Mercure historique et politique, Contenant l’Etat présent de l’Europe, ce qui se passe dans toutes les cours… pour le mois d’Octobre 1736. Par Mr Rousset, Membre de la Société Royale des Sciences de Berlin. À La Haye Chez Henri Scheurleer, 1736. Un volume broché. La pagination va de 182 à 237. 90×148 mm. Déchirure au dos du brochage, avec un manque minuscule. Deux autres manque, angulaires : en bas du premier plat et au ff. 197-198, avec perte d’un chiffre de chaque côté. La ficelle qui liait les trois cahiers est cassée : ceux-ci sont en partie désolidarisés et ne sont plus fixés au dos. Bon exemplaire cependant, tout à fait satisfaisant, et dans une condition particulièrement intéressante (on trouve généralement ces numéros reliés par semestres ; le nôtre n’est pas extrait d’une reliure). Nous joignons les cinq autres numéros du second semestre de 1736, également brochés, en bon état (couverture identique pour les six).
450 euros
Un article très célèbre.
Ce numéro de cette revue consacrée à l’actualité militaire, diplomatique et mondaine des cours européennes signe à notre connaissance le retour du vampire en France, après le dernier article du Glaneur, en avril 1733. Il présente un cas de vampirisme censé être nouveau, mais la relation laisse penser qu’il pourrait s’agir en fait de celui de Plogojovitz, qui se produisit en 1725. « Alors, s’agit-il d’une erreur d’appréciation de la part du Mercure ou d’un cas de vampirisme réellement inédit ? Le mystère reste entier. » Voir D. S-H., pages 157-159.
La version du Glaneur du Visum et Repertum (mars 1732) est reprise (« Graces au ciel, nous ne sommes rien moins que crédules ; nous avouons, que toutes les lumiéres de Phisique que nous puissions approcher de ce Fait, ne nous y découvrent rien de ses Causes : cependant, nous ne pouvons refuser de croire véritablement un Fait attesté juridiquement, et par des Gens de probité ; outre qu’il n’est pas unique en ce genre ; et nous copierons ici ce qui est arrivé en 1732, et que nous avons inséré alors dans le Glaneur du… »). L’ensemble figure aux pages 199-203. Il existe une autre édition de cette revue, à la même adresse, dont la collation est différente et les feuillets, nettement plus petits. L’article y occupe les pages 403-411.
Cet article important, systématiquement cité de nos jours, suscita quelques réactions. Le philosophe Boyer d’Argens, Guillaume Rey et Gilbert Charles Le Gendre se basèrent dessus (voir infra). Il est important de noter à ce sujet que chacun d’eux ignore manifestement l’existence des études allemandes – dont, il est vrai, aucune ne fut traduite –, ainsi que celle des articles du Mercure Galant. Étonnamment, parmi tous les auteurs dont nous avons consulté les écrits, seul Calmet discute de ces derniers : même La Varenne, qui était pourtant bien informé, ne les évoque pas.
Voir dans le livre de Gilles Banderier le texte du manuscrit de la conférence prononcée en 1737 devant l’Académie de Lyon, par Guillaume Rey, a priori non imprimé à l’époque.
Gilbert Charles Le Gendre : pages 192-199 du tome septième (consacré aux sciences occultes) du Traité historique et critique de l’opinion, troisième édition revue, corrigée et augmentée (1741). L’auteur indique : « On m’a assuré qu’il y avait un traité des Vampires : je l’ai cherché inutilement dans les bibliothèques de Paris, et chez les Libraires. » À la lecture du passage sur le vampirisme, qui commence ainsi : « On ne trouve, dans toute l’antiquité, aucun récit magique plus incroïable qu’un fait publié récemment et accompagné d’informations et de témoignages… », on comprend même que Le Gendre n’avait jamais entendu parler des vampires avant de prendre connaissance de l’article qu’il cite [celui du Mercure historique]. La deuxième édition de son traité, parue en 1735, n’aborde d’ailleurs pas la question.
On trouve également, aux pages 137-147 du tome XL de la Bibliothèque Germanique, ou histoire littéraire de l’Allemagne, de la Suisse et des Pays du Nord, paru en 1737, un compte-rendu d’une « observation » sur les vampires, extraite d’un livre de 1734 qu’un auteur allemand, un certain Christian Philipp Berger, consacre à l’explication de divers phénomènes naturels étranges. Le rédacteur fait le lien avec le Mercure historique, qu’il évoque longuement, mais lui non plus ne parle ni des débats allemands, dont il semble ignorer l’existence, ni des articles du Mercure Galant ; seul le traité de Ranft est cité brièvement, mais c’est uniquement en tant que source donnée par Berger.
C’est sur le texte de la Bibliothèque Germanique, exclusivement, que se base la longue notice du Supplément au Dictionnaire historique et géographique de Moreri, paru en 1745 (tome 3, page 911). Les deux auteurs considèrent visiblement le vampirisme comme une simple manifestation des superstitions, purement anecdotique, aussi peu intéressante qu’une autre.