SCHEDEL, Hartmann. Liber chronicarum cum figuris et ymaginibus ab initio mundi. [Nuremberg, Anton Koberger pour Sebald Schreyer et Sebastian Kammermeister, 1493]. Édition originale. In-folio (284×423 mm). Un feuillet, folioté CXCVIII, extrait d’un exemplaire de la Chronique. 11 gravures sur bois. Petits manques de papier en haut du feuillet. Pâle mouillure ; quelques taches.

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La Chronique de Nuremberg, du nom du lieu de sa première parution, est l’œuvre du médecin humaniste Hartmann Schedel. L’intérêt de ce livre, dont l’ambition est de retracer l’histoire du monde, réside beaucoup moins dans le texte, très fortement inspiré d’écrits existants que dans les illustrations, principalement issues de l’atelier de Michael Wolgemut, assisté de Wilhelm Pleydenwurff. Celles-ci sont très abondantes, de qualité et particulièrement adaptées au texte. Schedel aborde de nombreux sujets, tels que l’histoire de l’Église, l’histoire laïque, mais aussi – et c’est cela qui nous intéresse ici – les « événements médiévaux ». Notre feuillet comporte plusieurs gravures représentant de tels événements, dont trois phénomènes météorologiques, et la naissance d’un monstre moitié homme moitié chien engendré par une femme (60×100 mm). Cette naissance se situe durant l’année 1128, particulièrement féconde en prodiges (feu sacré, pluie de sang et tremblements de terre en Italie, armées de feu vues dans le ciel…)

La vision qu’a Schedel des monstres et prodiges, qui tiennent une large place dans son livre et dans de nombreux autres à cette époque, s’inspire de celle de Pline, qui voit en eux des merveilles, des miracles, qui attestent la force de la nature et l’attention minutieuse qu’elle porte au destin des hommes (cf. Jean Céard)

Cette gravure est assez connue ; elle reparaît dans la fameuse édition de 1557 du Prodigiorum ac ostentorum chronicon, de Conrad Lycosthenes – cela étant, la vision qu’a Lycosthenes des prodiges est, à l’instar de celle de beaucoup d’autres auteurs, différente de celle de Schedel : elle reflète une angoisse face à ce qui est interprété comme des avertissements divins.

Il est parfois écrit que la créature représentée est un loup-garou mais dans le contexte de ce feuillet ce n’est pas le cas. Peut-être a-t-elle toutefois été reprise dans d’autres ouvrages anciens pour illustrer la lycanthropie ? A moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’une mauvaise interprétation.

Voir : Étude sur la chronique de Nuremberg de Hartmann Schedel avec les bois… par Charles Ephrussi (1894), page 49 (en ligne). Jean Céard : La nature et les prodiges. L’insolite au XVIème siècle, Droz, 1996, p. 3 et 74-76. Première parution : 1977. C’est la thèse de doctorat d’État de l’auteur ; il y est notamment question des histoires prodigieuses et des canards.

Le thème de la lycanthropie est abordé à plusieurs reprises dans la partie « Sorcellerie ».

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