impératrice Reine de Hongrie, a dû vous détromper sur l’article des Vampires, que vous nommez communément Eupires. M. Vanswieten, son médecin, d’autant plus croyable qu’il est très-instruit, nous apprend que la rougeur de certains cadavres, n’a d’autre cause qu’une espèce de terre qui les gonfle et qui les colore. Vous avez à Kiovie même, une multitude de corps parfaitement conservés, et qui joignent à la souplesse des membres, des visages enluminés. J’ai dit à ce sujet, dans mon ouvrage sur la canonisation des Saints, que la conservation des corps n’est point un prodige. C’est à vous, comme étant Archevêque, qu’il appartient sur-tout de déraciner ces superstitions. Vous découvrirez, en allant à la source, qu’il peut y avoir des Prêtres qui les accréditent, afin d’engager le peuple, naturellement crédule, à leur payer des exorcismes et des Messes. Je vous recommande expressément d’interdire, sans différer, ceux qui seroient coupables d’une telle prévarication ; et je vous prie de bien vous convaincre qu’il n’y a que les vivans qui ont tort dans cette affaire.” »*
Caraccioli précise : « Cette lettre eut le succès qu’on en devoit attendre. On sévit contre les réfractaires […] »
* Selon Antoine Faivre, cette réponse date de 1756 (bibliographie, page 73 ; nous ne connaissons pas sa source). L’anthologie Roger Vadim présente… précise que son authenticité n’est pas certaine. Quoi qu’il en soit, les religieux qui vivaient parmi le peuple avaient souvent un faible niveau d’instruction et cela contribue à expliquer les pratiques bien réelles décrites par le pontife, et d’autres, tout aussi propices à la propagation des croyances. Cependant, les couches plus élevées de l’Église n’étaient pas épargnées par ces dérives, comme en témoignent les pratiques du consistoire épiscopal d’Olmutz, dénoncées par Gérard van Swieten.