Le vampire dans la littérature imprimée en langue française (1788-1950)

Bibliographie sélective commentée

La liste bibliographique qui suit s’attache à décrire le développement du thème du vampire au travers, surtout, des nouvelles, des romans et des poèmes publiés en langue française.

Les œuvres prises en compte sont celles dont le lien avec ce thème ou bien avec son histoire littéraire est significatif. Cette bibliographie ne comporte donc pas uniquement des textes relevant de la littérature vampirique à proprement parler. Nous avons par exemple listé le roman intitulé Les derniers des Beaumanoir (1825) et le poème Léonora de Bürger, parce qu’ils représentent des étapes remarquables dans son histoire. Pourtant, ils n’évoquent ni de près ni de loin le vampirisme. En revanche, Le Vampire et Les métamorphoses du Vampire, de Baudelaire, ne nous ont pas paru devoir figurer car trop éloignés du thème.

De même, on trouvera des récits mettant en jeu des personnages perçus à tort comme des vampires, ou se faisant volontairement passer pour tels – de faux vampires, si l’on peut s’exprimer ainsi. D’autres œuvres, notamment Smarra, ou les démons de la nuit, correspondent à des situations différentes.

Pour la période se terminant vers 1850, nous avons élargi nos critères et mentionné des articles de journaux, des pièces de théâtre et des chansons. Il s’agissait de rendre compte du contexte dans lequel est née la littérature qui nous intéresse.

Il importait aussi de ne pas négliger la littérature orale slave (contes, légendes, dictons, chansons populaires), bien que la démarche des folkloristes et des slavisants relève de motivations a priori différentes de celles des auteurs ou traducteurs de fictions : démarche purement scientifique, comme dans des articles de la revue Le Monde slave (1), ou s’inscrivant dans un cadre dont le vampirisme n’est qu’une composante parmi d’autres (nous ne connaissons en effet aucune compilation dédiée spécifiquement à cette croyance). Nous nous en sommes finalement tenu aux texte publiés jusqu’à 1900. Cette date est arbitraire mais elle permet d’appréhender la façon dont la composante folklorique du thème a été traitée, une fois la littérature vampirique née, puis installée dans le paysage littéraire.

Bien sûr, l’établissement d’une liste de ce type implique une inévitable part d’arbitraire, de subjectivité mais aussi de doute, mais quoi qu’il en soit, s’attarder un peu à essayer de définir ce que l’on entend par vampire littéraire est un préalable nécessaire.

Pour cette question, nous souscrivons au point de vue exprimé par Jean Marigny dans Le Vampire dans la littérature anglo-saxonne : « Il va de soi que si l’on s’en tient à l’acception initiale du terme, c’est-à-dire un mort-vivant qui suce le sang des humains, on risque de réduire considérablement le champ d’investigation mais aussi la portée symbolique de ce thème. Il nous semble à cet égard que les orchidées qui sucent le sang, les êtres qui ont la faculté d’absorber l’énergie vitale d’autrui et les criminels psychopathes qui ont une fixation obsessionnelle sur le sang ont parfaitement droit à l’appellation de vampires. En revanche, il serait abusif de voir […] des vampires dans tous les personnages qui manifestent un goût immodéré de l’autorité ou qui cherchent systématiquement à exploiter autrui. » (2)

En tout état de cause, plusieurs récits du XIXe siècle, dont certains emploient le mot vampire dans un sens métaphorique, ne figurent pas, pour la simple raison qu’ils n’ont objectivement aucun rapport avec cette littérature, malgré leur titre. Ce sont Le Docteur vampire (Octave Féré), Le Baron vampire (Guy de Charnacé), Le Vampire (Michel Morphy), Madame Vampire, Histoire de ta Femme (Jean Bruno), Le Vampire, du Tchèque Jan Neruda (traduit en revue en 1888), Le vampire aux yeux bleus, de Mie d’Aghonne (auteure par ailleurs des Nuits sanglantes et de La buveuse de sang, également absents) ou encore Le mort fiancé, de Zschokke, traduit en 1829 dans Les Soirées d’Aarau, qui inspira à l’époque, en France, une pièce intitulée Le Vampire.

Nous avons de même écarté certains textes du XXe siècle dans lesquels le sang ou bien l’idée de vampire joue pourtant un rôle non négligeable. C’est le cas de La fin d’Illa, de José Moselli, où des êtres prolongent leur existence par des transfusions, et de récits tels que Le vampire de Tasselberg, de Maurice Renard, L’Ombre du vampire, de Jean-Louis Bouquet, ou encore Le dernier vampire, de Joseph Gaborieau, dans lesquels sont mis en scène des malfaiteurs ou des mauvais plaisants qui se font passer pour des vampires, « comme si les auteurs répugnaient à mettre en scène un personnage si éloigné de ce rationalisme cartésien qui est censé être le fondement de la culture française » . (3) Il était néanmoins important de signaler, même brièvement, ces titres, à défaut de les retenir et, d’ailleurs, dans la mesure où nous avons cherché à décrire le développement du thème et non pas à dresser une liste de récits vampiriques, nous les aurions certainement conservés s’ils avaient été publiés au XIXe siècle. Ainsi, nous n’avons pas hésité à lister la novellisation de Londres après minuit, où interviennent également, dans un cadre policier, de faux vampires. En effet, London after midnight fait partie des premiers films à aborder le sujet et il a été réalisé par Tod Browning. Le Vampire aux yeux rouges et Le Vampire qui chante, de Jean Ray, qui font appel à la convention du surnaturel expliqué, avec une explication finale à la fois « laborieuse et grotesque » (4) ont été exclus.

Concernant l’aspect quantitatif de cette liste, il est essentiel d’insister sur l’impact des nombreuses mises en ligne, ces dernières années, de documents anciens numérisés. On constatera ainsi la présence d’une proportion importante de titres sans doute peu ou pas évocateurs, souvent parus uniquement dans la presse. Nombre d’entre eux, notamment des romans, ne sont à notre connaissance cités nulle part tandis que d’autres semblent n’être signalés que de façon assez confidentielle : sur un blog spécialisé, dans une thèse, une préface (dans ce cas, nous avons mentionné nos sources).

On peut envisager, compte tenu de la progression des numérisations (5), que cette tendance s’accentuera significativement à l’avenir : les titres de presse, dont certains sont d’une très grande rareté, réservent probablement des découvertes (en particulier des récits courts, qui passent plus facilement inaperçus). Par exemple, la date de publication de La Jeune Vampire de Rosny a été récemment repoussée d’une huitaine d’années à la suite de la mise au jour d’une parution dans la presse. Le fait peut surprendre puisqu’il s’agit d’une œuvre connue et d’une certaine importance mais il n’est pas unique – voir ci-dessous Le Prisonnier de la Planète Mars de Gustave le Rouge et La Famille du Vourdalak, d’Alexis Tolstoï. De plus, en raison de certaines difficultés, loin d’être négligeables, liées à l’utilisation des moteurs de recherche, ou bien tout simplement parce que tout n’est pas accessible à tous sur Internet, il ne fait aucun doute que des textes déjà en ligne restent à découvrir. Pourquoi, après tout, n’exhumerait-on pas un jour, d’un périodique mal connu, une traduction contemporaine de la fameuse Carmilla de Le Fanu ? Il suffit parfois qu’une adaptation soit peu fidèle, que les noms soient modifiés, pour être difficilement identifiable (et de même pour les histoires se rattachant au thème mais ne contenant pas le mot « vampire »).

À gauche, la date – présumée… – de la première parution en langue française, en périodique ou bien en librairie, et, entre parenthèses, dans le cas des traductions, celle dans la langue de l’auteur. Le titre indiqué est celui donné par le premier traducteur. Sauf mention contraire, le lieu d’édition est Paris. Nous n’avons pas signalé systématiquement les rééditions anciennes. La consultation des sites Gallica, Rétronews, ainsi que Google Livres et Google permettant d’obtenir très aisément de nombreuses informations et de lire en ligne la plupart des textes présentés ci-dessous, nous avons délibérément réduit au strict nécessaire certains points de nos descriptions. Cela nous a permis, dans le cas de plusieurs œuvres, de nous attarder assez longuement sur d’autres questions, tout en conservant une longueur raisonnable à nos commentaires.

Précisons enfin que la production du XIXe siècle nous est plus familière que celle du XXe, d’où, éventuellement, des omissions évitables pour cette seconde période.


(1) En juillet 1926, notamment.

(2) Pages 12-13

(3) J. Marigny, Le Vampire dans la littérature du XXe siècle , p. 78.

(4) Ibid., Le Vampire dans la littérature du XXe siècle , p. 78 et 101.

(5) La BNF, pour ne citer qu’elle, déclare numériser plus d’un million de pages par mois.

1788 : Wynne, Justine, Les Morlaques, sans lieu (Modène), 358 p.[1] Seule édition de ce « roman ethnographique » écrit en français, l’un des premiers du genre, teinté de rousseauisme, écrit à une époque où les Européens s’intéressaient de près à « leurs sauvages ». Il intègre pleinement la croyance aux vampires, qu’il illustre à trois reprises (p. 173, 193-195, 294). C’est à notre connaissance la première œuvre en prose, toutes langues confondues, qui aborde le thème. Certaines particularités bibliographiques sont attachées à cet ouvrage. Par exemple, des exemplaires du tirage de l’édition originale ont été mis en circulation dans un second temps, avec ce nouveau titre : Les Morlaques, Roman Historique, Descriptif, et Poétique en Prose. Seuls les deux premiers feuillets ont été remplacés. Justine Wynne était anglo-vénitienne.

1803 (c. IVe-Ve siècle) : Kâlidâsa, Sacontala, ou L’Anneau fatal, Treuttel et Würtz, 314 p. Traduction établie à partir d’une traduction anglaise du texte sanskrit. Ce drame met en jeu des rakshasas. La croyance à ces démons fait partie de celles réputées préfigurer le vampirisme. Ici, le traducteur parle de « mauvais génies » ; il évoque leurs « figures sanglantes » (p. 109) et leur « soif de sang » (p. 216). Le mot « vampire » sera employé ultérieurement, notamment lors de la deuxième traduction, en 1830 : « Råkchasas. Génies malfaisans qui ne pourraient être mieux comparés qu’aux harpies et aux vampires » (pour la traduction de 1867 : « espèce de vampires qui cherchaient par tous les moyens à nuire aux manifestations de la piété et de la dévotion, en troublant les sacrifices et les cérémonies religieuses »). Il existe d’autres génies vampiriques dans la mythologie indienne, notamment le vetâla, dont s’inspirent les célèbres Contes du vampire (infra 1851). Dans chacun des deux cas, le contraste avec le revenant slave est trop important pour que l’on puisse raisonnablement parler de littérature vampirique, mais un lien existe.

1811 (1773) : Bürger, Gottfried August, Léonora, Janet et Cotelle, 37 p. Traduction établie à partir d’une traduction anglaise. Bien que mettant en jeu un revenant qui n’est pas un vampire, cette ballade antérieure de plus de vingt ans à La Fiancée de Corinthe de Goethe joua un rôle important dans l’histoire de la littérature vampirique, en tant que source d’inspiration pour des poètes romantiques anglais. Par exemple, certains vers de Thalaba the Destroyer de Southey sont la transcription presque littérale de ceux de Bürger.[2] Par ailleurs, elle s’inscrit également dans la genèse du genre fantastique. Parmi les sources probables de l’auteur figurent des contes de la littérature orale présentant des liens explicites avec le vampirisme.[3] En France, Léonora ne connut le succès qu’à partir de 1830 environ.[4] Il en existe une trentaine de traductions au XIXe siècle, la deuxième en 1814.

1819 : Paban, Gabrielle de, Histoire des Fantômes et des Démons qui se sont montrés parmi les Hommes ou choix d’anecdotes et de contes, de faits merveilleux (…) les Spectres, les Vampires…, 241 p. Première « compilation » à inclure le mot « vampire » dans le titre ; cela dit, le thème avait déjà été traité deux ans auparavant dans Spectriana, un ouvrage du même type que Jean Pie Namur attribue à Cousin d’Avallon [5]. Cette Histoire des Fantômes…, signée Gabrielle Paban, mais probablement due à Collin de Plancy, est annoncée en février dans la presse (elle précède donc la publication en Angleterre du Vampyre de Polidori). Il existe plus d’une dizaine de telles compilations, la plupart entre la fin du XVIIIe siècle (Les Fredaines du diable, 1797) et le premier quart du XIXe. Se copiant à l’occasion, elles ont en commun de proposer, entre autres, de nombreuses histoires de revenants, souvent extraites de traités anciens tels que celui de Calmet sur les vampires, mais adaptées à une lecture plaisante : écriture plus littéraire, création d’un titre, séparation des pièces et mise en page aérée… Ces récits, s’ils n’ont pas véritablement le statut de textes littéraires, constituent quoi qu’il en soit l’ouverture de la littérature à des sujets relevant initialement des traités démonologiques.[6] Voir infra 1820 et 1914 (Histoire des Vampires et La Laxdœla saga).

1819 (1819) : Byron, Lord [en fait : Polidori, John William], Le Vampire, 62 p. Première histoire de vampire proposée au public français et point de départ de cette littérature ; parution fin mai, ou début juin (originale anglaise en avril). Pas de réédition au XIXe siècle. Fait remarquable, on trouve également dans l’introduction la première traduction du fameux passage du Giaour dans lequel le vampire est présenté comme un héros maudit (il existe deux traductions partielles de ce poème de Byron en 1816 et 1817 mais ce passage n’y figure pas). Selon Henry Viets, cette traduction du conte est la première au monde.[7]

1819 : Le 14 juin compte-rendu anonyme du Vampire dans Le Constitutionnel ; le journaliste parle d’« imagination déréglée », estime que « le Diable Amoureux est mille fois plus aimable que cet atroce vampire »… Les commentaires de ce type, où le goût français est opposé si brutalement à celui des Anglais ou des Allemands, sont fréquents au XIXe siècle, pas uniquement dans le cadre du vampirisme.

