Mercure de France dédié au roy. Paris, chez Guillaume Cavelier, La Veuve Pissot, Jean de Nully. Un volume relié en demi-basane, tranches rouges (reliure de l’époque). Ce volume couvre la période d’avril à juin 1721. Environ 830 p., 90×160 mm. Les 5 hors-textes requis, représentant des médailles ou des partitions musicales, sont présents (l’un de ceux du mois de mai, la partition, provient d’un autre exemplaire ; il est glissé entre deux pages). Quelques usures à la reliure (coins émoussés, avec manques de cuir, coiffes en partie absentes, dos craquelé…). Importantes taches d’encre aux p. 672-673 (livraison d’avril), quelques annotations anciennes p. 1115 (juin). Bon exemplaire malgré les défauts signalés.

880 euros

Un document important et très rare

Le numéro de mai contient aux pages 890-898 le célèbre article Wampirs, fait singulier et des plus extraordinaires, s’il est vrai, évoqué plus haut à propos des révélations du Glaneur historique. Rappelons que le Mercure et le Glaneur furent les seules gazettes en langue française à diffuser le Visum et Repertum à l’époque de sa parution, tandis qu’un périodique des Pays-Bas autrichiens (Relations véritables) communiqua brièvement à deux reprises sur les événements. Ce n’est qu’en 1736 qu’il fut de nouveau question du vampirisme en France.

On peut lire notamment dans cette traduction du rapport Flückinger, plus fidèle et plus complète que celle du Glaneur : « Voicy le rapport des Chirurgiens Impériaux, sur ce qui s’est trouvé en Servie au Village de Médugion, sur les Frontières de la Turquie, au sujet des Wampirs ; c’est le nom qu’on donne en ce Païs, à des gens, qui après leur mort viennent, dit-on, sucer les vivans […] Les mêmes gens ont encore dit, que tous ceux qui sont tourmentez par les Wampirs et qui en meurent, deviennent Wampirs eux-mêmes […] Le Hayduc Jorvina a déposé de plus, qu’il y avoit environ 20 jours que sa bru, nommée Stanaha, s’étoit mise au lit en bonne santé, et s’étant réveillée en sursaut, avec un cri, une frayeur, et un tremblement extraordinaire, se plaignit d’avoir été sucée au col par […] Nous déterrames une autre femme […] Tous les Hayduchs qui étoient présens à la dissection, furent fort étonnez de la graisse et de l’embonpoint de cette femme, disant unanimement l’avoir très-bien connuë dès sa jeunesse, et que pendant sa vie elle avoit été toujours fort maigre et fort seche. Ils ajoutoient unanimement qu’il falloit que cet embonpoint fut venu dans le tombeau, et que selon le rapport des gens du lieu, c’étoit elle qui avoit été la premiere des Wampirs d’à present, parce qu’elle avoit mangé de la chair des Brebis qui avoient été tuées par les Wampirs précédens. […] »

Il convient de souligner que l’auteur (anonyme) du compte-rendu écrit au sujet de Stanaha, la deuxième fois où il est question d’elle dans le rapport : « elle avoit été sucée au col […] On remarquoit effectivement qu’elle avoit au dessus de l’oreille du côté droit, une tache bleuë, mêlée de sang extravasé, de la longueur du doigt. » Il semble pourtant que la version originale du rapport indique que la jeune femme avait été « serrée au col ».

Nous ignorons si cette différence est due au traducteur ou bien à la version allemande dont il disposait. Le Glaneur quant à lui parle d’étranglement.

En avril 1733, le Mercure revint sur cet article à l’occasion de la publication du dictionnaire des cas de conscience de Lamet et Fromageau, qui évoque les revenants polonais de 1693 (voir ci-après).

Nous joignons les autres volumes de l’année 1732 : trois reliures usées avec manques de cuir. Des déchirures à quelques feuillets, sans atteinte au texte. Quelques mouillures. Les quatre reliures sont uniformes. L’ensemble est complet mais un feuillet absent a été remplacé par celui d’un autre exemplaire, glissé entre les pages correspondantes.

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