FRANCE DIMANCHE. N° 154, 155, 156 et 157 du 14 août au 4 septembre 1949 ; 12 pages chacun. 430×600 mm. Exemplaires en très bon état dans l’ensemble ; déchirures sans manques au dernier numéro (aux pliures).

200 euros

Ces quatre numéros livrent la confession de John Haigh, surnommé « Le Vampire de Londres ». La publication de ce récit commençant ainsi : « Je serai pendu demain », débuta quatre jours après l’exécution. France Dimanche en partagea l’exclusivité avec deux magazines anglo saxons. En 1960, il fut intégré à la fameuse anthologie d’Ornella Volta, I Vampiri tra noi, qui parut l’année suivante en France sous le titre Vadim présente… (p. 15-37)

Haigh naquit en 1909 de parents membres d’une secte fondamentaliste chrétienne, ce qui, raconte-t-il, ne fut pas sans conséquences sur son équilibre mental. Il déclarera ainsi avoir souffert par la suite de délires mystiques, notamment lors de rêves.

Après s’être blessé accidentellement à l’âge de dix ans, il commença peu après à se couper le doigt ou la main volontairement afin de retrouver le « goût ineffable » du sang. « Je me découvrais de la race des vampires. Pourquoi ? Pourquoi moi ? […] Je voyais une forêt de crucifix qui se transformaient graduellement en arbres. Je crus voir d’abord de la rosée ou de la pluie dégoutter des branches. Mais, en approchant, je compris que c’était du sang. Soudain, la forêt entière se mit à se tordre, et les arbres ruisselèrent de sang. Il suintait sur les troncs… J’avais l’impression de m’affaiblir, de perdre toutes mes forces. Je vis un homme qui allait d’arbre en arbre recueillir le sang. Lorsque la coupe fut pleine, il s’approcha de moi. Buvez me dit-il […]. Pendant trois ou quatre nuits, je fis le même rêve et, à chaque réveil, j’étais plus plein de l’horrible désir. »

Simple escroc au début de sa carrière, Haigh commença à assassiner en 1944 et à boire le sang de ses victimes. Mais : « En tout cas, je le précise, ce n’est pas pour l’argent que j’ai tué. Si ce n’avait été que pour cela, il m’aurait été plus simple de tuer mes parents et de recueillir leur héritage. » Il dissolvait ses victimes dans un bain d’acide, persuadé, à cause d’une mauvaise interprétation de l’expression juridique Corpus delicti, que l’absence des corps lui permettrait d’éviter d’être condamné. « Maintenant, je ne crois plus en Dieu, mais en une Force supérieure qui nous pousse à agir et régit mystérieusement notre destin, sans se soucier du bien et du mal. J’ai raconté comment elle me poussait à égorger des êtres humains, après m’avoir envoyé des rêves terribles qui me donnaient la soif du sang. Et c’est à moi, qui aime et qui adore la plus petite, la plus faible des créatures, qu’il a été ordonné de commettre ces meurtres et de boire le sang humain. Ce n’est pas possible, mes neuf meurtres doivent avoir leur explication quelque part hors de ce monde terrestre. […] Il y a donc une vie éternelle ? Je le saurai bientôt. En attendant, adieu… »

John Haigh, ou plutôt son effigie de cire, se trouve aujourd’hui dans la Chambre des Horreurs du musée de Madame Tussaud, à Londres. Conformément au souhait qu’il avait émis, il est habillé des vêtements qu’il portait à son procès.

« Une de mes dernières pensées va à Pat, le chien des Henderson. C’était un grand copain pour moi, et je suis très content d’avoir pu faire quelque chose pour lui en le faisant bien soigner. » Le vampire avait auparavant assassiné ses maîtres et vendu leurs biens.

Les différents articles sont illustrés de photographies de Haigh, de ses victimes et de documents, dont le certificat de décès du meurtrier. Le numéro du 21 août comporte également un article consacré à Barbara Stephens, la « fiancée du vampire », la « seule personne au monde qui ait aimé John Haigh ». Une photo d’elle, prise le jour de la pendaison, figure au début de l’article. « Elle n’a que vingt et un ans. Elle en avait quinze lorsqu’elle rencontra Haigh. Des rapports étranges s’établirent entre ces deux êtres, l’homme mûr, en qui se cachait un criminel sadique, et la toute jeune fille romantique et rêveuse… »

Voir aussi J. Marigny : Le Vampire dans la littérature anglo-saxonne, pages 57-58.

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