1819 : Le 1er juillet, Charles Nodier rend compte à son tour du Vampire dans Le Drapeau blanc. Comme l’explique Daniel Sangsue dans Nodier et le commerce du vampire, cet auteur jouit à cette époque de la réputation « de se connaître aux choses d’Illyrie » : il a en effet passé plusieurs mois dans cette région entre 1812 et 1813, a notamment écrit quelques articles dont un où il est question de vampirisme, et publié en 1818 le roman Jean Sbogar, qui contient de nombreux développements sur les mœurs et le folklore des Dalmates. Ainsi, lorsque Le Vampire paraît, il est en mesure d’endosser le rôle « d’homme de la situation » et, bien que ses connaissances sur les vampires soient en réalité livresques, il s’exprime en spécialiste dans son article, opère de fait « son passage du vampire illyrien au vampire byronien », qu’il s’approprie, et s’impose comme « maître es vampires ». Il prend date enfin, en prédisant : « il [Le Vampire] offrira, dis-je, tout cet attirail de mélodrame à la Melpomène des boulevards ; et quel succès alors ne lui est pas réservé ! » L’article du Camp-Volant cité ci-dessous montre que la fameuse pièce dont Nodier est un des coauteurs fut écrite à l’époque de cet article.

1819 : Le 17 juillet, L’Indépendant fait paraître une critique du Vampire. Elle est comparable à celle du Constitutionnel en ce sens que le journaliste évoque le caractère « épouvantable » et « immoral » de cette production, mais ne relève pas la prédiction de Nodier dont il mentionne pourtant l’article. Ce dernier semble ainsi avoir été le premier en France à percevoir les nouveaux horizons qu’ouvrait le vampire. Les autres auteurs réagiront plus tardivement : voir à ce sujet l’Histoire des vampires, infra 1820. Enfin, il est indiqué que Byron pourrait ne pas être l’auteur de la nouvelle, ce que la Gazette de France affirmera le 3 août.

1819 : Le 1er août, Le Camp-Volant, Journal des spectacles de tous les pays indique, p. 3 : « La brochure de Lord Byron, intitulée le Vampire, a donné à deux auteurs l’idée de faire une pièce sur ce bizarre sujet. On en a tiré un mélodrame monstrueux, sans doute, car s’il ne l’était pas, il serait mal et le Théâtre de la Porte Saint-Martin l’a reçu avidement. Il sera précédé d’un prologue, que l’on dit dans le genre anglais, afin de bien faire comprendre à la multitude que l’être imaginaire désigné sous le nom de Vampire, est un aimable personnage qui ronge les cadavres. Si l’ouvrage est bien traité, il n’y aura pas de quoi rire. » Cette description correspond à la pièce de Nodier mentionnée ci-dessous. Autrement dit, celle-ci fut manifestement écrite, au moins en partie, à l’époque de son compte-rendu de la nouvelle, en tout cas très longtemps avant d’être représentée. Il est possible que cette information soit inédite. Le même journal signale, le 4 novembre : « Nés du cerveau de lord Byron, trois nouvelles, façonnées en mélodrames, vont bientôt paraître aux boulevards, sous les titres du Corsaire, de Mazeppa et du Vampire. Cette activité dans la belle littérature est à faire frémir. »

1819 : En septembre, Lettres normandes ou Correspondance politique et littéraire publie sans la commenter la traduction de la célèbre lettre dans laquelle Byron reproche à l’éditeur du Galignani’s Messenger de l’avoir mentionné à plusieurs reprises en tant qu’auteur de The Vampyre (tome huitième, p. 70-72).

1819 : Publication simultanée, en septembre, des deux premiers tomes des Œuvres de Byron, chez Ladvocat. Le Vampire figure dans le deuxième. Dans une note habile dont la sincérité est plus que douteuse, l’éditeur laisse entendre que le poète en est l’auteur. Selon des témoignages de l’époque, dont ceux de Louise Swanton Belloc et d’Amédée Pichot, l’un des deux traducteurs, cette nouvelle assura le succès de cette édition et compta autant pour la renommée de Byron en France que ses poèmes les plus estimés.[8] Le Vampire, exclu dans un premier temps de la deuxième édition des Œuvres, fut, selon Ladvocat, réintégré à la demande des lecteurs : il existe ainsi sous forme d’édition séparée, à la date 1820 ; il a été parfois relié dans l’un des cinq volumes correspondants.

1819 : Le 29 octobre, le Journal des Débats indique que « quatre auteurs de la Gaité et de l’Ambigu-Comique se sont enfermés avec le Vampire de lord Byron ». Nous n’en savons pas davantage.

1819 (1819) : Byron, Fragment, in Œuvres de Lord Byron, Ladvocat, tome III, p. 225-240 (il s’agit des notes prises par Byron lors du fameux séjour en Suisse ; elles contiennent des éléments de la nouvelle de Polidori). Parution à la fin du mois de novembre, ou bien en décembre.

1820 : Bérard, Cyprien, Lord Ruthwen ou les Vampires, Ladvocat. Roman en deux volumes de 208 et 194 p., commercialisé vers le 15 février. Titre très important : il s’agit du premier récit français inspiré par la nouvelle de Polidori et presque cinq ans s’écoulèrent avant qu’un écrivain français n’en consacrât un autre au thème (Lamothe-Langon, infra 1825). L’éditeur l’annonça plusieurs semaines à l’avance dans la presse et l’attribua à Nodier, dont le nom garantissait de meilleures ventes. On lit en effet sur la couverture du premier tome, dans la liste des nouveautés : « Lord Rutwen (sic) ou les vampires, par M. Charles Nodier, auteur de Jean Sbogard (sic) et de Thérèse Aubert ». Cette attribution que l’on s’accorde à considérer fausse ne peut être constatée que sur les exemplaires ayant conservé leur couverture. Il est seulement écrit aux titres (en contradiction avec ce qui précède) : « Lord Ruthwen ou les vampires, roman de C. B. [ces deux lettres en très petits caractères] publié par l’auteur de Jean Sbogard [sic] et de Thérèse Aubert ». L’affaire, un peu confuse, donna lieu à une vive querelle entre les deux hommes, qui s’expliquèrent publiquement dans les colonnes du Drapeau blanc (trois lettres ouvertes : une le 26 février, deux autres le 27). L’écrivain expliqua être un ami de l’auteur et avoir joué à sa demande le rôle d’intermédiaire auprès de Ladvocat ; il précisa que ce dernier lui avait imposé comme condition de pouvoir le présenter comme l’éditeur. Puis il attesta sur l’honneur s’être limité à l’écriture de la préface ainsi qu’à quelques corrections typographiques. Pourtant, le lendemain, après que Ladvocat eut menacé de divulguer les termes de leur marché, il ajouta avoir « donné quelques conseils » à l’auteur et « consacré quelques soins » à la révision des épreuves. Enfin, usant d’une sorte d’artifice, il mit fin à la querelle tout en maintenant sa position. Malgré l’hésitation de Nodier à décrire son rôle, on peut raisonnablement penser à la lecture de ces trois communications que ce conflit se résume à une indélicatesse de l’éditeur à laquelle l’écrivain prit le parti de réagir avec sagesse ou pragmatisme. Cependant, il subsiste un quatrième document, une lettre très agressive quant à elle, qui éclaire en partie l’affaire (tout en faisant naître de nouvelles interrogations). Dans cette missive, Nodier s’efforce de convaincre Ladvocat de déclarer que la fausse attribution est due à une erreur d’un ouvrier : « Si vous recourez à d’autres moyens, vous vous faites un tort irréparable, puisque tout Paris saura dans huit jours que Lord Ruthwen ne peut pas être de moi, et que l’on concevra alors que vous avez cherché à expliquer une fraude par une autre fraude, ce qui est doublement infâme. » Non datée mais manifestement rédigée avant le 27 février, d’après ce qui précède, il est possible qu’elle n’ait pas été expédiée puisqu’elle figurait en 1896 dans la vente Emmanuel Mennessier-Nodier [son petit-fils], jointe à un exemplaire du roman (lot 219). Elle ne porte d’ailleurs pas de cachet postal. Ainsi, il est certain que l’écrivain renonça à rétablir la vérité parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, parce qu’il se refusait à ce que son contrat fût dévoilé. Sans doute, par conséquent, son rôle fut-il différent de ce qu’il relata dans le journal. On ne saura peut-être jamais en quoi il consista précisément, notamment sur le plan purement littéraire, mais, dans la mesure où les explications données dans le journal deviennent sujettes à caution, il est tentant d’explorer l’idée selon laquelle le projet de faire paraître un roman vampirique aurait pu émaner de lui ou bien de Ladvocat et non de Bérard. Cette hypothèse s’accorde en tout cas avec le fait que les noms de ces deux acteurs de la vie littéraire, chacun très motivé à l’idée d’exploiter le thème, soient les seuls qui se détachent du paysage vampirique français de l’époque, et que Lord Ruthwen constitue la seule incursion de Bérard dans le domaine de la fiction. Nodier, soucieux d’assurer la meilleure réception possible au mélodrame qu’il se préparait depuis plusieurs mois à porter à la scène, aurait ainsi pu chercher à entretenir l’intérêt autour du thème, tout en consolidant sa position de spécialiste des vampires (supra 1819). En outre, en étant un collaborateur et non pas l’auteur, il n’entachait pas sa réputation d’homme de lettres. Enfin, le choix d’intégrer au roman le personnage créé par Polidori l’avantageait, puisque son mélodrame était construit autour de celui-ci. Cela pouvait inciter le public à y assister. En somme, peut-être Bérard fut-il sollicité et, si l’on peut dire, utilisé par Nodier et Ladvocat, ce dernier ayant ensuite trahi l’écrivain. En tout état de cause, si l’on se réfère aux articles de presse qui accompagnèrent la sortie du livre, on constate que sa présence dans cette entreprise fut pour le moins fantomatique, « l’auteur de Jean Sbogar » étant généralement seul à être cité (voir par exemple Le Drapeau blanc du 12 février et L’Indépendant du 18 février).

1820 : Le 28 février, la Gazette de France indique que l’auteur de Lord Ruthwen ou les Vampires est Cyprien Bérard.

1820 : Le numéro du 19 mars de La Renommée signale que trois romances extraites de Lord Ruthwen ou les Vampires ont été mises en musique par Angelo Benincori.

1820 : Nodier, Charles (coauteur), Le Vampire, 56 p. Première adaptation mondiale à la scène – celle du théâtre de la Porte Saint-Martin – de la nouvelle de Polidori, préparée ou écrite dès juillet 1819 (à ce sujet, voir supra et infra). Les pièces de ce type procuraient des gains substantiels aux auteurs, mais elles étaient susceptibles de nuire à leur réputation [9] : elles étaient donc souvent, comme ici, représentées sous le couvert de l’anonymat (un anonymat qui, dans le cas présent, fut levé quelques jours plus tard dans la presse). L’influence de ce mélodrame fut très importante. Première représentation le 13 juin (les 15 et 22 pour Le Vampire de Scribe et Mélesville et Les Trois Vampires, ou le Clair de lune). Publication avant le 23 juin. Réédition en 1824, dans Chefs d’œuvre du répertoire des mélodrames joués à différens théatres (Veuve Dabo, tome XVIII). Il existe au moins huit pièces françaises sur le thème du vampire, en 1820 ; plusieurs furent publiées. Au cours des décennies suivantes, de nombreux spectacles dans lesquels le personnage du vampire jouait un rôle furent représentées. Ils semblent généralement complètement oubliés aujourd’hui, bien que certains aient donné lieu à une publication. (voir Rétronews)

1820 : Le 13 juillet, un article de la Gazette de France auquel Nodier pourrait ne pas être étranger complète l’information du 1er août 1819 du Camp-Volant : le « fameux Vampire de la Porte Saint-Martin était déjà reçu et les rôles étaient déjà appris, avant que le manuscrit de Lord Ruthwen fût composé ». L’auteur laisse aussi entendre, dans le but de discréditer Ladvocat, que la deuxième édition de Lord Ruthwen n’est qu’une remise en vente de l’originale avec les titres renouvelés. Cette information est imprécise ou bien fausse : de nouvelles notes sur le vampirisme, prises chez Voltaire, figurent ; elles commencent sur le feuillet où finissent celles de l’originale. Au sujet du premier renseignement que nous rapportons, notons que Nodier avait indiqué le 26 février dans Le Drapeau blanc que le manuscrit de Lord Ruthwen lui avait été confié « quelques mois » auparavant (Lord Ruthwen, supra 1820). Il faut toutefois rappeler que compte tenu du contexte, la fiabilité de ses affirmations n’est pas garantie. Enfin, on pouvait également lire le 15 juin, dans le Courrier français : « ce mélodrame, annoncé et attendu depuis si long-temps… »

1820 : Anson, Antoni, Fleur du matin. Romance avec accompagnement musical, mentionnée dans le Journal de Paris du 6 novembre 1820 ; elle est « tirée du roman des Vampires » (c’est-à-dire Lord Ruthwen ou les Vampires).

