Trois impressions en caractères gothiques reliées ensemble (reliure moderne, vélin de réemploi) : Putoneo [MEINIG (Johann Christoph)]. Besonderen Nachricht, von denen Vampyren, oder so genanten Blut-Saugern… Leipzig, den Johann Christian Martini in der Grimschen Gasse, 1732. In-8, 48 pages. Suivi de : [Anonyme] Acten-mässige und umständliche. Relation von denen Vampiren oder Menschen-Saugern… Leipzig, Augusto Martini, 1732. In-8, 48 pages. Suivi de : VOGT (Dr Gottlob Heinrich) Kurtzes Bedencken von denen acten-mässigen Relationen wegen derer Vampiren… Leipzig, August Martini, 1732, 8 ff. n. ch. Environ 180×110 mm.
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Réunion des éditions originales de trois traités très rares sur le vampirisme.
Outre l’interprétation ésotérique du vampirisme, déjà évoquée plus haut dans le cas de Ranft, deux types de discours fleurirent à la suite des événements de 1732.
Le premier est le « discours rationaliste », qui n’est pas nécessairement le fait d’agnostiques, dont Meinig, sous le pseudonyme de Putoneus, ainsi que Vogt et Harenberg, sont des tenants. Les arguments que proposent ces auteurs sont souvent peu logiques, faibles ; « s’ils rejettent toute forme d’interprétation “irrationnelle”, c’est-à-dire surnaturelle, ils ne doutent pourtant presque jamais des faits rapportés et les acceptent comme tels. Ainsi, dans un numéro du Commercium Litterarium, à la question de savoir comment les vampires s’y prennent pour quitter leur tombeau, un médecin répond que la personne enterrée y parvient grâce à la porosité de la terre, sans paraître s’apercevoir que par là même, il rend plausible le vampirisme – même si lui, bien sûr, pense que cette personne enterrée n’était pas morte mais avait été enterrée vivante. » (A. Faivre)
Le second est le « discours théologique » ; il reste dans les limites des données de la foi. Par exemple, certains auteurs « estiment que si vampires il y a, c’est par décret insondable de Dieu qui par là entend frapper ces villages dont les habitants, sûrement, mènent une vie criminelle ou dissolue. […] Plus fines que ces sommaires explications apparaissent les réflexions de […] et de Dom Calmet qui longtemps dissertent sur l’imputrescibilité du corps des saints pour la comparer à celle des vampires. S’agirait-il de la parodie démoniaque d’une des marques physiques de la sainteté et de la résurrection de la chair ? […] Mais les tenants de l’explication théologique restent généralement en position d’attente […]. L’Église catholique, au demeurant, n’avait point à prendre position et les théologiens intéressés par l’affaire des vampires passaient moins de temps semble-t-il, à chercher des explications qu’à s’en prendre aux tenants de l’interprétation “magique” ou ésotérique, c’est-à-dire à ceux qui cherchaient une réponse dans le Grand Livre de la Nature. En cela ils font plus ou moins front commun au côté des rationnalistes. »
Concernant plus particulièrement les trois textes du recueil : la théorie rationaliste de Putoneus/Meinig est que certaines maladies sont causées par la viande de mouton malade ; il explique qu’à cette époque, en Europe, se répandait une maladie d’animaux inconnue jusqu’alors, qui ravageait le cheptel et dont les symptômes ressemblaient beaucoup à ceux constatés à Medwegya (compte-rendu dans le Commercium Litterarium : Hebdomas 28, 9 juillet, pages 223 et suivantes).
Dans le texte du traité anonyme intitulé Acten-mässige… Relation, figurent les rapports de Glaser et de Flückinger et deux lettres. La première, écrite par un témoin oculaire, est adressée au directeur de l’Academia à Leipzig ; il y est question d’un vampire qui, à Kucklina, en Serbie, aurait eu avec une femme un commerce charnel dont serait né un enfant monstrueux et mort-né (A. Faivre) ; la deuxième se rattache au discours ésotérique, elle explique le vampirisme par le Weltgeist. Une des particularités du Weltgeist, écrit l’auteur de ce traité, est de contenir des éléments aériens faits d’esprits de personnes décédées, éléments susceptibles de sucer le sang des vivants. (D. S-H., citant, dans une note qui ne figure pas dans son livre, mais seulement dans sa thèse, page 498, des informations données par A. Faivre). Un compte-rendu figure dans le Commercium Litterarium (Hebdomas 19, 7 mai 1732).
Dans la troisième publication, Vogt, à l’instar d’autres vampirologues rationalistes, évoque l’empoisonnement, affirmant sans aucune justification que celui-ci serait de nature contagieuse.
Source : Antoine Faivre, pages 50, 53-55, 66, 67 (Cerisy), ainsi que Les Vampires, pages 156-157. N° 157 du catalogue N°1 de la librairie BMCF pour ces trois plaquettes reliées avec trois autres du même type et la seconde édition du livre de Ranft.
Des pages brunies. Reliure très réussie.
De manière générale, une grande majorité des monographies allemandes sur le vampirisme, celles-ci notamment, nous semblent extrêmement difficiles à trouver ; A. Faivre en mentionne douze* en 1732 mais pour plusieurs d’entre elles, nous n’avons jamais vu d’exemplaire dans le commerce (notamment sur des sites tels que Invaluable, RBH, Lotsearch, Liveauctioneers ou encore Barnebys, qui archivent les résultats de ventes publiques internationales). En dehors d’une édition du traité de Calmet, le Catalogue de J. Rosenthal (Bibliotheca magica et pneumatica) ne contenait, nous l’avons déjà signalé, que la deuxième édition du Ranft et l’édition allemande du rapport de G. van Swieten qui sont, avec le livre de J. C. Harenberg et la dernière édition du Ranft (voir ci-dessous), ceux que nous avons vus « le plus souvent».
* Parmi celles-ci, l’une pourrait être restée à l’état de manuscrit (Unverlohrnes licht und recht … Todten unter …. vampyren, d’Otto Graf Zum Stein : voir l’article publié le 1er septembre 2008 sur le très intéressant site equiamicus.blogspot.com). D’autre part, une recherche (rapide, il est vrai), notamment dans Worldcat et le catalogue virtuel de l’université de Karlsruhe, ne nous a pas permis de trouver trace d’un exemplaire de cet autre titre, mentionné par la Zauber-Bibliothek (1821) : Christliche betrachtungen über die wunderbarliche Begebenheit mit den Blutsaugenden Todten in Servien dont l’auteur est anonyme.