L’illustration des rééditions de Justine

État des lieux de la bibliographie de Sade

On peut distinguer deux périodes pour les éditions des textes littéraires de Sade : avant 1835 (environ), et après 1865, avec le début des publications belges. La première période, celle à laquelle nous nous intéressons ici, comprend pour l’essentiel les différentes éditions de Justine, La Nouvelle Justine [parue en 1797]*, Juliette, La Philosophie dans le boudoir, Aline et Valcour, Les crimes de l’amour, La Marquise de Gange et Oxtiern, ou les malheurs du libertinage. A ces publications s’ajoutent deux éditions donnant une partie du texte d’Aline et Valcour : Valmor et Lydia et Alzonde et Koradin. La première est sans doute une contrefaçon ; la situation est un peu moins moins claire pour la deuxième, qui pourrait éventuellement avoir été initiée par le marquis, désireux de profiter du succès de Valmor et Lydia.

Vingt et une éditions dont l’existence est avérée sont référencées dans les bibliographies.

Enfin, deux autres romans, indissociables de l’œuvre de l’auteur, complètent cette liste. Il s’agit de Pauline et Belval, auquel le marquis a peut-être participé, et de Zoloé et ses deux acolythes, dont il pourrait cette fois être l’auteur ; dans chacun des deux cas, la question reste entièrement ouverte. Le premier de ces romans a connu trois ou peut-être quatre éditions et le second, une seule.

Cela étant, en raison de leur rareté, quelques éditions sont ignorées des bibliographies, tout au moins de celles que nous connaissons.** « La Nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu (Suivie de l’histoire de Juliette), 10 vol., En Hollande 1797 (= ca. 1840-60 ?) », décrite sous le numéro 1729 dans le catalogue de la belle vente K. L. Leonhardt du 10 mai 2012, chez Zisska et Schauer, est dans ce cas. Selon la notice, qui souligne cette absence de toute référence, son illustration, hétéroclite, est composée de réimpressions de gravures de différentes éditions. L’exemplaire en comporte 93 « sur 100 ? », en plus du frontispice. De même, nous avons vu sur un site de vente espagnol, il y a plusieurs années, un tome huitième de Juliette avec une page de titre inconnue, à la date 1797 : Juliette ou les prospérités du vice pour faire suite à la Nouvelle Justine. Il n’est pas fait mention de gravures et d’ailleurs, le volume n’en comporte pas. Il pourrait s’agir d’un exemplaire de l’originale avec un titre qui prend en compte cette absence. Signalons enfin l’existence d’une gravure absente de toutes les éditions de Justine antérieures à celle de 1801, tout au moins de celles qui sont connues, et sans doute aussi de cette dernière. Elle est reproduite en tête de l’article. Elle pourrait jouer le rôle de frontispice puisqu’elle ne comporte pas de mention de page. La scène de la mort de l’héroïne qui, à notre connaissance, apparut la première fois en 1800, y est reprise et, à l’exception des indications de placement, cette planche et celle de 1800 semblent absolument identiques. La condition de la gravure ne permet pas de savoir si elle est extraite d’une reliure. Il est possible qu’elle appartienne à une publication jusque-là inconnue, comme nous le verrons en fin d’article. Le cas échéant, il pourrait s’agir d’une édition en 3 tomes puisqu’il est indiqué « Tom. 3 » et que la scène se situe à la fin du roman, ou bien en 4. En effet, les indications de tomes ne sont pas toujours fiables, comme le montre par exemple le cas de l’édition de 1797 (infra). Cette publication serait probablement postérieure à 1800 dans la mesure où la gravure est d’une conception très proche (également) de celles de l’édition de 1801.

Inversement, dans plusieurs des bibliographies que nous avons citées en note, figurent des éditions dont aucun exemplaire n’est connu. On ne peut pas exclure l’éventualité que certaines d’entre elles, qui seraient particulièrement rares, existent réellement.

D’autres points d’ordre bibliographique restent à étudier ou à signaler, comme le fait que l’édition de 1817 de Pauline et Belval et celle parue vers 1820 sont à notre sens des remises en vente de l’édition de 1812, avec les titres renouvelés et, dans le cas de la dernière, les quatre derniers feuillets recomposés.

Dans un autre ordre d’idées, on peut aussi rappeler ces mots de Jean-Jacques Pauvert dans son Anthologie des lectures érotiques : « Justine n’est peut-être pas le premier roman de Sade. (D’après certains indices, il y a longtemps que je pense qu’un texte de lui a été imprimé avant qu’on ne l’enferme à Vincennes, et je ne désespère pas de le retouver un jour) ».