1820 : Histoire des vampires et des spectres malfaisans avec un examen du vampirisme, Masson, 288 p. Frontispice. Parution au plus tard le 2 décembre. Ce livre publié sans nom d’auteur, qui s’apparente davantage à une sorte de traité qu’à une compilation, est habituellement attribué à Collin de Plancy. Il est important de noter que l’auteur du Dictionnaire Infernal n’avait évoqué la figure du vampire ni dans Démoniana, achevé la même année, vers le mois de mai, ni dans son Dictionnaire de la folie et de la raison (commercialisé au plus tard le 12 septembre). Ces deux ouvrages se prêtaient pourtant à un tel sujet. Force est donc de constater qu’à l’inverse de Nodier, cet écrivain pourtant à l’affût des thèmes susceptibles de plaire, particulièrement ceux de ce type, tarda à percevoir l’intérêt d’exploiter le personnage du vampire. Le cas de Cuisin, auteur en 1820 et 1821 des Ombres sanglantes et des Fantômes nocturnes ou les terreurs des coupables desquels le vampire est également absent, nous semble comparable à certains égards. Il existe des exemplaires portant une mention d’édition, probablement fictive (deuxième ou bien troisième). Ceux restés dans leur condition de parution ont une couverture imprimée ou muette, avec une étiquette au dos mais peut-être existe-t-il encore d’autres cas de figure ? L’auteur reviendra au thème du vampire deux ans plus tard, avec Infernaliana (infra 1822).

1820 ( ?) : L’amour du Vampire, in Petit Chansonnier des Grâces, ou le Passe Temps de la Jeunesse, Le Fuel, sans date, p. 1. Chanson extraite du mélodrame de Nodier. Illustration ; le costume du vampire est proche de celui utilisé lors des représentations. On trouve aussi un portrait de l’interprète de Lord Ruthwen dans L’Almanach des spectacles, par K. Y. Z. Quatrième année (paru fin 1820).

1820 : P. L., Le vampire, Romance. Air de la petite coquette, in Le Chansonnier des Grâces pour 1821, F. Louis, p. 269-270. Paru fin 1820. Ce texte mettant en scène Lord Ruthwen n’est pas extrait d’une publication existante. F. Louis publia en 1821 une édition en langue anglaise de la nouvelle de Polidori. Voir aussi à la date 1834.

1821 : Nodier, Charles, Smarra, ou les démons de la nuit, 212 p. Parution début septembre ou fin août. Court texte étrange, onirique et ambitieux, entretenant quelques liens avec le thème. Échec commercial ; Nodier, jusqu’alors très actif dans la propagation du thème, s’en désintéresse ensuite pendant une dizaine d’années. Deuxième édition en 1822 ; c’est probablement une remise en vente de l’originale. Réédition en 1832 dans les Œuvres, avec une nouvelle préface dans laquelle l’auteur explique son échec (et le fait qu’il avait écrit très tôt des contes fantastiques, sans faire école).[10]

1821 ou janvier 1822 : Parution chez Boulard, Marchand d’Estampes, d’une série de quatre gravures illustrant la pièce de Nodier ou bien, plus généralement, le Vampire de Polidori (Le Vampire aux Pieds de Miss Aubrey / Le Vampire sort du Néant / Le Vampire veut séduire Jenny / La Vengeance Céleste). Chacune comporte aussi une légende. Les dessins mesurent environ 26×19 cm. Ces gravures existent en couleurs et en noir et blanc. Production vers la même époque d’au moins deux tissus d’ameublement proposant ces quatre scènes. De même, au moins une assiette à décor imprimé illustrant la pièce de Nodier fut commercialisée par la manufacture de Creil (au plus tard en 1840, sans doute pas avant 1825). Il est écrit : « Le Vampire. (the de la pte St martin) n°1 » ; la scène présentée n’a rien à voir avec celles des gravures.

1822 (1797) : Goethe, J. W. v., La Fiancée de Corinthe, in Annales belgiques des sciences, des lettres et des arts, Gand (numéro de janvier 1822, rubrique Poésie française). Traduction libre, donnant l’essentiel de ce poème inspiré par un passage du Livre des merveilles de Phlegon de Tralles (c. IIe siècle). Il signe les véritables débuts du vampire littéraire, bien que le mot ne figure pas dans le texte (toutefois, Goethe le qualifia de « poème vampirique » dans son journal, lorsqu’il l’écrivit, les 4 et 5 juin 1797). Le nom de l’auteur est omis, remplacé par celui de L. Barré. Trois autres traductions, entre 1823 et 1825. La première, en prose, dans la troisième note des Hommes célèbres de France au dix-huitième siècle (…) par M. Goëthe… La deuxième, d’Albert Stapfer, dans la Notice sur la vie et les ouvrages de Goëthe, parue [à titre publicitaire ?] vers le mois d’octobre 1824 puis intégrée au premier tome des Œuvres dramatiques de J. W. Goethe [paru postérieurement aux trois autres tomes et chez un autre éditeur], dont elle constitue une introduction. La troisième, publiée entre-temps, est celle du recueil Poésies de Goethe auteur de Werther traduites pour la première fois de l’allemand (1825). C’est la première à paraître dans des conditions pour ainsi dire normales. Dès 1810, Madame de Staël avait présenté La Fiancée de Corinthe dans De l’Allemagne, et traduit à cette occasion quelques strophes qu’elle avait entrecoupées de commentaires prudents, consciente que « ce tableau, où l’amour fait alliance avec la tombe », s’accorderait difficilement au goût français. Notons enfin que dès 1769, Madame Leprince Beaumont avait associé le récit de Phlegon de Tralles au vampirisme, dans un dialogue entre une gouvernante et des enfants (Les Américaines, ou La preuve de la religion chretienne par les lumieres naturelles, tome 2, p. 209-214 dans l’édition de 1770, chez Pierre Bruyset Ponthus). Le mot « vampire » est en effet utilisé à deux reprises pour qualifier la jeune femme et, de plus, une note en bas de page précise les caractéristiques de ce mort-vivant. On peut y voir une source d’inspiration possible pour Goethe.

1822 : Infernaliana ou anecdotes, petits romans nouvelles et contes sur les revenants, les spectres, les démons et les vampires, 239 p. Parution vers le mois de juin. La page de titre de cette célèbre compilation indique : « Publié par Ch. N*** », mais il semble définitivement acquis que Nodier (qui se plaignit de cette attribution) n’est pas l’auteur.[11] Des doutes avaient d’ailleurs été émis dès le XIXe siècle. L’ouvrage pourrait être dû à Collin de Plancy, spécialiste des recueils de ce genre (Histoire des Fantômes, Démoniana, Histoire des vampires, Le diable peint par lui-même…). L’avertissement de quatre pages est presque consacré à la question du vampirisme, bien que nombre de contes ne relèvent pas du thème.

1823 : Dusillet, Léon, Yseult de Dole, chronique du huitième siècle, deux volumes de 220 et 236 p. Publié vers le début du mois d’avril. Deuxième édition « revue, corrigée et fort augmentée » en 1839. Récit échevelé, abordant le thème brièvement, mais de façon très précoce et particulièrement remarquable : un des personnages, transformé en vampire par des magiciennes et incapable de résister à « la soif du sang », sème la désolation autour de lui et devient loup-garou à sa mort (tome 1, p. 194 et suivantes). Roland, le compagnon de Charlemagne, le réduira en poussière en lui appliquant son reliquaire sur le front (tome 2, p. 119). L’auteur était un ami de longue date de Charles Nodier. Il a également publié en 1843 Le Château de Frédéric Barberousse, à Dole, ou le maléfice. Chronique du douzième siècle, où évoluent, entre autres, un sorcier, un loup-garou et une fée…

1823 : Blache fils, Polichinel Vampire, Pollet, préface puis 9 p. Pièce de théâtre représentée à partir du 27 mai. On trouve en fin d’année le portrait de Mazurier, l’interprète du vampire, dans L’Almanach des spectacles, par K. Y. Z.

1823 : Amour pour elle ! Chansonnette, paroles de Lord Ruthwen ou le Vampire, musique de Mme Lhuillier.

1824 (1819) : Publication de la troisième et dernière traduction ancienne du Vampyre de Polidori (Le Vampire par Lord Byron, traduction nouvelle). Le récit est suivi de quelques poèmes. D’après la Bibliographie de la France, cet ouvrage fut commercialisé à Avignon (Imprimerie de Chaillot jeune) ainsi qu’à Paris, chez Masson [éditeur en 1820 de l’Histoire des vampires et des spectres malfaisans]. Il parut quelques semaines avant la mort de Byron. Réimpression en 1864 dans un recueil collectif intitulé Histoires fantastiques, publié à Avignon chez Amédée Chaillot. Les trois traductions que nous avons citées sont a priori les seules pour le XIXe siècle (à notre connaissance, les autres traducteurs des Œuvres de Byron n’ont pas intégré cette nouvelle ; il faudrait toutefois le confirmer).

1825 : Lamothe-Langon, Étienne-Léon de, La Vampire ou la vierge de Hongrie, trois volumes in-12 de 201, 260 et 252 p., commercialisés vers novembre 1824. Frontispices. Premier récit paru après Lord Ruthwen, se consacrant franchement et pleinement au thème du vampire. Le suivant, bien plus tardif, pourrait être Le Docteur Guntz (1832). Remise en vente avec titre de relais par Pigoreau, en 1828.[12] Pas d’autre édition ancienne. Ce roman est considéré comme le premier, tous pays confondus, pour lequel le personnage principal est une femme vampire. Toutefois, le cas de Paola, dont nous signalons que la rédaction est antérieure à 1825, mérite l’attention (voir infra 1832).

1825 : Kératry, Auguste Hilarion de, Les derniers des Beaumanoir, ou la tour d’Helvin, quatre volumes in-12 de 240, 230, 237 et 275 p. commercialisés durant les derniers jours de décembre 1824. Réédition en 1843. L’auteur s’est inspiré d’un fait divers ancien : le viol d’une femme en état de mort apparente, lors de sa veillée funèbre. Ce roman, bien que ne contenant aucun élément surnaturel, annonce l’avènement de la femme vampire, déjà préparé par La Fiancée de Corinthe et les poèmes anglais cités plus loin : Clémence, rehaussée par son apparence de morte, incite à une volupté dans laquelle le prêtre se perdra. Gautier s’en inspire pour La Morte amoureuse et le copie presque pour la scène au cours de laquelle le jeune religieux succombe au charme de Clarimonde, gisant sur son lit de mort. [13]

1825 : [Anonyme], Gemmalie, Ladvocat [l’éditeur de Lord Ruthwen]. Paru en avril ? Seule édition ancienne.[14] Histoire de goule, présentée comme le pendant féminin du « Vampire de lord Byron » selon une note de sept pages qui propose aussi un résumé de l’histoire du vampirisme [les seules histoires de goules listées ici sont celles que leurs auteurs, ou éventuellement des folkloristes, ont rattachées au thème du vampire]. Même à cette époque, et bien plus tardivement, en fait, Byron continue d’être présenté comme l’auteur de The Vampyre.

c. 1825, ou avant : [titre et auteur inconnus] En 1972, un anthologiste anglais, Peter Haining, publia The Unholy Compact Abjured, un court récit abordant rapidement le thème, dont l’action se déroule dans le Jura. Il indiqua que cette histoire était parue vers 1825 à Londres dans un périodique, The French Novelist, et qu’elle était traduite de l’auteur français Pigault-Lebrun. Aucune de ces affirmations n’a pu être confirmée mais une nouvelle intitulée The Heroism of Love, parue en 1827 aux États-Unis, dont le texte, à une légère modification près, correspond à celui donné par Haining, a été découverte.[15] L’existence d’une version ancienne en anglais est donc avérée et celle d’une source française, dont l’auteur serait Pigault-Lebrun ou pas, est désormais envisageable, voire probable. Cela étant, cette histoire a surtout l’intérêt d’être très précoce.

1825 : Sue, Eugène, Albert, in Le Kaléidoscope, Journal de la Littérature, des Mœurs, et des Théatres [publié à Bordeaux], 3 et 10 décembre : tome I, p. 292-295 et tome II, p. 9-11.[16] Nouvelle signée D. F., attribuée à Eugène Sue par Jean-Pierre Galvan dans Les débuts littéraires d’Eugène Sue (1825-1830) , 2024, p. 130. Reprise dans La Psyché, Choix De Pièces En Vers et En prose Dédiées Aux Dames, sous le nom A. de Forges (février 1829, tome 12, p. 11-24). La lecture de ce court récit très précoce donne l’impression que son jeune auteur a été guidé par l’idée du vampire, sans oser ( ?) la développer, sans utiliser non plus le mot.

1827 : Mérimée, Prosper, La Guzla, ou choix de poésies illyriques recueillies dans la Dalmatie…, 257 p. Célèbre et importante supercherie littéraire, rédigée en 1825 ou 1826. Elle trompa Pouchkine et le grand poète polonais Adam Mickiewicz (voir infra 1833 et 1855 : Dziady et Le Voukodlak). Dans l’avant-propos de la partie consacrée aux vampires, p. 145-156, Mérimée relate un prétendu cas qui fut repris par de nombreux périodiques au cours du XIXe siècle, et présenté parfois comme une illustration de la persistance des superstitions. Par ailleurs, le célèbre récit d’Alexis Tolstoï, La Famille du Vourdalak, s’inspire de ce recueil, notamment de plusieurs scènes de la ballade Constantin Yacoubovich.[17] Mérimée s’intéressa de nouveau au thème du vampire en 1863 et en 1866, cette fois en tant que « vrai » traducteur. Rappelons enfin qu’il montra tout au long de sa carrière un attachement pour le genre fantastique : son premier conte date de 1829, peu avant l’introduction d’Hoffmann en France, et le dernier, de 1869 (Lokis).

