[CAZOTTE (Jacques)]. Le Diable amoureux, Nouvelle espagnole. A Naples, 1772. In-8, demi-veau brun, dos à nerfs soulignés d’une fine palme dorée, pièce de titre noire. Très plaisante reliure, strictement d’époque, délicatement décorée au dos. (viij), 144 p. 6 gravures (Moreau et Marillier) et une planche de musique. 192×122 mm. Craquelures aux mors, essais d’écriture au premier contreplat, petit manque angulaire au frontispice, marque d’appartenance ( ?) au titre, petit trou au dernier feuillet et sur la garde, second contreplat sali. Edition originale. Bel exemplaire, à belles marges. Rare dans cette condition.

3700 euros

Édition originale du premier conte fantastique français, dont Pierre-Georges Castex précise qu’il ne saurait être isolé des tendances spirituelles de l’époque (Swedenborg, Martines, Lavater, Mesmer, Saint-Germain, Cagliostro…). Avec Le Diable amoureux, Cazotte s’éloigne de l’esprit badin et parodique de ses premiers contes et « se tient à mi-chemin entre la féérie qui brave la vraisemblance et le récit réaliste qui écarte le mystère ; il […] donne ainsi naissance à un genre mixte qui prendra plus tard le nom de genre fantastique […] Ses personnages vivent, et leurs aventures sont rapportées avec tant de naturel que nous en remarquons à peine l’étrangeté. »

Précisons qu’à la suite de reproches qui lui auraient été faits lors de la parution de cette édition originale, Cazotte modifia dans les éditions ultérieures la fin de son conte, la rendant moins brutale, mais atténuant son caractère fantastique. Il s’en explique en 1776, dans l’épilogue de la première réédition. Ajoutons que l’aventure du héros du Diable amoureux a dû être inspirée à l’auteur par l’une des histoires tragiques de Rosset (Voir la fiche de l’édition originale, à la date 1613, ainsi que celle du canard intitulé Discours Merveilleux et veritable d’un Capitaine de la ville de Lyon, que Satan a enlevé dans sa chambre, depuis peu de temps [1615]. Voir aussi Max Milner : Le Diable dans la littérature française, page 72).

Joint : Mercure de France, Avril 1772, premier/second volume, 1 volume en demi basane d’époque, quelques défauts à la reliure. 228 et 216 p. On trouve aux pages 97-101 une critique élogieuse du roman.

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