Toutefois, c’est la question des différentes rééditions de Justine, et plus particulièrement leur illustration, qui a motivé cette parenthèse bibliographique. Les informations à disposition sont en effet très insuffisantes : les bibliographies donnent très peu de détails, elles se contredisent et aucune n’est entièrement fiable. A notre connaissance, on ne trouve aujourd’hui aucune reproduction de l’illustration complète de l’une des éditions.*** Certaines gravures sont accessibles par le biais d’exemplaires de bibliothèques numérisés ou de diverses publications telles que des catalogues de vente ou des rééditions modernes de Justine, mais l’information obtenue n’est jamais garantie. Deux exemples parmi d’autres : les figures reproduites pages 915 et 918 de Justine et autres romans (Bibliothèque de la Pléiade, 2014), issues d’un exemplaire conservé dans une institution, n’appartiennent pas au jeu de 1800, contrairement à ce qui est indiqué. De même, on peut lire dans Sade, un athée en amour, que la première édition de Justine pourvue de gravures [autres que le frontispice de Chery] est celle de 1792 (p. 266). Ces carences s’expliquent notamment par la particularité qu’ont les exemplaires de presque toutes ces éditions d’être extrêmement rares et donc difficiles d’accès, et au fait que quasiment tous sont défectueux, y compris ceux qui ont le nombre de volumes requis (gravures manquantes, illustration provenant partiellement ou entièrement d’autres éditions, voire de livres d’autres auteurs).

Ainsi, nous ne connaissons en tout pas plus de dix exemplaires complets des éditions illustrées qui, nous le verrons, sont au nombre de six. Seuls trois sont conservés dans des institutions, ce qui rend particulièrement difficile le travail bibliographique.

Quitte à nous éloigner un peu de notre sujet, notons que cette grande rareté s’observe pour d’autres éditions que celles de Justine. Par exemple, nous n’avons repéré que quatre exemplaires de la deuxième édition de La philosophie dans le boudoir (c. 1830) : un à la BNF, incomplet d’une figure (Pia 1130), un autre à la British Library (P.C. 30.k.14, incomplet du premier des deux volumes et de deux figures du second), celui du catalogue Les délassements du boudoir (numéro 56, Librairie J. C. Vrain, 2003), incomplet d’un feuillet de texte, et un dernier, enfin, en mains privées, complet – peut-être celui évoqué par J. C. Vrain dans sa notice : « Cet exemplaire serait l’un des deux seuls complets des dix illustrations libres en noir » ? La situation est comparable pour La Nouvelle Justine, illustrée par Dévéria, parue vers 1835, qui possède un frontispice et 40 figures (et non pas 39****) : nous ne ne connaissons que quatre exemplaires en mains privées complets des quatre volumes et aucun ne contient toutes les planches. Quant à Zoloé : trois seulement, dont celui de Jean Bonna, relié au début du XXe siècle et un autre, vendu aux enchères le 13 octobre 2016, chez Baron Ribeyre (lot 283).

* L’édition originale n’est pas antidatée : voir la page d’accueil du site.

** Nous avons consulté notamment celles de Gay (1864), Dühren (1901), Apollinaire (1909), Cohen-De Ricci (Guide de l’amateur de livres à gravures du XVIIIème siècle, sixième édition, 1912), Lely (qui, il est vrai, se consacre plutôt aux originales) et Jean-Pierre Dutel (Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1650 et 1880, 2009). Il existe d’autres sources (Janin, Barbier etc.) mais les bibliographies anciennes se copient souvent, et donner la liste complète de celles que nous avons lues n’aurait guère d’intérêt. Enfin, l’ouvrage de J. P. Dutel, qui est de très loin le meilleur, présente cet avantage remarquable que les éditions listées existent toutes et que, par ailleurs, trois d’entre elles sont inconnues de ses prédécesseurs. Cependant, quelques erreurs ou imprécisions figurent.

*** Sauf pour l’édition de 1800, dans Essai de bibliographie des éditions illustrées de la Justine de Sade, publié en 2016 sur Bibliophilie.com. Cet article est consacré aux questions qui nous intéressent ici, mais nous avons depuis repris notre travail et affiné les résultats. Il n’en reste pas moins qu’il pourra être intéressant de le consulter, malgré quelques erreurs dans le premier tableau.

**** Voir la notice des exemplaires adjugés le 9 novembre 2010 chez Christie’s (lot 50, vendu quelques années auparavant chez Iegor) et, en 2012, chez Zisska et Schauer (collection Leonhardt, lot 1728). Celle de 2010 affirme qu’il est « fort probable » que la deuxième planche du tome 2, la seule qui soit absente du livre qu’il décrit, n’ait jamais été fournie, mais nous connaissons un exemplaire qui la contient (p. 51 ; il faut préciser à ce sujet que toutes les scènes du tome sont inspirées de celles de l’édition originale ; c’est cela qui permet d’ordonner les planches). De toute façon, indépendamment de ce qui précède, les arguments avancés par l’auteur de la notice ne prouvent rien. Par exemple, l’exemplaire de la vente Nordmann est évoqué sans que l’on sache si la planche manquante est bien la deuxième (« le seul exemplaire apparu récemment sur le marché est celui de la collection Gérard Nordmann [ancienne collection Michel Simon] qui était incomplet de deux planches dont une dans le second volume »). De plus, ceux que ce rédacteur a consultés (ou pas ?) sont très peu nombreux : quatre, dont deux ne sont pour ainsi dire d’aucune utilité. L’un, incomplet de 20 planches, est en effet bien trop lacunaire pour que son examen ait un véritable intérêt ; le deuxième tome de l’autre contient pour sa part les gravures d’une autre édition (BNF, Enfer-1186, numérisé), il n’apporte donc rien. Quant aux deux autres exemplaires cités dans la notice, le premier est en mains privées, mais aucune précision n’est donnée, le second est censé être conservé à la BNF mais nous n’en avons pas trouvé trace. Enfin, la fiche rédigée pour celui de la vente Leonhardt, incomplet de deux planches, est elle aussi déroutante. Sans que l’on comprenne bien pourquoi, son auteur se dit convaincu par les conclusions de Christie’s, pourtant il déclare que les indications données par Dutel ne lui permettent pas de savoir quelle gravure manque au tome 2 de son exemplaire (taper « Leonhardt Zisska Schauer » dans Google pour accéder au catalogue).