1830 : Carlier, Théodore, Le Vampire, in Hommage aux Dames, Janet (sans date ; 1830 d’après la bibliographie des keepsakes de Lachèvre), p. 78. Texte extrait de Voyages Poétiques, suivis d’une Traduction en Vers du Giaour, paru la même année.

1830 (1821) : Hoffmann, E. T. A., Le comte Hippolyte, in Œuvres complètes de E. T. A. Hoffmann, Lefèbvre. Huit tomes comportant dix contes de l’auteur ; huit n’avaient pas encore été traduits. Le traducteur est Théodore Toussenel. Le comte Hippolyte est une histoire de goule et non pas de vampire, mais la façon dont Hoffmann l’annonce dans une sorte d’avant propos dans l’édition allemande, la lie au thème. Elle est proche de celle de Sidi-Nouman dans Les Mille et Une Nuits ; la confusion entre les deux créatures était très fréquente au XIXe siècle. Les tomes de cette édition importante mais peu connue sont répartis en deux livraisons parues séparément ; ceux de la première sont numérotés de V à VIII, l’éditeur ayant tenté de capter les lecteurs de la traduction concurrente de Loève-Veimars, dont les quatre premiers tomes étaient déjà parus. Pour la seconde, la numérotation varie selon les cas : « tome premier », …, « tome quatrième », en référence à la livraison, ou bien « tome neuvième », …, « tome douzième ». Le comte Hippolyte figure dans la deuxième livraison, p. 3-40 : dans le tome « second » ou bien « dixième ». Dans des séries, l’intitulé est Œuvres choisies et non pas Œuvres complètes mais nous n’avons pas pu consulter d’exemplaire. En tête du cinquième tome paru figurent seize pages, peut-être absentes de certains exemplaires, dans lesquelles l’éditeur répond aux critiques sur la numérotation de la première livraison. Toussenel et Loève-Veimars ayant fait des choix différents (seuls deux contes furent traduits par les deux), il fallut attendre 1836 pour la deuxième traduction de Der Vampyr. Elle est due à Egmont (La Vampire). La troisième est de la Bédollière (La Femme vampire ; 1838).

1831 (c. 1230) : Extrait de la saga Eyrbyggja, in Walter Scott : Le Nain noir. Romans variés…, p. 253-295 (en particulier 274 et 288-289). Le traducteur, Albert Montémont, indique dans l’Avertissement que ce texte est inédit en France (ses traductions concurrençaient celles de Defauconpret). Cette saga islandaise, également appelée saga de Snorri le godi, contient l’histoire de Thorolf, un revenant qui sévit vers l’an mil – un précurseur des vampires, au même titre que les broucolaques grecs ou les morts mâcheurs. Thorolf erre dans le pays, estropie les bestiaux, « terrifie au plus haut point les habitants ». Son cadavre, d’un « poids épouvantable », incorruptible, est finalement brûlé, à la manière de ceux des « vampires hongrois », qui lui sont comparables [le mot « vampire » figure également dans le texte anglais, dans une note]. La présence ici de ce titre est due au fait que les sagas islandaises, qui se situent aux frontières de l’histoire et de la légende, ont le statut d’œuvres littéraires. Plus précisément, on ignore ce qui relève de la véritable croyance et de l’embellissement dans les faits surnaturels relatés. Une autre traduction paraîtra dans la Revue de Paris, fin 1832 (tome 44, p. 251-255). Antoine Faivre cite cette histoire, ainsi qu’une autre, que l’on trouve dans la Laxdœla saga (infra 1914).

1831 : En février, dans De quelques phénomènes du sommeil (in Revue de Paris), Nodier évoque les origines de sa curiosité pour le vampirisme. Révélations sujettes à questionnement : elles sont en effet très tardives et on n’en retrouve aucune trace ou allusion dans des écrits antérieurs ou dans sa correspondance.[18]

1831 : Parution chez Bance fils et successeur de Bance aîné d’une série de quatre gravures en couleurs dont les dessins sont presque identiques à ceux de 1822 (voir ci-dessus). Mêmes titres et légendes. Il existe également une version italienne ancienne de ces gravures, ou bien au moins de celle intitulée Le Vampire veut séduire Jenny.

1832 : Boucher de Perthes, Jacques, Paola, in Nouvelles, p. 3-129. Parution à la fin de l’année 1831 ; l’héroïne éponyme est un vampire ou une créature apparentée. Les lettres 30, 32, 49 et 555 de Sous dix rois, Souvenirs de 1791 à 1860, du même auteur, nous apprennent que ce court roman a été achevé le 16 avril 1823 et qu’il s’inspire de faits réels : en 1806, à Gênes, une comtesse qui, dans sa jeunesse, avait réchappé miraculeusement à une grave maladie, fut soupçonnée d’être un vampire. Elle était d’une « pâleur extrême » et après sa guérison subite, elle avait dans les « yeux quelque chose qui n’était pas de ce monde »… On prétendait également qu’elle avait deux ou trois-cents ans. Enfin, l’auteur affirma en 1860 avoir écrit ce conte « pour faire ressortir l’absurdité des romans à fantômes alors à la mode », y entassant tout ce qu’il « avait pu imaginer d’invraisemblable, de faux, d’absurde, d’impossible même… » (lettre 1172) L’information concernant l’époque à laquelle l’auteur a écrit Paola est peut-être signalée pour la première fois ici. Jules Janin évoque également, mais extrêmement brièvement quant à lui, cette histoire arrivée à Gênes dans Petits Romans d’Hier et d’Aujourd’hui ; 1869, p. 208.

1832 : Delmas, Clémence, Le Vampire, in Le Mémorial Bordelais, Journal politique et littéraire et commercial, 21 juin. Cette nouvelle reprend la trame du roman de Lamothe-Langon, La Vampire, ou la Vierge de Hongrie. On peut parler de plagiat. Seule, la fin diffère vraiment. D’après le numéro du 14 mai du journal, Clémence Delmas était actrice, elle a également écrit des romans et de la poésie.

1832 : Fouqueau de Pussy, Jeanne-Justine, Le Grand-père et ses quatre petits-enfants, livre de lecture à l’usage des écoles primaires. Cet ouvrage paru au plus tard en août contient un très bref récit intitulé Le Vampire, ou la calomnie (p. 209-210 dans l’édition de 1842 – nous n’avons pas pu consulter l’originale de 1832). Bien que précoce, cette histoire dont l’objectif est de montrer aux enfants les excès auxquels conduit l’ignorance contient des situations typiques de la littérature vampirique (par exemple : « en égalisant le terrain, la bière de M. Dormeuil s’entr’ouvrit et l’on trouva son corps aussi vermeil et aussi frais que s’il eût été encore en vie »). La démarche de l’auteure, qui consiste à relater un fait d’apparence surnaturelle puis à l’expliquer rationnellement, rappelle celle d’A. Antoine dans Les histoires merveilleuses, ou les petits peureux corrigés (1813), sorte de version pour enfants des compilations telles que Spectriana ou Histoire des Fantômes (supra 1819). En 1833, Jeanne-Justine Fouqueau de Pussy fonda le Journal des Demoiselles. Voir infra le texte de Kerzollo (1882).

1832 : Nodier, Charles, Le Docteur Guntz, in Soirées littéraires de Paris, Janet, p. 231-235. Parution à la fin de l’année 1832. Réimprimé le 21 décembre 1837 dans la Gazette de Metz et de Lorraine. Outre le fait d’être peut-être le premier récit se rattachant pleinement à la littérature vampirique après La Vierge de Hongrie (1825), Le Docteur Guntz jouit d’un statut privilégié comparativement aux deux autres incursions littéraires de Nodier dans le domaine. En effet, Smarra n’est pas consacrée au thème et l’auteur n’a pas écrit seul le mélodrame Le Vampire. Cette courte histoire, originale et émouvante, au ton sincère, ne fut pas reprise dans ses Œuvres, que Renduel édita à partir de 1832. Il en fut peut-être question, pourtant, puisque le manuscrit figurait dans les archives de ce libraire (vente Adolphe Jullien, 5 mai 1933, n° 69). Après Le Docteur Guntz, Nodier n’écrira plus rien sur le sujet.

1833 (1820-1832) : Mickiewicz, Adam, Dziady ou La fête des morts. La figure du vampire est présente dans ce vaste poème, mieux connu sous le titre Les Aïeux. Elle est notamment mise en jeu lors de l’évocation des rites lithuaniens destinés à apaiser les morts. Elle ne constitue cependant pas le sujet de l’œuvre. Les deuxième et troisième parties et un fragment de la quatrième et dernière, ont d’abord été traduits par H. Burgaud des Marets dans le périodique Le Polonais : Journal des intérêts de la Pologne (septembre 1833, février et mars 1834). Cette traduction est ensuite parue en librairie (Dziady ou La fête des morts : poème traduit du polonais d’Adam Mickiewicz, Clétienne, 1834, 174 p.) Les deux versions diffèrent par des ajouts, des suppressions, ainsi que par des corrections ; en particulier, le fragment de la quatrième partie n’a pas été conservé. Une nouvelle traduction incluant cette dernière partie parut en 1841 dans Christien Ostrowski : Œuvres de Adam Mickiewicz, Delloye. Elle occupe presque 270 pages, plus denses que celles de 1834. Il s’agit de la première publication intégrale de l’œuvre, dans la mesure où la première partie se réduit à un simple fragment que l’auteur ne souhaita pas publier (écrit entre 1821 et 1823, il parut à titre posthume en 1860 et fut traduit environ quinze ans après). En raison de difficultés rencontrées par Delloye, le second tome de cette édition n’a jamais paru. Notons que la poésie slave a généralement délaissé les superstitions populaires, même celles enracinées, comme la croyance aux vampires, plutôt abordée par les contes populaires. [19] Cela étant, Mickiewicz n’est pas seul à avoir introduit le thème : voir Maria, poème ukrainien (infra 1835) ou encore L’Arabe, écrit en 1831 par Jules Slowacki (Revue européenne, 1832, tome 5, p. 594-600, ou : Œuvres complètes de Jules Slowacki, 1870, tome 1, p. 139-148 [en particulier la note p. 144, absente de la traduction précédente])

1834 : [Anonyme], La Châtelaine peureuse, in Chansonnier des Graces pour 1834, chez Mme Louis, p. 65-66. Utilisation humoristique mais relativement intéressante du thème. Parution à la fin de l’année 1833. Nous retenons ce texte en raison de son caractère précoce.

1835 (1826) : Spindler, Karl, La Fiancée du Vampire, in Les trois As, par Spindler et W. Blumenhagen, Lachapelle, deux tomes. Traduit de l’allemand. Parution vers la fin du mois de janvier. Tome premier, p. 3-186. Le thème joue un véritable rôle mais il n’y pas d’événement surnaturel. Cette traduction inspira un vaudeville moins de deux mois après. À l’époque de cette publication, Spindler était en vogue en France ; c’est d’ailleurs pour cette raison, semble-t-il, que L’Élixir du diable, de son compatriote Hoffmann, lui fut mensongèrement attribué par l’éditeur français en 1829.

1835 (1828, 1825 ou 1826) : Goszczyński, Seweryn et Malczewski, Antoine , Les Ukrainiennes de Goszczyński et Malczeski (sic). Ce volume traduit par Clémence Robert, paru au plus tard le 4 mai, contient les traductions en prose de deux poèmes : Le chateau de Kaniow et Maria, poème ukrainien (p. 1-133 et 141-308). La figure du vampire est évoquée dans chacun des deux, furtivement et sans lien direct avec le récit, mais, à notre sens, de façon intéressante (p. 17, 144, 226, 231 et 312 [note]). Réédition ou remise en vente avec titre renouvelé, en 1842. Quelques années avant cette traduction, Clémence Robert avait travaillé pour le compte d’Achille de Jouffroy, coauteur avec Nodier du mélodrame Le Vampire. Elle est l’auteure du Vampire, une nouvelle qui ne se rattache pas au genre, malgré son titre ; il s’agit plutôt d’un bel et émouvant hommage à Philippe, l’acteur qui incarna la créature dans ce mélodrame, mort en 1824, dont le clergé de la paroisse Saint-Laurent avait refusé de recevoir le corps. Le Vampire existe également sous le titre Le diable dans un bénitier, celui de sa première parution en janvier 1847, dans le Bulletin de la Société des Gens de Lettres.[20]

1835 : De la Tour de Laval et du vampirisme, in L’Époque ou Les Soirées européennes, Deuxième Volume, 4e série, juin 1835, p. 59-77. Curieuse pièce littéraire, signée T… Elle est présentée comme une « Chronique dauphinoise ».

1836 : Philibert, H. Le Vampire, in Revue du midi, juin. Nous n’avons pas eu accès à ce texte, mais au vu du contenu d’autres numéros, il est possible qu’il s’agisse d’une histoire portant sur le thème. A confirmer ou infirmer.

1836 : Gautier, Théophile, La Morte amoureuse, in Chronique de Paris, 23 et 26 juin. Première publication en librairie dans Une Larme du diable (1839). De La Cafetière, en 1831, à Spirite (1865), en passant notamment par Onuphrius (1832), Omphale (1834) et Arria Marcella (1852), dont la lecture rappelle La Fiancée de Corinthe, Théophile Gautier fut toute sa vie fidèle au genre fantastique. Cependant, indépendamment de sa qualité, cette première contribution au thème du vampire nous paraît tardive. Voir infra 1844.

