[MANUSCRIT]. DAVANZATI (Giuseppe). Dissertazione Di Monsigniore Davanzati arcivescovo di Trani, in ordine ad alcune apparizioni d’Uomi nuovi volgarmente chiamati Vampiri. S.l., s.d. Beau manuscrit du milieu du XVIIIe siècle d’une écriture marron bien lisible. In-4, vélin, pièce de titre dorée ancienne, tranches noircies (remboitage probablement ancien ; la pièce de titre correspond à un autre livre). 106 ff. (268×190 mm). Une trentaine de lignes par page. Rares rousseurs. Taches sur la reliure, coiffe inférieure renforcée.

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Un des manuscrits de la Dissertazione de Davanzati ayant circulé avant sa publication.

Giuseppe Davanzati (1665-1755), archevêque de Trani, étudia d’abord le droit et la théologie avant de s’orienter vers la physique et les mathématiques, puis de revenir à la théologie. Bien plus tard, en 1738 et 1740, il écrira deux traités scientifiques, témoignant ainsi d’un intérêt réel pour la science.

Il eut l’occasion pendant son tour d’Europe de rencontrer de nombreux intellectuels de l’époque, dont le botaniste Pitton de Tournefort, auteur en 1717 de la Relation d’un voyage au Levant, où figurent des récits concernant les broucolaques grecs. Lecteur sceptique de la Magia Posthuma* – il s’agit d’un livre écrit en 1703, qui, en lien avec des exhumations et lynchages de cadavres en Moravie, aborde sous un angle plutôt juridique la question des morts malfaisants –, Davanzati ressentit, encouragé semble-t-il par quelques amis, le besoin d’étudier de plus près la question du vampirisme. Cela le conduisit à écrire cette dissertation, probablement vers 1739. Il fit parvenir quelques années après (1743 ?) son manuscrit au pape Benoît XIV (Prospero Lambertini ; 1675-1758), qui lui conseilla de le publier, ce qui ne se concrétisa pas pour diverses raisons apparemment sans rapport avec le traité lui-même, tout au moins avec le sujet abordé.

Cette Dissertation fut diffusée pendant plus de trente ans sous forme de manuscrits présentant des différences les uns par rapport aux autres, copiés à diverses époques. Celui que nous présentons est l’un d’entre eux ; les plus fidèles sont a priori les plus anciens. Après la mort de l’auteur, son neveu rassembla tous les exemplaires qu’il put trouver afin de les comparer et d’établir un texte le plus satisfaisant possible, qu’il publia en 1774. Le livre fut réédité en 1789.

La position de Davanzati sur la question de l’existence des vampires est semblable à celle du pape : il considère que les sens sont abusés ; l’idée des « dégâts de l’imagination perturbée par la peur » est même « omniprésente » dans son traité, particulièrement au chapitre XV (D. S-H).

Le souverain pontife formulera pour sa part son point de vue quelques années après, écrivant que les vampires sont de « trompeuses fictions de l’imagination humaine », et posant cette question : « Ont-ils réellement vu des cadavres – je veux dire des corps de défunts – ou ne s’agirait-il pas plutôt d’apparitions de spectres ou de fantômes ? […] Il n’en reste pas moins que je doute fort qu’on ait vu un individu, c’est-à-dire quelqu’un en qui l’âme et le corps se trouvaient réunis. »** En effet, autant l’existence de fantômes (âmes confinées au Purgatoire, voire, mais plus rarement, âmes de damnés de l’Enfer) ne menaçait pas la doctrine catholique traditionnelle de la relation entre le corps et l’âme, ni celle du Purgatoire, autant l’existence des vampires, revenants non immatériels, ne trouvait aucun fondement théologique.

« Avec la publication officielle du traité de Davanzati, il devint indiscutable que la position officielle de Rome était que les vampires n’existaient pas. » (M. Introvigne)

Ce traité n’a jamais été traduit en français ; nous ne connaissons qu’un compte-rendu dans le numéro de mai 1775 de L’esprit des journaux (pages 389-391). En dehors du livre de Dom Calmet et de la dernière édition de la dissertation de Ranft (1734), il n’existe pas d’autre étude d’époque de ce type et de cette ampleur.

Sources : The Archbishop’s Vampires : Giuseppe Davanzati’s Dissertation and the reaction of scientific Italian Catholicism to the Moravian events, publié in Archives internationales d’histoire des sciences vol. 61, no 166-167, Juin-Décembre 2011, par Francesco Paolo de Ceglia / Roger Vadim présente : Histoires de vampires, choisies et annotées par Ornella Volta et Valerio Riva (1961) – il s’agit de la traduction partielle (27 textes sur 37) de l’importante anthologie I vampiri tra noi d’O. Volta et V. Riva (1960), qui mêle littérature et textes historiques. L’originale italienne est préfacée par le même Vadim, qui tournait alors Et mourir de plaisir. / Vampire Portraits d’une Ombre (notamment l’article de Massimo Introvigne, pages 19-36 et particulièrement 31, pour la question du purgatoire. Cet auteur a publié en 1997 un essai non traduit : La stirpe di Dracula: indagine sul vampirismo dall’antichità ai nostri giorni). Nous n’avons pas eu l’occasion de le consulter / D. S-H., pages 186-187.

Un exemplaire dans RBH (Sotheby’s, février 1934 ; ce manuscrit daté de 1742 porte un titre légèrement différent du nôtre et il contient 57 feuillets). Il semble s’agir de celui de Bibliotheca Magica (numéro 3, collection de F. G. Waller, vendue aux enchères en 1918, à Amsterdam).

* Magia Posthuma est un livre d’une extrême rareté ; nous n’avons pas connaissance d’un exemplaire passé dans le commerce à quelque époque que ce soit. Le manuscrit date de 1703, mais il semble que l’ouvrage soit paru en 1706, malgré la date 1704 mentionnée à l’intérieur, sur l’Imprimatur (voir : Niels Kristian Petersen : Magia Posthuma: Karl Ferdinand von Schertz, Calmet and revenant beliefs [2021]).

** La position du pape Lambertini est exprimée aux pages 323-324 de l’édition parue en (avril) 1749 de son livre sur les béatifications et les canonisations des saints, intitulé De servorum dei beatificatione et beatorum canonizatione, qui constitue le quatrième tome de BENEDICTI XIV : Opera in duodecim tomos distributa (à ne pas confondre avec Doctrinam de servorum dei beatificatione et beatorum canonizatione redactam in synopsim…, qu’il publia en novembre, dans lequel la question est abordée plus brièvement, page 391). Le passage est traduit dans Roger Vadim présente… ; il est précisé que le souverain pontife, homme d’une curiosité d’esprit remarquable, amateur passionné de médecine, de chirurgie, de biologie et de psychiatrie, se refusa avec mépris à toute faiblesse relativement à la question du vampirisme. Notons qu’il n’était pas question des vampires dans la première édition de De servorum… (1734-1738). Voir à la date 1783.

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