Préambule

On connaît sept rééditions anciennes de Justine : 1791 (2 tomes, illustrée), 1792 (2 t., illustrée), 1794 (2 t., illustrée), 1797 (une en 4 t., illustrée, une autre en 2, non illustrée et antidatée d’une vingtaine d’années environ), 1800 (4 t., illustrée), 1801 (4 t., illustrée).

Compte tenu de tout ce qui précède, il est utile de donner des précisions sur leur rareté et sur la condition des exemplaires rencontrés*. Dans le cas de ceux en mains privées, nous avons consulté divers catalogues, certains de grands collectionneurs, dont voici, énoncée succinctement, la liste : Roger Peyrefitte (1977), Librairie Forgeot (2005), Gérard Nordmann (2006), Jean Bonna (Six siècles de littérature française, 2007), K. L. Leonhardt (2012 ; aucun des deux autres catalogues consacrés à la bibliothèque de ce collectionneur ne contenait d’éditions anciennes de Sade), Sade, un athée en amour (catalogue de l’exposition de la fondation Bodmer, qui s’est tenue en 2014, à l’occasion du bicentenaire de la mort du marquis ; il est important de noter que la liste des prêteurs, qui inclut des particuliers, est longue), Les choix de Pierre Leroy, (2016), Tony Fekete (2014), Jean-Pierre Faur et Emmanuel Pierrat (7 décembre 2007), Michel Simon (Bibliothèque secrète d’un amateur connu ; 1977 – mais nous n’avons eu accès à aucun des quatre catalogues des ventes complémentaires de 1977 et 1979), ainsi que Les délassements du boudoir (cité ci-dessus). Nous avons aussi tenu compte des exemplaires que cite J. P. Dutel à la suite de ses descriptions. La liste de ses références bibliographiques contient en effet des catalogues dont nous ne disposions pas (dans les faits, cela ne nous a rien apporté, mais l’information est importante).

Nous avons également procédé durant de très nombreuses années à des recherches fréquentes et approfondies, notamment sur Google, dans les archives d’Invaluable, Liveauctioneers, Barnebys, Bibliorare, Auction.fr, Drouot.com, Rare Book Hub (RBH), Lotsearch, et dans celles des sites de maisons de ventes importantes telles que Christie’s, Sotheby’s, Pierre Bergé, Binoche et Giquello, Ader, Alde etc. De même, nous avons consulté pour toute la période 1974-2006 (ainsi que 1968-1970) les archives rassemblées par O. Matterlin et ses successeurs (Catalogue bibliographique des ventes publiques, Argus du livre de collection, cédérom Artprice) et mis en place, partout où c’était possible, des alertes électroniques. Bien que des exemplaires vendus aux enchères aient pu nous échapper – par exemple, Matterlin omet certaines ventes –, on peut estimer que, certainement, les résultats rendent compte de façon satisfaisante de la période allant de 1974 à nos jours. Précisons que la multiplication des sources est nécessaire car aucune d’elles n’inclut la totalité des occurrences d’une autre.

Bien entendu, même si ces investigations de différents types permettent d’obtenir des résultats significatifs, confirmés d’ailleurs, il est important de le noter, par ce qui ressort des recherches d’exemplaires conservés cette fois dans des institutions**, elles ont d’évidentes limites que nous ne sous-estimons absolument pas. Ainsi, à coup sûr, beaucoup des ventes opérées par les libraires nous échappent.*** Nous accompagnons donc nos statistiques de toutes les réserves qui s’imposent en précisant toutefois que, sans doute, elles autorisent au moins des comparaisons. Par exemple, nous sommes certain de ne pas nous tromper en affirmant que toutes les rééditions de Justine parues à partir de 1792 sont incomparablement plus rares que l’originale, ou bien que celle de 1791 est la moins difficile à trouver. De même, bien sûr, le fait qu’une édition soit absente de toutes les grandes collections, ou y soit représentée par des exemplaires dont l’état est insatisfaisant, est très instructif relativement à sa rareté.

* Bien sûr, même si nous discutons ici de Justine, les investigations décrites ci-dessous nous ont aussi permis de tester la rareté d’autres éditions de Sade (Alzonde et Koradin etc.)