1837 : Lamothe-Langon, Un vampire au XIXe siècle, in Les Après Dîners de S.A.S. Cambacérès…, tome I, p. 151 160. Passage relatant un prétendu fait divers ; il s’inscrit dans la continuité du récit (le titre figure uniquement en tête du chapitre et dans la table des matières). L’ouvrage est paru au plus tard le 7 décembre 1836. L’auteur avait fait une allusion au vampirisme, en 1836, dans une courte histoire de revenante insérée quant à elle dans Souvenirs sur Marie-Antoinette, archiduchesse d’Autriche… [21]

1837 : Lamothe-Langon, Le vampire, in Petit courrier des dames, Journal des modes, 15 janvier, p. 19-21. Cette nouvelle reprend le récit vampirique des Après Dîners de S.A.S. Cambacérès, en citant la source. Cette version plus courte laisse transparaître très clairement l’intention d’atténuer le fantastique présent dans le texte original. Le terme « vampire », qui y était employé à deux reprises, n’apparaît plus. Voir la notice suivante.

1837 : Un Vampire, in Journal du commerce de la ville de Lyon et du département du Rhône, 15 février. Comme dans la publication précédente, ce récit reprend celui des Après Dîners et le modifie. Il n’est pas signé. A l’inverse du Petit courrier des dames, les changements apportés inscrivent encore plus l’histoire dans la littérature vampirique et dans le genre fantastique. Plus précisément, lors de la scène finale – une exhumation –, le narrateur trouve le cadavre parfaitement conservé et non pas putréfié, et il lui fait percer le cœur avec un fer rouge. L’histoire figurera de nouveau dans Souvenirs d’un fantôme, mais cette fois dans sa version originale. Ainsi, dans la mesure où Lamothe-Langon a cherché à accentuer la composante vampirique de Souvenirs d’un fantôme (infra 1838), on peut penser qu’il n’est pas à l’origine de cette deuxième publication dans la presse. Il s’agit donc très probablement d’un plagiat, comme celui de Clémence Delmas (également paru en province).

1837 : Lamothe-Langon, Mémoires de Mademoiselle Sophie Arnoult, Allardin, deux tomes. Paru avant le 20 mars, probablement après Les Après Dîners de… On trouve aux p. 267-282 du premier tome de ces mémoires apocryphes une intéressante histoire se rattachant pleinement au thème, censée émaner du comte de Saint-Germain. Comme pour l’ouvrage précédent, elle est intégrée au récit ; elle est dépourvue de titre.

1838 : Cuendias, M. G. de, La Femme vampire, in Le Conteur cosmopolite, Contes, Légendes et Chroniques de toutes les Nations, deux tomes, Toulouse, 1837-1838 : J.-M. Corne. Pages 5-63 du second tome. Cette nouvelle exploite le thème. Faux vampire. Non rééditée.

1838 : Lamothe-Langon, La nouvelle Vampire, in L’Espion russe, ou la société parisienne, Charles Lachapelle, deux tomes. Cette nouvelle figure au tome I, p. 227-273. Elle est présentée séparément du reste de l’ouvrage. Recueil paru au plus tard le 5 avril. Autre édition ou bien remise en vente, à la date 1840 (et en 1841 ?)

1838 : Lamothe-Langon, Souvenirs d’un fantôme, chroniques d’un cimetière, Charles le Clère. Recueil en deux tomes, commercialisé en juillet ou bien en août. Il contient deux récits se rattachant à la littérature vampirique : L’Homme de la nuit [22] et Le Vampire et la police. Le second est une reprise d’Un vampire au XIXe siècle, paru dans Les Après Dîners de S.A.S. Cambacérès ; cette fois, il est présenté séparément. Une troisième histoire, Les deux yeux, est censée relever elle aussi de cette littérature, mais le lien est très artificiel : il se résume essentiellement à un passage à la fin, qui, sans que l’on comprenne pourquoi, fait du meurtrier mis en scène, un vampire. Ce récit reprend en fait une histoire que l’auteur avait intégrée en 1834 au Comte de Saint-Germain et la marquise de Pompadour, sans titre et, surtout, sans le passage mentionné (tome 1, p. 326-338). S’il est vrai que le mot « vampire » figurait dans cette histoire, celle-ci ne pouvait en aucune façon être rattachée, même de loin, au thème. Sans doute Lamothe-Langon, jugeant au moment de l’écriture de ce recueil que le personnage du vampire commençait d’être porteur, a-t-il agi en conséquence en réutilisant ces deux textes.

1838 : Boitard, Pierre, Le Vampire [23], in Le Magasin Universel, tome V, août 1838. Nouvelle assez précoce, quelque peu hybride puisqu’elle inclut à la fin des notions d’histoire naturelle. Première publication en librairie en 1862, dans Curiosités d’histoire naturelle et astronomie amusante, réalités fantastiques…, illustrée d’une gravure en accord avec l’histoire (p. 178-187).

1839 (1837) : Carlowitz, Aloïse de, Schobri chef de brigands d’après les mémoires hongrois de son compatriote Ladislas Holics-Szekhely. Deux volumes. Roman ou biographie romancée. Il s’agit probablement d’une traduction et non pas d’une œuvre originale. Elle a apparemment été établie à partir d’une traduction allemande de 1837. Comme l’indique le titre, le texte original est hongrois ; il est certainement paru lui aussi en 1837, l’année de la mort du brigand. Bien que n’étant pas intégrées à l’histoire, les croyances aux vampires, qui hantent les protagonistes, sont évoquées avec une certaine insistance à quelques reprises, en particulier dans une anecdote rapportée (voir le tome second, p. 105, 225-247, 301).

1841 : Couret, A. Nouveau Recueil de poësies, légendes, ballades, etc. Ce recueil contient aux pages 53-56 un poème intitulé Le Vampire. Il est précisé : « Sujet tiré de lord Byron » et cela apparaît en effet à la lecture. L’auteur était instituteur (Gallica).

1842 : Lamothe-Langon, L’Homme de la nuit, ou les mystères, Ch. Schwartz et Al. Gagnot. Paru au plus tard le 18 avril. Deux volumes in-8 de 395 et 408 p. Second roman que l’auteur consacra au thème, après La Vierge de Hongrie. Sans rapport avec la nouvelle de 1838. Il n’est pas à exclure que l’on découvre un jour d’autres récits vampiriques de l’auteur : son œuvre est très abondante, ses livres ne sont pas tous numérisés et certains sont extrêmement rares.

1843 : Arlincourt, Charles Victor Prévost, vicomte, L’étoile polaire. Deux volumes parus en mars. Relation de voyage entrecoupée de plusieurs récits et légendes approchant souvent le genre fantastique, certains recueillis par l’auteur au gré de ses rencontres. L’un d’eux, Tête de mort [tome 1, p. 67-115], est basé sur la vie de la célèbre comtesse Báthory (1560-1614). Il y est question d’une jeune femme aux prises avec une certaine comtesse Rozelsky, une Hongroise qui se « conserve jeune et belle jusque dans la vieillesse », grâce à une « eau mystérieuse » fabriquée avec le sang de « jeunes vierges pures » (qui, pour leur part, dépérissent, d’où le titre). Bien sûr, rien dans l’histoire d’Erzsébet Báthory ne la rattache au vampirisme, c’est le fait de prélever le sang d’autrui pour se régénérer qui explique la présence ici de ce texte. Le terme « vampire » y est d’ailleurs utilisé une fois. Plus tard, essentiellement à partir du XXe siècle, divers romans, films, ou bandes dessinées renforceront le lien entre ce personnage historique et le thème – un lien quoi qu’il en soit moins artificiel que dans le cas de Vlad Tepes, auquel se réfère Dracula. [24] Cette nouvelle n’avait peut-être jamais été signalée jusqu’ici ( ?) Il existe au moins une autre fiction sur le même thème dans notre période d’étude : Eau de jouvence (1611), de l’Autrichien Léopold von Sacher-Masoch (1836-1895). Publiée semble-t-il en 1874, elle fut traduite en 1907 dans le recueil La Pantoufle de Sapho. L’ambiance est différente, l’auteur ayant beaucoup mis l’accent sur la cruauté de la comtesse. En 1844, l’auteur du Solitaire se référera brièvement et sans grande conviction au vampirisme dans Le Pont d’Abernéthy, une histoire qui baigne dans une atmosphère fantastique (Les trois Royaumes, tome second, p. 123-152).

1843 : Marschner, Heinrich, Le Vampire, Opéra en 4 actes, Aulagnier, 226 p. Partition de l’opéra allemand Der Vampyr, représenté à partir de 1828, inspiré par la pièce de Nodier. Elle comporte la traduction par J. Ramoux des paroles. Cette édition non autorisée valut un procès à l’éditeur (nous ne pouvons pas entrer ici dans les détails). Il existe également une édition de 31 pages, publiée la même année à Lièges, chez Oudart. Le traducteur est le même. Elle porte pour titre : Le Vampire, Grand-Opéra en quatre actes.

1844 : Gautier, Théophile, Les taches jaunes, in L’Artiste, 21 juillet 1844. Poème consacré au thème. Repris avec quelques variantes dans Poésies complètes. Albertus…, Charpentier, 1845. Selon la presse, l’auteur de La Morte amoureuse achevait au moment de sa mort, en 1872, le livret d’un grand opéra intitulé Le Vampire, mais il pourrait s’agir d’une information erronée ou bien d’une exagération.[25]

1845 (1835) : Gogol, Nicolas, Le Roi des Gnomes, in Journal des débats politiques et littéraires, du 16 au 18 décembre 1845, puis dans Nouvelles Russes, p. 269-324 (recueil commercialisé entre le 17 et le 19 décembre, semble-t-il). Ce récit inspiré du folklore ukrainien met en jeu une sorcière. Celles-ci étaient soupçonnées d’errer en tant que vampires après la mort ; le moyen le plus courant de mettre fin à leur activité maléfique était de leur percer le cœur ou de les brûler. Ces croyances pourraient expliquer pourquoi ce conte est très souvent cité dans le cadre de la littérature vampirique, bien qu’aucun des personnages ne fasse penser à ce mort-vivant. Notons que le fait pour Gogol de puiser dans le folklore est typique des habitudes des écrivains ukrainiens (et russes) de l’époque, en matière de fantastique, mais que cette orientation tendit à disparaître durant la seconde moitié du XIXe siècle.[26] Nous connaissons très peu de traductions anciennes de nouvelles ou de romans d’écrivains slaves abordant le sujet du vampire, mais des pistes restent à exploiter. En particulier, il faudrait se pencher de façon systématique sur les ouvrages mentionnés dans J. Lorentowicz : La Pologne en France. Essai d’une bibliographie raisonnée. T. 1, p. 37-53 ; Peška V., Suchy J. : Bibliographie des œuvres littéraires tchèques et slovaques traduites en français jusqu’en 1980, in Revue des études slaves, tome 53, fascicule 2, 1981, p. 350-352 ; Pétrovitch, N. S. : Essai de Bibliographie Française sur les Serbes et les Croates 1544-1900 (1900) ; Essai de Bibliographie française de la littérature yougoslave, in Le Monde slave (mai 1931) ; M. Niqueux : Panorama de la traduction en français des minores russes (Revue des études slaves, 2017). Cela dit, selon Dejan Ajdačić, les auteurs bulgares, serbes et croates s’emparèrent du thème plus tardivement que leurs homologues européens occidentaux [27] – à partir des deux dernières décennies du XIXe siècle dans le cas des Serbes, nous dit Milan Jovanović.[28] Le Roi des Gnomes est proche de La veillée de Minuit du soldat, dans Contes populaires de la Russie (1874). Pour des compléments relatifs au folklore, voir infra 1885 et 1904.

1846-1847 : Castille, Hippolyte, Les oiseaux de proie. Roman paru dans Le Courrier français, entre la fin du mois de septembre et le 4 juillet. Dans le chapitre intitulé « Vampirisme », une femme qualifiée de vampire « absorbe à son profit le fluide vital » d’une jeune fille qui, de fait, dépérit.[29] Le narrateur, défenseur convaincu des sciences occultes, évoque Dom Calmet, affirme que les forces d’attraction, de répulsion, ou encore le magnétisme « discrédité par les fripons »… suffisent à expliquer le phénomène. Cette digression relativement longue, très précoce, très explicite, surprenante dans un récit absolument étranger au genre fantastique, constitue le premier exemple de « vampirisme psychique » que nous connaissions dans une fiction en langue française (et même tous pays confondus, mais nous manquons de documentation dans ce domaine). Elle s’explique par l’intérêt que l’on portait à l’époque aux études sur le magnétisme. Leurs auteurs cherchaient notamment à interpréter les cas serbes à la lumière de cette théorie. Toutefois, la démarche de Castille ne constitue en rien un cas isolé : les forces cachées de la nature mentionnées dans les thèses occultistes ont été fréquemment mises en jeu dans des récits à visée pédagogique à partir du dernier quart du XIXe siècle (cf par exemple les récits de Villiers de l’Isle Adam, de Gilbert-Augustin Thierry…). Ceux-ci, publiés entre autres dans des revues, relèvent à part entière de la littérature et le vampirisme (presque toujours psychique) fait partie des divers thèmes abordés. Voir infra Lermina (1887), Charles Lancelin (1901), Léon Combes (1906), Florence Marryat (1909), Jean Bouvier (1910), Phaneg (1912) et Gussie Ross (1935). J.-W. Rochester [c’est-à-dire Véra Krijanovskaia] a également abordé le thème dans La Reine Hatasou, roman de l’ancienne Égypte (1891). Précisons qu’il existe sans doute d’autres titres, vu l’abondance des publications dites ésotériques. Notons enfin que des auteurs étrangers à l’occultisme ont également traité le thème du vampirisme psychique. C’est le cas par exemple de W. de la Mare (infra 1935).

