HARENBERG (Johann Christoph). Vernünftige und Christliche Gedancken über die Vampirs Oder Blutsaugende Todten, So unter den Türcken und auf den Gräntzen des Servien-Landes den lebenden Menschen und Viehe das Bluht aussaugen. Begleitet mit allerley theologischen, philosophischen und historischen aus dem Reiche der Geister hergeholten Anmerckungen Und entworfen Von Johann Christoph Harenberg, Rect. der Stifts-Schule zu Gandersheim. Wolffenbüttel, zu finden bei Johann Christoph Meißner 1733. In-8, bradel cartonnage papier rose, tranches rouges (reliure sur brochure moderne). Cartonnage taché (avec manque de papier, recollé, sur le premier plat). 136 pages et 4 ff. n. ch. (161×94 mm). Édition originale rare. Reliure modeste.
2300 euros
Un des deux traités sur les vampires à la date 1733.
Le début du titre de ce livre se traduit par : « Pensées raisonnables et chrétiennes sur les vampires ou les morts sanglants ». L’auteur défend un point de vue rationnaliste*. Comme l’explique Antoine Faivre, « Ces rationalistes ne sont pas nécessairement tous agnostiques. Ainsi Harenberg, chrétien et disciple du philosophe Christian Wolff : il adopte une position en partie partagée par d’autres commentateurs, tels Bilfinger et Stock, rejette la théorie de Rüdiger et Thomasius sur l’esprit astral et considère donc qu’on ne saurait expliquer par une manifestation de celui-ci les actions attribuées aux vampires. Comme Bilfinger, Harenberg souhaite qu’on se livre à une expérience consistant à observer l’éventuelle imputrescibilité des vampires dont on n’a pas encore coupé la tête et qu’on procède à l’autopsie des corps soupçonnés d’être en état de vampirisme. Harenberg, soit dit en passant, propose une curieuse étymologie : vam viendrait du grec aïma (sang) et piren serait de même racine que l’allemand Begierde (désir). D’une manière générale ces auteurs [les tenants du discours rationaliste] pensent que les épidémies affectant le bétail peuvent jouer un rôle dans ce genre d’affaire en raison des effets consécutifs à la consommation de viande avariée. Que l’imputrescibilité peut être due à une sorte de poison ou à la nature du sol. Que les cauchemars des villageois endormis sont susceptibles, par contagion, d’influencer leurs proches etc. Le pape Benoît XIV se rangera [en 1749] du côté des auteurs qui adoptent telle ou telle de ces explications et fort tardivement, en 1784, le médecin Tallar, qui est dans cet horizon intellectuel, notera judicieusement que les soldats en garnison dans les villages affectés ne furent, eux, jamais vampirisés. On s’étonne du caractère si tardif d’une telle remarque. » (A. Faivre : Colloque de Cerisy, page 54)
Notons que le paradoxe concernant les militaires, qu’évoque A. Faivre, avait été en réalité souligné dès septembre 1738 dans un article des Mémoires historiques pour le siècle courant, écrit à l’occasion de cas liés à une épidémie de peste dans la ville de Kaminieck-Podolki, au cours de laquelle les habitants, « prévenus du pouvoir des Vampires, leur attribu[èr]ent cette mortalité » et agirent en conséquence avec les cadavres de leurs parents et amis (pages 266-267). Le numéro de juillet de cette même revue signalait déjà d’autres cas (« Les lettres de Temeswar renouvellent la ridicule fable des Vampires, qui fit tant de bruit il y a 4 ou 5 ans. […] » ; page 65). Pas dans le catalogue N°1 de la librairie BMCF. Commenté par Calmet, pages 40-42, de l’édition de 1749.
*Voir le recueil de trois impressions gothiques ci-dessus.