** Catalogue collectif de France, Karlsruher Virtueller Katalog, Gallica, Europeana, Google, Google Livres, WorldCat…

*** Cependant, il paraît certain que la plupart des exemplaires non référencés finiront un jour ou l’autre par être accessibles. En effet, grâce entre autres aux alertes électroniques, la visibilité des ventes des libraires anciens et des particuliers est désormais sans commune mesure avec ce que l’on connaissait autrefois, tandis que celle des enchères publiques est optimale depuis des années. Ainsi, le référencement des exemplaires qui ont survécu, tout au moins d’une majorité d’entre eux, pourrait n’être qu’une simple question de temps. C’est d’ailleurs après la rédaction de cet article que nous avons eu connaissance de l’exemplaire de Jean-Claude Courbin de l’édition de 1792. Cela étant, certaines traces numériques disparaissent rapidement et il est donc nécessaire d’exercer une forme de surveillance permanente. Nous actualiserons pour notre part cette page, s’il nous est donné d’obtenir de nouvelles informations.

L’édition de 1791 (13 gravures)

L’illustration de cette édition parue la même année que l’originale ne pose pas de problème. Dutel indique qu’elle est ornée d’un frontispice de P. Chery, gravé par G. Texier [ce que nous n’avons pas cherché à vérifier], et de 12 gravures « avec encadrements à têtes de mort, chaînes et instruments de supplices » (A-594). Nous connaissons deux exemplaires entièrement complets : ceux des ventes Hayoit (Sotheby’s, 28 juin 2001, N°141, relié par Thibaron-Joly) et Nordmann (N°477, décembre 2006, repassé en vente en 2012 : « Maroquin rouge du XIXe siècle aux attributs érotiques et macabres, frontispice et figures remontées sur papier vergé ; quelques feuillets remontés et restaurés »). Cette réédition est sans aucun doute la moins rare de toutes. Nous avons vu plusieurs exemplaires passer en vente, un peu trop d’ailleurs pour qu’il nous paraisse judicieux d’en donner la liste comme nous l’avons fait pour les autres rééditions (infra). Cela étant, il est important en revanche de noter que ceux que l’on rencontre sont presque tous très défectueux : dans la plupart des cas, leur illustration se limite au plus au frontispice.

Celui de la Bayerische Staatsbibliothek (Munich), visible sur digitale-sammlungen.de et la fiche du catalogue de la vente Hayoit donnent accès en tout à 11 des 12 gravures mentionnées ci-dessus. Nous avons pu constater que 10 des scènes correspondantes n’appartiennent qu’à cette édition. La onzième, qui fait face à la page 33 du second tome, a été reprise (imitée) en 1792, 1794, 1797 et 1800 (peut-être aussi en 1801).

L’édition de 1792 (6 gravures)

Toutes les bibliographies s’accordent à affirmer que cette édition comporte en tout 6 gravures*. La première est un frontispice imitant celui de Chery. Rappelons quant à nous que l’une** des 5 autres scènes est issue de la deuxième édition. Nous connaissons quatre exemplaires en mains privées, dont un seul est susceptible d’être complet : celui de la bibliothèque Jean Bonna, relié à l’époque en deux volumes, en veau raciné (Six siècles de littérature française, numéro 150. Le frontispice est reproduit). L’exemplaire de la collection Nordmann (2 volumes, reliure allemande en basane racinée de l’époque, dos lisse, roulettes dorées au dos, pièces de titre et de tomaison en veau rose) ne possédait que le frontispice. Le troisième a été vendu le 19 avril 2007 chez Tajan (lot 18, 2 volumes en demi-maroquin rouge à longs grains). Il contient 5 gravures, dont le frontispice, reproduit. Le quatrième, enfin, est celui de Jean-Claude Courbin, vendu aux enchères le 14 mars 2025 chez Binoche et Giquello (lot 132, 2 volumes in-12, demi-basane fauve, dos orné, tranches mouchetées ; reliure vers 1820). Comme nous l’indiquons plus loin, certaines des scènes nouvelles, au nombre de 4 a priori, ont été reprises dans les éditions suivantes. Précisons enfin que seul le second volume comporte une mention de tome au titre (« Tome second »). C’était déjà le cas pour l’originale, mais pas pour la réédition de 1791.

* Chacune est pourvue d’un cartouche vide (aucune légende ne figure). Un exemplaire complet est numérisé sur le site de la Bibliothèque nationale d’Autriche (accessible sur onb.ac.at ou bien sur le Karlsruher Virtueller Katalog). L’illustration de l’exemplaire de 1794 de la bibliothèque de Munich (digitale-sammlungen.de) est formée de 4 gravures de cette édition (de 1792).

