[SPIESS (Christian Heinrich)]. Le Petit Pierre, ou aventures de Rodolphe de Westerbourg. Traduit de l’Allemand. A Paris chez Leprieur, Libraire. 1795. Quatre parties en deux volumes. Deux vol. in-18, demi-basane veinée, dos lisse orné de filets dorés, pièces de titre ocre, plats de vélin de réemploi, tranches mouchetées rouge (reliure de l’époque). 173, 178, 187, 187 p., 4 frontispices (115×71 et 113x71mm). Ex-libris Gueneau-Aumont. Dos légèrement gauchis, quelques feuillets légèrement déboîtés, petit accroc au bas du premier volume et mors fendu au même endroit (trou de ver de l’autre côté, sur le contreplat et le feuillet de garde), petit manque de papier près de la charnière des deux derniers feuillets du premier volume. L’intérieur des volumes est bien conservé ; exemplaire très satisfaisant.

3700 euros

Édition originale française. Très rare.

Le Petit Pierre, paru en 1793, a très certainement inspiré Le Moine. Alice Killen estime à ce sujet que Lewis l’a « pillé », et donne parmi d’autres exemples « le même pacte avec Satan » chez les deux écrivains.

Oscillant entre féérie et surnaturel, ce roman se distingue pourtant profondément de la littérature gothique. C’est un livre original, un peu méconnu, s’inscrivant dans la genèse du genre fantastique et n’ayant absolument rien à envier, loin s’en faut, à nombre de titres très réputés.

Il existe une autre traduction parue très peu de temps après la nôtre : elle porte le titre Petrillon ou le petit bonhomme Pierre, est datée de 1796 et comporte à la fin du deuxième tome cette note du traducteur (anonyme, comme ici) : « Au moment que cette traduction achevée dès le mois de février 1795 sortoit de la presse, nous avons reçu par la voie de Leipsick une autre traduction française de Pétrillon [celle que nous proposons]… Jalousie de métier à part, nous doutons que M. Spiess soit tenté d’avouer cet ouvrage : cependant malgré ses inexactitudes et la foiblesse du style, la traduction dont nous parlons a eu un grand succès en France… » L’auteur de cette deuxième traduction avait fait paraître auparavant l’originale française des Gnomes ou les esprits des montagnes.

Une troisième traduction due à Henri de Latouche fut publiée en 1820, à une époque où l’on rééditait des romans d’Anne Radcliffe et Le Moine de Lewis et que des livres tels que Les Ombres sanglantes de J. P. R. Cuisin et, surtout, le Melmoth de l’Irlandais Maturin étaient proposés au public. C’est à l’occasion d’un article sur cette nouvelle traduction* que Nodier inventa l’expression « école frénétique ».

Absent de tous les catalogues spécialisés que nous connaissons (Oberlé, Loliée, Henner, Saunier [Les Fatidiques]). Killen, page 52.

* Reparue en 2005, avec une préface du libraire Sylvain Goudemare (éditions Cartouche)

Retour en haut