1848 : Levasseur, François, Le Vakodlak (vampire), in Le Courrier français, du 7 au 23 novembre. Longue nouvelle reprise en 1861, avec des modifications, sous le titre Le Vampire (Vakodlack), dans La Dalmatie ancienne et moderne, p. 280-381 (ouvrage paru au plus tard en juillet, non réédité). Le récit de Levasseur met en jeu un « vrai » vampire.

1849 : Mickiewicz, Adam, [conte] in Les Slaves, Cours professé au Collège de France, 1840-41, volume 1. On trouve p. 309 un conte bohême dans lequel un vampire, capable de se métamorphoser en chatte, est responsable d’une épidémie de peste. Un mendiant lui coupe une patte et l’épidémie cesse. Une fois revenu à sa forme humaine, le vampire conserve sa blessure. Comme en témoigne ce récit, les croyances aux vampires, sans cesse remodelées au fil des siècles par la dynamique de la tradition orale, se sont enrichies au fil des siècles de composantes nouvelles. Celles-ci sont parfois très éloignées de l’image que l’on se fait habituellement de ce mort-vivant. Notons que le vampire est souvent associé dans les mentalités populaires aux personnages maléfiques de la sorcière, de la mora ou du loup-garou. La blessure de la chatte illustre ce dernier point. Voir infra 1890.

1849 : Nerval, Gérard et Alboize de Pujol, Les Monténégrins, Opéra-Comique en trois actes, représenté la première fois le 31 mars. Michel Lévy, 54 p. Contient une ballade consacrée au thème. La figure du vampire est évoquée avec plus d’insistance dans le manuscrit de 1848 que dans la version imprimée. Michel Lévy a aussi publié en 1865 la pièce de théâtre de Jules Dornay intitulée Douglas le vampire.

1849 : Dumas, Alexandre, La Dame pâle, in Le Constitutionnel, du 29 mai au 3 juin, puis dans Les Mille et un Fantômes (1849). Comme plusieurs récits de cette époque, celui-ci se situe dans un cadre local, en l’occurrence les Carpates. Dumas avait déjà évoqué le vampirisme dans Le Comte de Monte-Cristo (1844), en comparant avec une certaine insistance Edmond Dantès à Lord Ruthwen ; il y reviendra avec la pièce Le Vampire, représentée à partir de décembre 1851 et imprimée en 1865, et Le Médecin de Java (infra 1859). Il raconte dans ses Mémoires que son premier contact avec le thème eut lieu en 1823, lors d’une représentation du mélodrame de Nodier, de laquelle ce dernier se fit expulser.[30] Un certain Louis Bailleul a plagié La Dame pâle en 1867 (Le Vampire, in Journal pour tous, 17 et 20 juillet, p. 485-487 et 502-505).

1849 : Barthelemy, Louis, Le clocheteur des trépassés. Chronique messine. – 1372, in Courrier de la Moselle, du 2 octobre au 29 décembre. Dans la deuxième partie, parue à partir du 20 novembre, ce roman aborde de façon significative le thème du vampire. Il n’est cependant pas construit autour. Nous ignorons s’il a été publié en librairie. Un roman de Louis de Vallières intitulé Jehan le Ciseleur, paru en 1873 dans le Journal de Villefranche, présente des similitudes avec celui-ci.

1850 : Ponson du Terrail, Alexis, Les Vampires / Où mon ami Fernand prouve […], in Le Courrier français, du 29 novembre au 6 décembre. Fait partie de De Paris à Athènes, par Venise et l’Albanie (Pèlerinage de bohèmes), paru dans ce quotidien du 25 septembre 1850 au 11 mars 1851, puis dans L’Estafette, du 15 mai au 11 juin 1851 (version abrégée). Ce récit d’un voyage prétendument fait par l’auteur, mêlé d’anecdotes historiques et de contes ou légendes, est resté inédit en librairie au XIXe siècle.[31]

1851 : Féval, Paul, Les Francs-Juges, in Les Tribunaux secrets (recueil de dix-huit courts romans à caractère historique ; Les Francs-Juges est l’un d’entre eux. Le volume qui le contient est paru en janvier ou février). Illustration (souvent reproduite). Selon Jean-Pierre Galvan, le véritable auteur pourrait être un autre écrivain – Pierre Zaccone ? Notons que dans La Sœur des Fantômes, publié de mai à juillet 1852 sous le titre Le Livre des mystères, Féval évoque de façon relativement insistante le vampirisme.

1851 (XIe siècle) : Extraits du Bétâl-Patchîsî, in Journal asiatique ou recueil de mémoires, d’extraits…, Quatrième série, tome XVIII, p. 5-36 et 366-410 (juillet et septembre-octobre 1851) et tome XIX, p. 334-365 (avril 1852). Ces trois livraisons, dont la dernière n’était pas inédite (voir ci-dessous), donnent la traduction, basée sur une version hindi, de onze des vingt-cinq Contes du Vampire. Ceux-ci s’appuient sur la croyance au vetâla, attestée entre 1800 et 800 avant notre ère. Le vetâla, à l’instar du rakshasa (supra 1803), fait partie des créatures qui préfigurent le vampire ; c’est une sorte de démon ou de mauvais esprit qui hante les cimetières et s’introduit dans les corps morts qu’il ranime (précision du traducteur, E. Lancereau [1819-1895], qui explique avoir choisi d’utiliser le mot vampire [Bétâl] pour les désigner). L’ensemble de ce travail fit l’objet en 1851 d’un ouvrage paru entre la deuxième et la troisième livraison de la revue : Extraits du Bétâl-Patchîsî… (Imprimerie Nationale, 112 p.). C’est seulement à partir de 1892 et jusqu’en 1896 que fut entreprise dans Le Muséon, la traduction des quatorze contes que Lancereau n’avait pas traités (Bāitāl Paccāsī, contes Hindi). L’ouvrage intitulé Baital-Patchisi, ou les vingt-cinq histoires d’un vampire. Recueil de contes traduits de l’hindi, par Ed. Lancereau, annoncé à plusieurs reprises dans les années 1890, semble n’être jamais paru. La version de A.-Ferdinand Herold fut quant à elle publiée en 1902.

1851 : Rovigo, René de, Le rat blanc de Drumorland, in Le Corsaire, 22 novembre. Nouvelle reprise deux fois dans la presse en 1852.[32]

1852 : Ponson du Terrail, La Baronne trépassée. Roman d’abord paru dans la presse à partir de mars. Publication en librairie en 1853 (Baudry, trois volumes de 319, 318 et 320 p. ; certains exemplaires ne portent pas de date). Au moins huit rééditions au XIXe siècle, dont une dans L’Écho des Feuilletons (1854) et une autre en librairie, chez Dentu (1864).

1852 : De Sorr, Angelo (pseudonyme de Ludovic Sclafer), Le Vampire. Roman fantaisiste, Adolphe Delahays, 361 p. Publié a priori en fin d’année. Reparu en feuilleton dans L’Omnibus, du 20 juillet au 8 octobre 1865. Pas de réédition ancienne en librairie. Se réfère au thème.

1853 (1845 ?) : Alexandri, Vasile, La croix abandonnée ou le Strigoï (Vampire), in Poésie roumane. Les Doïnas, Poésies moldaves, De Soye et Bouchet, p. 85-87. Le folklore roumain, bien que différent de celui des Slaves, fait état de croyances plus ou moins comparables à celles ayant trait au vampire. Selon Georges Bengesco, l’édition en langue roumaine de ce recueil, dont des textes parurent à partir de 1842 en revue, fut commercialisée quelques jours après cette version française, chez le même éditeur. Rappelons aussi que le Roumain Mircea Eliade, historien des religions, est l’auteur d’une histoire de vampire : Mademoiselle Christina (1936), traduite en 1978. De même, le poète et dramaturge Victor Eftimiu a évoqué le vampirisme dans la pièce Akim (1912 ?), ainsi peut-être que dans d’autres écrits. Voir également infra 1923, 1859 et 1934, ou encore Le grand Paon, de Syomara (1928).

1855 : Joubert, Léo, Le Voukodlak, in Le Siècle, 3, 4, 7, 8, et 9 août. Nouvelle sur le thème, se déroulant dans un village monténégrin. Reparue quelques mois plus tard dans Le Trait-d’Union, Journal français universel [imprimé à Mexico]. Inédite en librairie. Léo Joubert tenta en 1875 d’expliquer comment Goethe avait su que l’ouvrage de Mérimée était une supercherie.[33] Il publia en 1854, dans Le Siècle, un récit dont l’ambiance est fantastique : Marioula, nouvelle moldave.

1856 : Stenio (pseudonyme de Charles de Viel-Castel), Gertrude, in La Mode nouvelle, les 11, 21 février et le 1er mars, p. 284-287, 335-341 et 377-389. Seule publication ancienne de cette nouvelle consacrée au thème.[34]

1856 : Vignon, Claude (pseudonyme de Noémie Cadiot), Isobel la ressuscitée. Légende des bords du Rhin, in Minuit !! Récits de la veillée, p. 152-212. Recueil commercialisé vers le mois d’août. Nouvelle reparue en 1857 dans Contes à faire peur.[35]

1857 : Garay, Ernest de, Le Château du Vampire, in Les Légendes des Pyrénées, Michel Lévy, p. 61-83. Parution avant le 16 mai. Cette histoire est à rapprocher d’un conte d’Alphonse le Mire intitulé Goule, paru dans la Revue de Rouen (tome deuxième, 1833, p. 41-48) ; il n’est pas question de vampire chez Le Mire et les histoires présentent des différences, mais il n’y a aucun doute quant au fait que De Garay plagie Goule (ou bien un troisième conte, copiant celui de Le Mire, ou copié par ce dernier). Goule est reparu dans les Annales romantiques de 1834 ; c’est, selon Alice Killen (qui ne connaît pas De Garay), un « mélange de la Lénore de Bürger, de la “nonne sanglante” et de vampirisme ».[36] Par ailleurs, Le Château du Vampire est cité dans le numéro de novembre 1898 de la Revue des Traditions Populaires, où la confusion entre vampire et goule est entretenue. Enfin, le Catalogue Delarue Teneze l’associe, ainsi que L’homme qui a épousé une fée (infra), au Conte-type T449 L’homme qui a épousé une femme vampire (section Contes merveilleux). Un rapprochement est fait avec l’histoire de Sidi-Nouman, des Mille et Une Nuits (à ce sujet, voir Le comte Hippolyte, d’Hoffmann, supra). Le Mire n’est mentionné dans aucune de ces deux publications. Le recueil de De Garay a été remis en vente à quelques reprises au XIXe siècle, sous le pseudonyme Karl des Monts (titres renouvelés, suppression de la dédicace à la reine d’Espagne, mentions d’éditions totalement fantaisistes).

1857 : Pillon, Alexandre, La Princesse de Trébizonde, in Le Pays, Journal de l’Empire, du 4 au 11 décembre. Récit consacré au thème. L’auteur, un helléniste, qualifie à tort son vampire moldave de broucolaque. Reparu en 1869 dans Contes noirs, Librairie Pagnerre, p. 7-109, ainsi que dans le quotidien L’Avenir du Tarn, du 18 au 30 décembre 1887. Le recueil Contes noirs a été remis en vente avec un titre de relais chez L. Sauvaitre, en 1888.

1858 : Guffroy, L. M., Le Vampire (air des Louis d’or), in Souvenirs de Crimée et du camp de Châlons. Poésies et chansons militaires, p. 71-73. Chanson consacrée au thème, écrite en 1852 (date indiquée à la fin). Un des rares textes du recueil sans rapport avec l’univers militaire. Réimprimé en 1864 sous le titre Le Vampire, légende fantastique dans Album chantant, ou la chanson de tous et pour tous, Volume 1, 17e livraison, p. 202-203. Guffroy est également l’auteur vers la même époque de La Dame à la tête de mort, roman fantastique (il ne s’agit pas d’une histoire de vampire).

1859 : Poissonnier, Alfred, Le Strigoi, légende de la Roumanie, in Revue Française, mars, p. 220-227. Nouvelle reparue dans Le Nouvel Écho de la Loire, les 17 et 24 mai 1863 (Le Strigoi, Nouvelle hongroise ; c’est quasiment la même version). L’auteur, qui était professeur de littérature française à Bucarest (et par conséquent au contact de la population roumaine), qualifie le strigoï de « vampire aux mille formes » ; le lien éventuel avec le mort-vivant slave ou un revenant comparable est pour le moins difficile à déceler mais, comme nous l’avons vu, les croyances étaient susceptibles d’évoluer au fil des siècles, de s’enrichir de nouveaux éléments. Voir à ce sujet Les Slaves…, d’A. Mickiewicz, supra 1849. D’ailleurs, certains faits relatés aux p. 203-204 de cet ouvrage rappellent un peu les mécanismes en jeu dans la nouvelle d’A. Poissonnier.

1859 : Montépin, Xavier de, Les Aventures d’un Émigré. Roman en deux parties, mettant en scène une fausse femme vampire (le cadre du récit est celui d’une vengeance, comme dans La Baronne trépassée de Ponson du Terrail). Publié en Belgique par A. Lebègue, au plus tard en avril, avec cette mention : « Édition autorisée pour la Belgique et l’Étranger, interdite pour la France ». Sans doute l’originale et non pas une édition pirate (Montépin publiait en effet chez Lebègue). Sept tomes ? Titre de la première édition française, parue aussi en 1859, chez Cadot, en sept tomes in-8, puis en quatre tomes in-18 : La Comtesse Marie. Une autre édition chez Cadot [1863] (deux tomes de 360 et 335 p.) ; des éditions populaires ou en feuilletons, les années suivantes. Peut-être existe-t-il une publication antérieure dans la presse ?