** Eventuellement deux, puisque nous n’avons pas pu observer le jeu de 1791 dans son intégralité.

L’édition de 1797 en 2 tomes (non illustrée)

Parmi les bibliographes cités plus haut : Gay, Dühren, Cohen-De Ricci, Apollinaire, Lely et Dutel, seul ce dernier mentionne cette édition, sans préciser cependant qu’elle est sans doute antidatée (A-597). Elle serait parue vers 1820, comme le suggère son allure générale. Nous connaissons trois exemplaires en mains privées : lot 135, vente Zoummeroff du 29 avril 1999. Cet exemplaire relié à l’époque en deux volumes en maroquin vert à long grain, dos lisses ornés (quelques rousseurs et mouillures éparses, quelques frottements légers à la reliure) est repassé en vente en 2023 chez Christie’s / lot 370, vente Nordmann, 27 avril 2006 : 2 tomes en un volume, demi-veau de l’époque (12 figures extraites d’une édition du Diable au corps, rapportées) / lot 22 de la vente Jean-Pierre Faur et Emmanuel Pierrat ; 7 juillet 2007 (repassé en vente en 2019) : les deux tomes reliés ensemble à l’époque, en demi-basane aubergine, dos lisse orné, tranches mouchetées. Il s’agit de l’exemplaire du catalogue Les Fatidiques (Librairie Pierre Saunier). Dans chacun des trois cas, les notices signalent que l’édition est antidatée.

Un quatrième exemplaire pourrait se joindre à cette liste, mais le fait est loin d’être certain (voir le paragraphe suivant).

L’édition de 1797 en 4 tomes (4 gravures)

Cette édition est signalée uniquement* par Dutel, qui annonce, comme il se doit, 4 frontispices (A-598). Il ne donne pas de précisions supplémentaires et cite l’exemplaire de la British Library (The Private Case ; P. C. 30.a.3., N° 1622, p. 302). La notice de ce catalogue indique : « Frontispiece to each volume ». Ajoutons quant à nous que seules les pages de titre des tomes 1 et 2 possèdent une séparation (un double trait) entre « En Hollande » et « 1797. »

Nous connaissons de façon certaine trois exemplaires en mains privées, complets des quatre volumes dont, dans le meilleur des cas, un seul contient toutes les gravures : l’un, vendu chez Piguet le 8 décembre 2020 (lot 56, relié en 4 volumes demi-veau à coins marbré, dos lisses ornés et dorés, « Zannini cap. » doré en queue au dos [Reliure postérieure] ; il possède uniquement le frontispice du premier tome) ; celui de la vente Leonhardt (lot 1718, 4 volumes joliment reliés à l’époque en veau; ex-libris Ottmar Jänichen-Dederstedt ; 4 frontispices signalés, mais aucun reproduit. Nous ignorons donc si cet exemplaire est intègre au niveau de l’illustration) et un dernier, relié à l’époque en 2 volumes (veau raciné, roulette dorée en encadrement, dos lisse orné, pièces de titre marron et de tomaison noires, tranches mouchetées, aucune gravure ; plats des reliures restaurés, feuillet 37-38 du tome 3 restauré ; un feuillet avec les quatre étiquettes destinées aux exemplaires brochés donnant le titre).

A ces trois exemplaires s’ajoute probablement un autre, vendu le 1er décembre 1985 (Pierre-Yves Gabus, Galerie « Arts Anciens » Bevaix, Livres illustrés modernes…, Genève, Hôtel des Bergues, lot 276). Il était ainsi décrit : « Seconde édition corrigée et augmentée [ce qui correspond uniquement aux deux éditions à la date 1797, à cela près, toutefois, que pour celle antidatée, on lit “augmantée”]. En Hollande. (179) [sic] ; 2 vol. in-16, reliures de l’époque basane verte à long grain, dos lisses ornés. Joli exemplaire, très pur. » Il est vrai que le fait que l’exemplaire soit en deux volumes s’accorde uniquement avec l’édition antidatée, mais des incompatibilités apparaissent : il n’est pas question d’antidatation, alors que celle-ci est assez facilement repérable, les reliures sont d’époque (donc ayant l’allure de celles réalisées vers 1797), et le format « in-16 » correspond mieux à l’édition en quatre volumes, dont les feuillets sont assez nettement moins grands que ceux de l’autre. Deux cas sont possibles : il peut s’agir d’une édition inconnue, ou bien de l’une des deux portant la date 1797. Nous ne croyons pas à la première possibilité et pensons plutôt qu’il s’agit d’un exemplaire en quatre volumes auquel les gravures manquent. L’absence de signalement d’une faute au mot « augmentée » n’est pas décisive, mais elle nous conforte dans notre opinion. Ainsi, nous pensons que la fiche indique par erreur « 2 vol. » au lieu de « 2 t. en 2 vol. »**

Nous avons eu également l’occasion de voir à deux reprises deux tomes seuls, l’un avec les deux frontispices requis, l’autre sans aucune illustration.***

Il a été possible de décrire l’illustration de cette édition en nous aidant de photographies des deux (seuls) autres exemplaires que nous connaissons : P. C. 30.a.3, cité ci-dessus, qui, nous l’avons vu, comporte 4 figures et celui de la Bibliothèque municipale Méjanes (Aix-en-Provence ; Enf. 35 (1) et Enf. 35 (2) ; 4 tomes en 2 volumes, 3 figures en tout – celle du tome 2 manque). Les trois gravures que ces deux exemplaires ont en commun sont identiques et le frontispice du premier tome est également identique à celui de l’exemplaire Piguet.****

