Numéro du 17 juin 1886 du journal Le Petit Parisien. 4 pages (310×450 mm) ; petits manques de papier ; déchirure au pli. État correct malgré des manques de papier au premier feuillet, côté droit. Numéro non extrait d’une reliure. Texte sur quatre colonnes.

50 euros

Nécrophilie et vampirisme

Un article en première page, sur trois colonnes, est consacré à l’affaire du Vampire de Saint-Ouen, ainsi baptisé par la légende populaire : il s’agit d’un ancien fossoyeur, Henri Blot, coupable d’avoir, sous l’emprise de la boisson, déterré et violé deux cadavres. L’auteur de l’article fait un lien très hasardeux entre ce fait divers et le vampirisme : « Il y a donc de notables raisons de croire que le vampirisme constitue, en somme, une forme particulière de la folie, folie d’autant plus redoutable qu’elle semble parfois avoir été contagieuse dans certains pays de l’Europe, en Styrie par exemple. […] Blot se contentait de violer les cadavres. D’autres vampires ne peuvent résister au besoin d’en lacérer la chair. On en a vu qui la mordaient ou même s’en repaissaient avec délices, poussés par on ne sait quelle anthropophagie macabre. Mais ces cas sont les plus rares. Dans certaines contrées de l’Europe, dans les parties orientales surtout, les cas de vampirisme présentant ce dernier caractère paraissent avoir été beaucoup plus nombreux que dans nos régions occidentales ; de là, sans doute, les légendes terribles qui, trouvant un facile accès dans des cerveaux voués à la superstition par l’ignorance, s’y sont accréditées au point d’affoler véritablement par la peur des populations tout entières. » Le cas d’Arnold Paul est alors rappelé en détail.

Puis : « Cette histoire lugubre remonte, il est vrai, à la fin du siècle dernier (sic). […] Aujourd’hui encore, dans toute la région danubienne, on voit les paysans pâlir à l’idée que tel individu, signalé comme vampire, va sortir de sa tombe… »

Ce type de confusion, typique de l’époque, avait été fait la première fois en 1848-49, dans le cas du sergent Bertrand, surnommé le Vampire de Montparnasse. Il faudra attendre l’apport des études médicales et plus particulièrement la thèse de médecine d’Alexis Épaulard (infra 1901) où, d’ailleurs, un long passage est consacré à Blot, pour que soit élaborée une approche plus cohérente de ces déviances (nécrophilie, nécrosadisme…).

Épaulard précisera que « le nom de vampire eut tant de retentissement qu’il s’appliqua par un de ces changements d’acception fréquents en linguistique, non plus aux morts qui venaient sucer le sang des vivants, mais aux hommes qui avaient fait acte de vampirisme, c’est-à-dire profané des cadavres. »

Il est question, dans une quinzaine d’autres articles que proposent les quatre pages de ce numéro, de crimes crapuleux ou passionnels, de l’assassinat du maire de Porto-Vecchio, abattu publiquement d’une balle au milieu du front par un de ses concitoyens mécontent de ne pas figurer sur la liste électorale, d’escroqueries, de suicides, d’attentats à la pudeur, d’accidents mortels. Un long compte-rendu d’audience de l’affaire Watrin (orthographié Watrain) figure également.

Retour en haut