1859 : Dumas, Alexandre, Le Médecin de Java. Paru à l’étranger, dans la Collection Hetzel, sans date, à la fin de l’année 1859 ou au début de 1860. 213, 218 et 198 p. Existe aussi, ultérieurement, sous le titre L’Île de feu. Dumas écrivit ce roman en collaboration avec le marquis de Cherville. Ce dernier avait également participé au Meneur de loups (1857), où il est question de lycanthropie. Le Médecin de Java met en scène un vampire asiatique, un barkasaham, plus précisément. Cela dit, le thème vampirique est peu développé.

1860 : Féval, P., Le Chevalier Ténèbre, in Musée des Familles, avril et mai 1860. Publication en librairie en 1862, avec La Garde noire (p. 161-309). Plusieurs rééditions par la suite (Palmé, Ollendorff). C’est le premier roman que Féval consacra au vampire.

1860 : La Llorona (sous-titre : « Légende mexicaine »), in La France littéraire, artistique, scientifique, cinquième année, N°3, 13 octobre, p. 39. Poème repris en 1868 dans le recueil Une voix de Cantabrie. Il existe différentes variantes de l’ancienne légende sud-américaine de la LLorona (la pleureuse), une mère meurtrière de ses enfants ou les ayant abandonnés, en proie à sa conscience. Il semble que dans l’une d’elles, cette créature se nourrisse de sang et pleure pour l’obtenir. Toutefois, un tel cas de figure et, même, la simple mention du sang, semblent exceptionnels : rien n’évoque le vampire dans les descriptions de la LLorona que nous avons rencontrées ; cette apparition ressemble plutôt à la Dame Blanche. Pourtant, Fiterre fait une sorte de rapprochement avec le revenant slave : qualifiée d’« infernal vampire », la LLorona attaque ses victimes et prélève leur sang après leur mort – et peut-être aussi lorsqu’elle les tue ? Nous n’avons pas trouvé d’autre mention de cette légende au XIXe siècle, en France. L’auteur en a probablement entendu parler en raison de sa proximité avec l’Espagne, où elle était connue (son recueil a été publié à Bayonne et Cantabrie est une ville espagnole). Il faudrait cependant impérativement approfondir les recherches. Marc Chadourne s’y réfère lui aussi dans Absence, publié en 1933 au retour d’un séjour au Mexique (« La Llorona a passé l’autre soir, derrière leur grande maison. Est-ce qu’elle l’a vue, la femme-vampire aux longs cheveux qui glisse aux fins de jour, mortuaire et méchante dans les champs d’agaves ? »).

1861 : Gozlan, Léon, Le Vampire du Val de Grâce, in La Presse, du 12 juin au 17 juillet. Roman de 335 p., publié en librairie la même année. Utilise le thème. Regroupé avec un autre volume contenant deux histoires a priori indépendantes, sous le titre général Le Faubourg mystérieux. Reparu dans Le Siècle, musée littéraire, choix de littérature contemporaine française et étrangère, quarante et unième série (1872 ?)

1862 : Pommier, Armand, La Dame au manteau rouge, histoire dalmate, Dentu, 355 p. Parution en mars. L’idée de vampire est présente dans ce roman, au travers de l’un des personnages, une marquise.[37]

1863 (1857) : Mérimée, Prosper, [légende], in Journal des Savants, février 1863. Ce numéro contient la première publication d’un extrait de Bogdan Chmielnicki, qui constituera le début des Cosaques d’autrefois (1865). Bogdan Chmielnicki est l’adaptation d’un texte de l’historien ukrainien Nicolas Kostomarov. Il figure dans cet extrait la relation d’une légende probablement cosaque, mêlant frères d’adoption (pobratim) et vampirisme. Elle fut consignée dès 1796 par J. C. von Engel, dans un livre consacré à l’histoire de l’Ukraine et des Cosaques ukrainiens ; il ne s’agit donc pas d’une invention littéraire de l’auteur, contrairement au cas de La Guzla.[38]

1864 : Claretie, Jules, L’homme aux mains de cire, in Bulletin de la Société des Gens de Lettres, février, puis dans d’autres périodiques, en plusieurs livraisons. En librairie en 1866, dans Histoires cousues de fil blanc, p. 93-119. Reparution en 1907 dans un volume intitulé L’homme aux mains de cire (La Librairie Mondiale).

1864 : La Garde, Marcellin, La traque funèbre, in Journal de Bruxelles et L’Émancipation Belge, du 16 au 28 juillet (publications simultanées). Histoire consacrée au thème. En librairie en 1866, dans Les Bords de La Salm. Histoires et légendes ardennaises, Paris, Lethielleux, p. 173-247. Édition imprimée à Bruxelles par Veuve Parent et Fils. Ce recueil existe à la même date sous le titre Contes et légendes du Val de la Salm, Bruxelles, Veuve Parent et Fils. Les collations sont différentes : il s’agit de deux publications bien distinctes ; nous ignorons laquelle est la première. Dans chacune des deux, il est précisé que les récits forment la seconde série de ceux parus [en 1865] sous le titre Le Val de la Salm, Histoires et scènes ardennaises. Dans celle que nous avons citée en premier, ils sont numérotés de 1 à 8 ; dans l’autre : de 11 à 18, en référence à la publication précédente. Les contes de ces deux séries furent réunis la même année sous le titre Le Val de La Salm, histoires et légendes ardennaises (édition originale chez Veuve Parent et Fils, deuxième édition la même année chez Lethielleux). La traque funèbre se déroule durant la première moitié du XVIIIe siècle, à l’époque, par conséquent, des événements serbes, auxquels il est d’ailleurs fait allusion. Ce cas de figure est très peu courant. Ce récit et Le Capitaine vampire (infra 1879) sont les seules œuvres belges antérieures à 1900 que nous connaissions, qui répondent aux critères de notre liste. Nous n’avons trouvé aucun texte d’un représentant suisse de la francophonie, durant cette période.[39] Le premier auteur québécois s’étant intéressé au sujet pourrait être un certain Michel Tremblay, dans un recueil écrit entre 1958 et 1961, publié en 1966.[40]

1865 : Féval, P., La Vampire, Docks de la Librairie. Second volume d’un ensemble de deux, regroupés sous le titre général Les Drames de la mort (324 et 418 p.). Le premier, La Chambre des amours, contient le roman éponyme et deux autres textes : Exposition et La Morgue. L’autre se résume à La Vampire. D’après la Bibliographie de la France de 1865, les deux volumes ont apparemment été commercialisés à plusieurs mois d’intervalle (le premier est mentionné le 13 mai et le deuxième, le 30 décembre). Contrairement aux habitudes de Féval, aucun des quatre textes n’est a priori paru antérieurement dans la presse. Ils sont par ailleurs indépendants à cela près qu’un même personnage, Sévérin, figure dans les deux romans et dans Exposition. Deux autres éditions des Drames de la mort en 1866 : l’une à l’adresse de Huillery, non datée, d’abord parue en livraisons, dont le texte est sur deux colonnes, l’autre à la Librairie Centrale. Celle de Huillery, qui regroupe tous les textes en un seul volume paginé de façon continue, précède La Vampire à la Librairie Centrale, mais pourrait être postérieure à La Chambre des amours, publiée par cet éditeur. L’édition chez Arnauld de Vresse, non datée, est une remise en vente de celle de la Librairie Centrale avec titres renouvelés. Enfin, l’originale et l’édition Huillery sont illustrées. Réédition de La Vampire par Dentu début 1891, sans mention du titre général.

1866 (1864) : Tourgueniev, Ivan, Apparitions, in Revue des deux Mondes, 15 juin, p. 853-879, puis dans Nouvelles moscovites (sans date, 1869). Le traducteur de cette nouvelle dont l’héroïne pourrait être un vampire est Mérimée. Dans Après la mort (Clara Militch), paru en 1883, l’auteur donne l’impression d’avoir été de nouveau sensible au thème.

1866-1867 : Ponson du Terrail, Les Escholiers de Paris, in L’Opinion nationale, du 15 novembre au 6 mars. Publication en librairie en 1867 (Faure, deux tomes : Les Escholiers de Paris et La Maison du diable). Ce roman aborde le thème du vampire mais il n’est pas construit uniquement autour. Reparu en 1867-1868 dans le feuilleton de Roger-Bontemps. Pas de réédition ancienne en librairie.[41]

1867-1868 : Ponson du Terrail, L’Auberge de la rue des Enfants-Rouges, dans La Patrie, du 24 juillet au 21 mars, puis dans Les veillées parisiennes, du n° 866 (25 avril 1868) au n° 898 (15 août 1868). Publication en librairie en décembre 1868 (Dentu, deux tomes de 443 et 484 p.). Deuxième roman de Ponson basé sur le thème. Réédition en 1872.[42]

1868 : Ponson du Terrail, La Femme immortelle, in La Petite Presse, du 21 juin au 20 septembre. Publication en librairie en 1869 (Librairie internationale, 318 et 324 p.). Pas de réédition ancienne en librairie. Troisième et dernier roman de Ponson basé sur le thème.[43]

1869 : Augu, Henri, Une Histoire de Vampire, roman hongrois, in L’International (juillet et août). Nous n’avons pas eu accès au texte mais au vu d’autres titres de l’auteur, il se rattache probablement au thème. Il a été traduit en allemand à l’époque.

1871 : Grandsard, Charles, Le Vampire, in L’année maudite, 1870-1871, p. 43-47. L’auteur de ce recueil poétique indique avoir été inspiré par la guerre franco-allemande. Cependant, cela ne transparaît pas dans Le Vampire, pour lequel la métaphore utilisée permet deux niveaux de lecture : poème patriotique ou bien vampirique.

1874 (1873) : Contes populaires de la Russie, Hachette. Contes folkloriques russes, traduits à partir d’une édition en anglais due à William Ralston. Parution au plus tard le 11 juin. Parmi la cinquantaine de contes présentés, cinq exactement ont trait au vampirisme : Le Linceul, Le Couvercle du cercueil, Les Deux Cadavres, Le Chien et le Cadavre et Le Soldat et le Vampire. Ils sont en tout cas présentés sous cette étiquette dans l’édition anglaise (l’auteur de la version française, le folkloriste Loys Brueyre, a traduit quasiment tous les contes du recueil anglais, mais il n’a rien conservé de la classification établie par Ralston ni de ses commentaires, et les textes se succèdent sans aucune note, précédés seulement par une introduction générale). Précisons que le premier récit (Le Diable), que Ralston lie à la croyance aux goules ou aux rakshasas de la mythologie indienne (supra), est parfois traduit de nos jours sous le titre Le Vampire ; de même, l’auteur anglais ne rattache pas au vampirisme La Veillée de minuit du soldat, qui rappelle pourtant Le Roi des Gnomes de Gogol. On trouvera dans cette liste quelques autres traductions de contes folkloriques. Celles du Serbe Vuk Stefanović Karadžić (1787-1864) semblent n’apparaître qu’au XXe siècle, alors que ses chants populaires et plusieurs de ses contes, sans rapport avec le thème, étaient connus du public dès le XIXe (1834 dans le cas des chants [44]). Par ailleurs, le vampirisme est parfois présent dans les recueils de traductions de chants, de poèmes, de légendes ou de contes slaves de cette époque, mais, à notre connaissance, c’est presque toujours à l’occasion de brèves remarques, des remarques parmi d’autres. A cet égard, l’ouvrage de Ralston, fort de ses cinq contes, fait exception. Nous avons pourtant consulté plusieurs recueils de la seconde moitié du XIXe siècle consacrés à des traductions de tels types de textes, ou bien en proposant plusieurs (notamment des publications de Louis Léger, Alexandre Chodzko, Achille Millien et Xavier Marmier). Il pourrait s’avérer plus fructueux de s’atteler au dépouillement de certaines revues scientifiques : Échos d’Orient, La Tradition etc. Quoi qu’il en soit, si les contes slaves traitant de vampirisme sont très nombreux, comme Adam Mickiewicz l’avait signalé dès le tout début des années 1840 [45], beaucoup – la plupart ? – ont été publiés tardivement : à partir des années 1890, environ, à la suite de l’indépendance de la Bulgarie, de la Serbie et du Monténégro (1878). Les sentiments nationaux se réveillèrent en effet à cette occasion, faisant naître un intérêt nouveau pour les légendes, les rites et les arts populaires.[46] Notons dans le cas présent que les récits mentionnés dans cette notice sont tous du célèbre folkloriste Alexandre Afanassiev, dont les travaux publiés entre 1855 et 1863 s’inscrivent dans le mouvement européen initié par les frères Grimm. C’est l’auteur le plus représenté de l’ouvrage. Voir supra (Gogol)

1874 : Féval, P., La Ville-Vampire, in Le Moniteur Universel, du 12 septembre au 24 octobre. Publication en librairie : un volume de 372 p., portant la date 1875, mais commercialisé en décembre 1874. Réédité par Dentu (sans date, mais entre 1898 et 1900). Dans Le Dernier vivant, paru initialement dans la presse, de décembre 1871 à avril 1872, Féval aborde également le thème.[47]

1876-1877 ? : Noir, Louis (pseudonyme de Louis Étienne Salmon), L’Auberge maudite, in Les Feuilletons du dimanche, livraisons 139 à 189 (p. 1105 à 1512). Publication en librairie en 1887 (Marpon et Flammarion, 315 p.).[48]

1877 : Villemot, Émile, Le mauvais œil, in Bulletin de la Société des Gens de Lettres, juin 1877, p. 1-16. Nouvelle reprise peu après dans d’autres périodiques, en plusieurs épisodes, mais pas en librairie ?