Ainsi, cette édition de 1797 contient au premier des quatre tomes un frontispice imitant celui de l’originale, sur lequel il est écrit : Tom. I (et) Frontispice, et trois autres gravures jouant elles aussi le rôle de frontispices, placées en face des titres, avec ces seules mentions : Tom. II., Tom. III. et Tom. IV. Celle du tome III représente par erreur une scène du Tome II et inversement. Ces trois scènes sont inspirées de l’édition de 1792. Il s’agit des figures des T1, p. 184 ; T2, p. 103 et 284 de cette édition antérieure (celles des T1, p. 69 et T2, p. 14 n’ont pas été retenues). Les dessins sont inversés, presque identiques, et la forme des cadres est la même ; en particulier on y trouve un cartouche vierge de toute légende. En dehors de l’inversion du sens, les dessins sont très proches.

Notons enfin que toutes les rééditions illustrées de Justine reprennent la célèbre gravure de Chéry qui orne l’originale, dans des versions très proches, mais toutes différentes.

* Dühren évoque une édition de 1797 : « à Londres (Paris), 4 tomes in-18, avec 6 gravures et de nouvelles épisodes. Edition typographique de luxe ». Qu’elle existe ou pas, sa description ne correspond visiblement pas à celle dont il est question ici. Apollinaire, quant à lui, semble s’être basé sur Dühren.

** Nous remercions vivement Andrej Kilian, de la Bibliothek Kunsthaus de Zürich, qui nous a très aimablement fourni un scan de la notice du catalogue de vente, d’autant plus utile que les informations reproduites par l’Argus du livre de collection sont incomplètes.

*** « 2 tomes [1 et 2] reliés en 1 vol. in-16, frontispice, 143-1 blanche p. et frontispice libre, 143-1 blanche p., demi-vélin ancien, dos lisse, pièce de titre (dos fatigué, piqûres, traces de manipulation). » (passé à deux reprises aux enchères, en Belgique, vers 2022 la seconde fois) / Tomes 3 et 4 reliés ensemble, demi-reliure rouge à coins de la seconde moitié du XIXe, dos orné (d’étoiles ?). « Il manque peut être 1 feuillet (faux titre)? en début du tome 4 ». Aucune gravure.

**** Nous remercions à cette occasion Ingrid Astruc, Vincent Sablayrolles et Philippe Ferrand pour les photos de l’exemplaire de la Bibliothèque Méjanes, très aimablement fournies.

L’édition de 1800 (12 gravures)

Sur le plan de l’illustration, cette édition est de loin la plus intéressante, après la deuxième. Nous connaissons en tout trois exemplaires en mains privées – dont deux sont incomplets de gravures –, et quatre autres, conservés quant à eux dans des institutions. Parmi ces derniers, deux seulement sont complets du texte. Le seul exemplaire qui n’ait aucun manque est celui de la vente Tony Fekete (Christies, 18 novembre 2014, lot 181, 4 t. en 2 vol. : « The only know copy with the illustrations, these apparently not reproduced anywhere else… it is an apparently unique copy, complete with all the plates » ; c’est également, parmi les trois en mains privées, le seul qui soit relié à l’époque). Le deuxième figurait à la vente Leonhardt (lot 1719, 4 t. en 1 vol., demi-veau moderne dans le style de l’époque, sous étui en toile moderne, ex-libris J. B. Rund. « Our copy is possibly one of a remainder. Hardly browned, a little soiled, closely bound »). Quatre frontispices sont annoncés mais un seul est reproduit dans le catalogue et il n’a en réalité rien à voir avec l’édition : il appartient au premier tome d’une réédition de La Nouvelle Justine. Le troisième et dernier exemplaire en mains privées a été proposé chez Ader le 4 octobre 2023 (Ancienne collection Michel Simon, collection Philippe Brenot et à divers, lot 71, 4 t. en un vol., veau fauve, dos lisse cloisonné et fleuronné avec pièce de titre grenat, coupes ornées, tranches rouges [reliure moderne dans le goût de l’époque]. La notice signale quatre frontispices mais, comme précédemment, la gravure reproduite n’appartient pas à l’édition, elle provient du quatrième tome d’une réédition de La Nouvelle Justine).

Les quatre autres sont : celui de la Bayerische Staatsbibliothek de Munich, numérisé (11 gravures, dont 9 sont en tout point identiques à celles de l’exemplaire Fekete et 2 proviennent d’une autre édition), et les trois que cite Pascal Pia p. 725-726 de Les Livres de l’Enfer : B.N., Enfer, 505-508, 509-512, 513-514. Le premier n’est pas décrit ; il est donc certainement dénué de toute illustration. Chacun des deux autres est lui aussi incomplet : l’un de deux feuillets, l’autre de deux volumes et les deux, de gravures. Ils en contiennent 7 à eux deux et d’après les indications de Pia [qui sont précises ; les légendes, notamment, sont citées], 6 sont conformes à celles de l’exemplaire Fekete et sont issues de chacune des deux séries de 4 et 7 décrites ci-dessous. La dernière provient d’une autre édition (il s’agit du frontispice imitant celui de l’originale : il n’est pas légendé et Pia précise qu’il est différent de celui de l’exemplaire précédent).

Concernant la question de l’illustration, l’édition de 1800 fait partie de celles pour lesquelles les bibliographies ne se contredisent pas, ou alors de façon non significative. Cohen-De Ricci l’évoque à l’occasion de la description de l’édition de 1792 : « il en existe une imitation ou contrefaçon, en 4 vol., avec 4 jolis frontispices. En Hollande, 1800 ». Dühren et Dutel annoncent « douze gravures dont quatre frontispices » (Dutel A-599). Gay parle de « 4 ou bien 12 figures bien gravées ». Cela dit, aucune autre information n’est donnée.

Après avoir étudié en détail des exemplaires de toutes les rééditions anciennes de Justine*, nous sommes en mesure de décrire l’illustration de cette édition parue en 1800. Comme le suggère la comparaison des bibliographies, elle se décline en deux parties distinctes :

– Premièrement : 8 gravures : 1 frontispice légendé imitant celui de l’originale, dans une version proche mais, comme toujours, différente de celles des autres éditions et 7 scènes érotiques, parfaitement homogènes dans leur conception, légendées elles aussi et comportant une indication de page. Celles des tomes 3 et 4 portent l’indication « Tom. 2 » et pour elles, le mot « page » est abrégé en p. (tandis qu’il est écrit « page… » pour les deux premiers). Surtout, les indications de pages ne correspondent pas à cette édition (de 1800), mais à celle de 1794 et à elle seule : cette partie de l’illustration de 1800 est donc formée de gravures prévues à l’origine pour cette édition antérieure**, imprimées à l’époque (mais certainement non utilisées : voir infra). 6 de ces 8 gravures reprennent, en les améliorant, les dessins assez rudimentaires de l’édition de 1792 : on retrouve ainsi, outre le frontispice imitant celui de l’originale, ses 5 autres scènes avec des dessins plus fins et plus élaborés, des environnements parfois différents, d’éventuels ajouts de détails (par exemple, un tableau au mur montrant une femme en train de prier, pour une scène où un religieux fouette Justine). Enfin, certains des dessins sont inversés, d’autres pas. Les deux autres scènes sont quant à elles nouvelles*** : elles montrent la mort de Justine, foudroyée, et une profanation spectaculaire dans une ambiance érotico-macabre.

– Deuxièmement : 4 gravures légendées, érotiques, jouant elles aussi le rôle de frontispices, donnant les indications tom. 1e, tom. 2e etc. Elles sont d’un style nettement différent des 7 autres. Les 4 scènes correspondantes sont également entièrement nouvelles et n’appartiennent qu’à cette seule édition.

Par la suite, aucune scène des gravures de toutes ces rééditions de Justine ne sera reprise dans l’originale de La Nouvelle Justine.

* Rappelons que la totalité de l’illustration de 1800 est visible sur bibliophilie.com. L’exemplaire de 1794 (orné de gravures de 1792) que nous avons utilisé pour aboutir aux conclusions ci-dessus peut quant à lui être consulté sur digitale-sammlungen.de. De même pour celui de la Bayerische Staatsbibliothek.

** Cette affirmation peut paraître hâtive, mais nous verrons plus loin qu’elle est confirmée par l’existence d’un autre jeu de gravures, s’accordant uniquement à l’édition de 1794.

*** Rappelons toutefois que nous n’avons eu accès qu’à 12 des 13 gravures de l’édition de 1791.

L’édition de 1794 (6 ou 8 gravures)

Un exemplaire figure dans The Private Case (P. C. 30.a.2.). Il contient un frontispice qui imite celui de l’originale et 5 figures, qui reprennent l’ensemble des scènes de 1792 : de même qu’en 1797, mais contrairement à l’édition de 1800, les dessins sont extrêmement proches de ceux de 1792 (et donc, eux aussi rudimentaires), non inversés cette fois, et la présentation est identique (même cadre, aucune légende etc.) Enfin, comme précédemment, les indications de pages de ce jeu différent de tous les autres ne s’accordent qu’avec cette édition de 1794*.

On constate par conséquent qu’un second jeu de gravures a été conçu pour l’édition de 1794.

Comme les 6 gravures mentionnées ne sont que des copies de celles de 1792, exécutées sans davantage de souci esthétique, il nous semble cohérent de supposer que l’on n’a pas cherché à les compléter par la mort de Justine et la scène de profanation dont il est question plus haut : dans ce cas, P. C. 30.a.2. serait complet. Cette conclusion est compatible avec la notice de Cohen, qui écrit : « fr. allégorique non signé. On trouve, dit-on, des exemplaires avec 6 fig. libres non signées, le fr. compris ». Notons cependant que Dühren indique 8 images obscènes dont un frontispice allégorique sans nom d’auteur, ce qui pourrait correspondre au jeu utilisé en 1800 (avant lui, Jules Janin, avait également mentionné 8 gravures).

Dutel, qui indique que cette édition est ornée des 6 gravures de 1792, fait quant à lui erreur (A-596).

Il reste les questions que pose l’existence de deux jeux de gravures pour la seule édition de 1794. On peut penser qu’un seul des deux a été utilisé à l’époque (ce serait donc celui qui orne P. C. 30.a.2) et que, pour une raison ou pour une autre, celles-ci ne manquant pas dans le cas des éditions clandestines, le jeu de huit, indisponible au moment de la commercialisation, a été remplacé à la hâte par l’autre, puis utilisé seulement six ans après, en 1800. Mais les descriptions de Dühren et Janin laissent songeur. Cela dit, il est possible que Dühren ait copié son prédécesseur et que ce dernier ait pour sa part commis une erreur… Nous ne connaissons que deux autres exemplaires de cette édition de 1794 : celui, mentionné plus haut, visible sur digitale-sammlungen.de et conservé à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich, dont les 4 gravures proviennent de l’édition de 1792, et un autre, vendu le 14 décembre 1994 chez Binoche, Renaud (relié au 20 siècle par Mercher en deux volumes, demi-veau bleu gris à coins, dos à cinq nerfs titré or, tête dorée, il comportait « 6 gravures libres » ; nous n’en savons pas plus).

* Sauf pour une, pour laquelle il est écrit Tom II [et] Page 1, ce qui pourrait correspondre non pas à une erreur mais à son positionnement dans le volume en tant que frontispice. En effet la notice de The Private Case annonce : « two frontispieces and four plates ».

L’édition de 1801 (4 gravures)

Cette édition n’est citée que par Dutel, qui estime qu’elle a été publiée en 1801 ou bien vers 1830. Aucune illustration n’est évoquée dans sa fiche (A-600). Au vu d’un exemplaire en mains privées que nous avons examiné*, nous ne retenons pas pour notre part la seconde date. Nous connaissons en tout deux autres exemplaires de cette édition. Le premier est celui de la BNF, décrit par Pia, consultable intégralement sur Gallica (Enfer 1175-1178 ; aucune gravure). Le second, qui figure dans la collection Bonna**, possède quatre frontispices ainsi décrits dans Six siècles de littérature française : « Les 4 gravures anonymes, placées en guise de frontispices, étaient déjà visibles dans l’édition [de 1800]. Si les deux, à caractère pornographique, figuraient en sens inverse dans l’édition [de 1792], les deux autres sont des représentations de mises en scène scabreuses et blasphématoires, mêlant le profane et le sacré […] ». Deux d’entre eux, le premier et le quatrième, sont reproduits : l’un dans la publication précédente, l’autre dans Sade, un athée en amour. Les dessins, cadres et légendes semblent à première vue identiques à ceux des gravures prévues pour les p. 236 et 126 du tome 2 de l’édition de 1794, et utilisées en 1800, mais les numéros des tomes sont différents et il n’y a pas d’indication de page. Il apparaît ainsi que ces frontispices n’appartiennent à aucune des éditions précédemment décrites. Il est logique de supposer qu’ils illustrent en effet celle de 1801, et qu’en conséquence, un jeu de gravures a été prévu pour cette dernière.

* 4 volumes, veau raciné, dos lisse orné, pièces de titre rouge et de tomaison noire, tranches mouchetées bleu, papier bleuté. Son illustration est réduite à une seule figure, extraite d’une édition du Portier des Chartreux. Celle-ci fait office de frontispice pour le premier tome. Des photographies figurent dans notre article sur Bibliophilie.com.

** 4 volumes en reliure tardive du XIXe siècle, demi-maroquin rouge à coins avec papier rose à la colle sur les plats, dos lisses ornés, tranches mouchetées

Possibilité de l’existence d’une édition non référencée de Justine

Revenons à la gravure évoquée plus haut, reproduite en tête d’article, qui illustre la mort de Justine. D’après tout ce qui précède, elle n’appartient sans doute à aucune des éditions référencées antérieures à 1801. Il est par ailleurs très probable qu’elle soit également étrangère à cette dernière puisqu’elle ne s’accorde en rien à la description de l’exemplaire de Jean Bonna (elle n’a pas de caractère pornographique, scabreux ou blasphématoire).*

Ainsi, l’existence d’une publication non référencée qui la contiendrait est envisageable.**

* Si cet exemplaire est intègre (et rien ne laisse penser que ce ne soit pas le cas), la conclusion est certaine. Une autre caractéristique de cette gravure nous conforte dans notre opinion : contrairement à ce que l’on observe sur les deux frontispices reproduits, il n’y a pas de point après le numéro du tome (« Tom. 3 »).

** Notons que la présence de la légende « Madame de Lorsange… » prouve que cette gravure illustre bien le roman Justine : elle n’a pas été reprise pour un autre texte.

Retour en haut