1879 : Dubard, Maurice, Le chat de Nabeshima : légende, in Le Japon pittoresque, Plon, p. 296-301. Livre imprimé en 1878. Peut-être la première apparition en France de cette légende associée, à tort ou à raison, au vampirisme, dont on retrouve une version plus brève, quelques mois plus tard, dans Le Japon artistique et littéraire de F. Le Blanc du Vernet (A. Lemerre). Celle de A. B. Mitford, dans Tales of old Japan (1871), s’intitule The vampire cat of Nabéshima. Le mot « vampire » est absent de ces deux éditions françaises mais on le trouve (la première fois ?) dans la traduction de l’ouvrage de Mitford, publiée en 1904 par la comtesse de Pimodan (Contes et légendes du vieux Japon).

1879 : Nizet, Marie, Le Capitaine vampire, Bruxelles, 138 p. Seule édition ancienne. Parue vers le mois de juillet. L’auteure, une jeune Belge, avait déjà évoqué la figure du vampire dans quelques poèmes de Rômania, chants de la Roumanie (1878).

1880 : Lucenay, Henry (pseudonyme de Marie-Léonie Devoir), La Femme qui mord, Dentu, 344 p. La femme dont il est question dans le titre est un vampire ramené des Indes.[49]

1882 : De Kerzollo, Eugène [pseudonyme d’Eugène Parès], Le Montenegro. Les Grahovitj, Histoire monténégrine, Limoges, Eugène Ardant et Cie, sans date, 160 p. Au moins deux autres éditions anciennes : en 1893 chez Ardant, sous le titre Miléna, Histoire monténégrine, et (peu après ?) à la Librairie Nationale d’éducation et de Récréation (les deux illustrées par De Boisroger). Publication destinée à la jeunesse, mais le thème du vampire revient à quelques reprises, de façon assez saisissante (p. 52, 89, 102-103 et 142).

1883 (1867) : Valaoritis, Aristote, Thanase Vaghia, in Poèmes Patriotiques avec notice sur la vie et les oeuvres d’A. Valaoritis, p. 13-24. Peut-être la première œuvre vampirique de la littérature grecque. Elle est inspirée par un personnage historique, Thanasis Vagias, qui, en 1812, fit massacrer plusieurs centaines d’habitants d’un village. Vagias est présenté comme un maudit que « la terre elle-même a rejeté » et qui revient voir sa femme sous la forme d’un vampire. Il est « livide, les vers courent sur son visage, sa chair en décomposition tombe en lambeaux »… Chronologiquement parlant, ce poème est isolé dans l’histoire de la littérature vampirique grecque puisque, selon nos sources, le thème ne commença d’être investi qu’une vingtaine d’années après. De plus, ces débuts littéraires auraient été timides. En tout état de cause, une huitaine d’autres récits seulement sont mentionnés jusqu’à 1936, quatre d’entre eux étant antérieurs à 1900 (le premier en 1888). [50] Par ailleurs, l’intérêt manifesté par les quelques écrivains correspondants doit sans doute être mis en relation avec les recherches sur le folklore grec, qui furent menées avec un grand enthousiasme à partir des années 1870. Précisons que nous ne connaissons aucune autre traduction de fiction vampirique ou de conte folklorique grec dans notre période d’étude, et que nous ne disposons pas d’informations précises sur ces derniers. Nous n’avons toutefois pas eu l’occasion de dépouiller beaucoup de revues littéraires ou scientifiques.

1884 : De Saint-Heraye, B.-H.-G., Le Vampire, in La Revue générale, littéraire, politique et artistique, 15 août, p. 350-351. Dans une courte présentation, Saint-Heraye prétend que ce conte fantastique [consacré au thème] et celui qui figure à la suite – L’Amant de Lisbeth – sont des inédits « d’un des hommes les plus connus de la génération de 1830. »

1884 : Jourdanne, Gaston, Le Vampire, in Le Bon Sens, journal républicain, littéraire et commercial, n° 1424, 14 novembre (sous le pseudonyme « Fritz »). Reparution le 15 mai 1889 dans La Démocratie de l’Aude, journal politique, sous le pseudonyme de « Jean d’Angontours ». Cette très courte nouvelle n’appartient pas à la littérature vampirique, mais elle se réfère au thème. Toutefois, nous la retenons surtout en raison de sa date de parution relativement ancienne. Source : laporteouverte.me

1885 (18… ?) : Vacano, Emil Mario, Une histoire extraordinaire, in Revue Internationale paraissant le 10 et le 25 de chaque mois à Florence. Deuxième année, tome huitième, 1ère livraison, 25 septembre, p. 504-521. Traduction « libre », due à Anne-Catherine Strebinger. E. M. Vacano (1840-1892) est né en Moravie.

1885 : D’Albane, Jean [pseudonyme d’Alfred Rambaud] [51], La Chevauchée nocturne, Conte fantastique, in Revue Politique et Littéraire (Revue Bleue), 28 novembre et 5 décembre, p. 683-690 et 718-726. L’histoire reprend la trame du Roi des gnomes (supra 1845), à cela près que, cette fois, la sorcière est vraiment présentée comme une femme vampire. Le nom de Gogol n’est pas cité. Dans La Russie épique, étude sur les chansons héroïques de la Russie (1876), Rambaud avait donné des informations intéressantes sur les racines folkloriques du conte de Gogol (p. 72) ; la variante que propose ce spécialiste est d’autant plus remarquable.

1887 : Sinval, Armand, Vampire ! Nouvelle consacrée au thème, basée sur une idée originale. Il n’y figure ni vrai, ni « vrai faux » vampire. Parution simultanée dans L’Estafette et Le Constitutionnel, le 6 août. L’auteur, spécialiste de la Russie, collaborait à la revue La Tradition (Revue générale des Contes, Légendes…)

1887 : Lermina, Jules, Le Centenaire, in Le Temps, du 18 au 23 octobre 1887. Vampirisme psychique. Réédition deux ans plus tard dans la revue L’Initiation sous le titre L’Élixir de vie, Conte magique, et publication en librairie, sous ce second titre, en 1890 (54 p.). Dans la préface, l’occultiste Papus (Gérard Encausse, le directeur de L’Initiation) « remercie Jules Lermina d’avoir prêté son talent de littérateur à l’exposition de cette thèse que la vie peut s’infuser mystérieusement d’un être à l’autre, secret redoutable de l’élixir de vie des anciens alchimistes et des initiés de l’Orient. »

1888 : Rogitsch, Douchan, Prelo et Voukodlak, récit de mœurs serbes, in Le Magazine (ancienne Grande revue). Journal de variétés paraissant tous les mois, p. 17-19 (août ?) Cette courte histoire est « extraite de la Revue d’Orient », à laquelle nous n’avons pas eu accès. L’auteur déclare s’inspirer de rites et de croyances serbes. Il met en jeu les peurs induites par ces dernières. Jean Bouvier (infra 1910) s’inspire très fortement de ce récit dans La Peur (in Le Petit Parisien, 18 novembre 1913).

1889 : Tribaldy, Jean, Le Vampire, in Le Parisien, journal de midi, 27, 28 décembre et simultanément dans Le Courrier du soir.[52] Inédit en librairie.

1889 : Avias, Joseph-Irénée, La chauve-souris, in Dans les Tisons, contes et nouvelles.[53] La page de titre porte la date 1889 et la couverture, 1890.

1890 : La Tradition. Revue générale des contes, légendes, chants, usages, traditions et arts populaires. Le numéro de juillet contient aux pages 206-214 la fin du deuxième chapitre d’une étude de Michel de Zmigrodzki consacrée au folklore polonais. Ce chapitre est intitulé « Les esprits du mal. – Leurs relations avec les hommes ». La partie consacrée au Strzygon (vampire), « homme au visage très pâle, ne différant des autres gens que parce qu’il dort pendant les nuits de la pleine lune, [pourvu de] deux esprits, un pour le bien, un pour le mal […] », contient quatre contes très courts dont la fonction est d’illustrer le propos de l’auteur. Par exemple : « Un voyageur dormait dans une église. Un upior vint le tourmenter. Le voyageur se sauva dans tous les coins jusqu’au moment où le coq chanta. De l’upior, il ne resta qu’un ruisseau de poix liquide. » L’ensemble est extrait de l’œuvre du grand ethnographe polonais Oskar Kolberg (1814-1890), compatriote de Zmigrodzki. A l’époque de cette publication, le folklore de la Pologne était encore « à peu près inconnu des traditionnistes ». (note p. 87)

1891 : Millien, Achille, L’homme qui a épousé une fée, in Congrès International des Traditions Populaires – Première Session Paris 1889 – Compte rendu des séances, p. 59-61. Récit présentant des points communs avec celui des Mille et une Nuits, déjà cité. Il fait partie, comme Le Château du Vampire, des contes associés au Conte-type T449 L’homme qui a épousé une femme vampire.

1891 : Porcher, Edmond, Femme-Vampire, in La Revue exotique illustrée, publiée sous la direction de M. Edgard La Selve, 1er juin, p. 213-215 (rubrique « Nouvelles macabres »). Le climat de cette nouvelle et les faits qu’elle décrit renvoient au thème du vampire, bien que la créature n’ait aucun caractère surnaturel. L’action se passe en Bretagne.

1892 : Andrews, James Bruyn, Contes ligures, Traditions de la Rivière recueillis entre Menton et Gênes. On trouve à la page 306, incluse dans un conte intitulé Les sept frères (p. 302-308), une histoire se rattachant au thème, ou au moins apparentée à celui-ci. En contrepartie d’un service rendu, une jeune fille autorise sa voisine, dont elle ignore qu’elle est sorcière, à lui sucer chaque matin le doigt par le trou de la serrure. Cette dernière en profite pour lui ponctionner le sang et la jeune fille « dépérit, devient maigre, pâle et maladive ». Les frères obligent la sorcière à restituer le sang par le même procédé et leur sœur recouvre la santé. La voisine malfaisante est qualifiée de vampire dans l’index de l’ouvrage mais pas dans le récit. Andrews cite un autre conte en langue française se rapprochant des Sept frères, mais il n’y figure pas d’épisode comparable à celui que nous avons relaté (La fille et ses sept frères, in Paul Sébillot : Contes populaires de la Haute-Bretagne, 1880).

1892 (1819) : Keats, John, La Belle Dame sans Mercy, in La Jeune Belgique, tome onzième, p. 153-154. Première traduction de ce poème qui préfigure la femme vampire ? Le thème du vampire dans la poésie anglaise n’a guère mobilisé les traducteurs de langue française. Le passage du Giaour qui s’y réfère aurait pu être traduit dès 1816 ou 1817 mais cela n’a pas été le cas (supra 1819). Il est vrai que la mode du vampire n’était pas encore lancée. Christabel et Lamia, bien que parfois cités en France au XIXe siècle, ont été proposés au public encore plus tardivement que La Belle Dame sans Merci (infra 1910 et 1912). The Vampyre, de John Stagg et Thalaba the Destroyer n’ont pas bénéficié de traduction tant soit peu ancienne.[54]

1893 : Bloy, Léon, La Salamandre vampire, in Gil Blas, le 27 avril, puis la même année, dans le recueil Sueur de sang (p. 229-238). Le héros, dont la famille a été massacrée par les Allemands, profane des cadavres de soldats. Il a un « phantasmatique visage », son allure est celle d’un « spectre » et il agit avec le « discernement satanique d’un brucolaque » ; à défaut d’être un mort-vivant, c’est, dirions-nous, un vivant-mort. Ce récit est probablement inspiré par les quelques affaires de profanations qui se déroulèrent au XIXe siècle. Dans Le nécrophile, pervers insaisissable (France, XIXe siècle), Amandine Malivin explique en détail comment la façon dont la presse traita le premier cas, celui du sergent Bertrand (1848-1849), en le surnommant le « vampire de Montparnasse » et en enrichissant les articles d’éléments fantastiques, tels que la capacité à subjuguer les chiens de garde par la simple force du regard, contribua, dans le contexte d’une médecine encore balbutiante et même influençable, à créer et maintenir durablement une aura surnaturelle autour des pervers de ce type. Par exemple, l’article consacré au vampire de Saint-Ouen dans le numéro du 17 juin 1886 du Petit Parisien les identifie purement et simplement au revenant slave. C’est peut-être ce qu’avait en tête Léon Bloy lorsqu’il écrivit cette histoire (qui ne se rattache pas au genre fantastique).

1893 : Bois, Jules, La tombe violée, in Gil Blas, 5 juin. Récit repris dans la presse (1901), mais pas en librairie ? [55]

1895 : Biernacka, Céleste de, La princesse et le pêcheur, légende polonaise, in Paris-Journal, 13 janvier. Au moins huit rééditions dans la presse en 1895.[56]

1896 : Dornis, Jean (pseudonyme d’Élena Goldschmidt-Franchetti), Le Vampire, in Les Frères d’Élection, p. 93-102. Les histoires du recueil se déroulent toutes en terres slaves.[57]

1896 : Le chien et le chat, in Légendes religieuses bulgares, traduites par Lydia Schischmanoff [Lydia Dragomanova], p. 14. Conte se réduisant à quelques lignes. Il y est question de la croyance selon laquelle le fait qu’un chat saute par-dessus le corps d’un mort peut avoir pour conséquence que celui-ci devienne un vampire.

1897 : « Érasme », La buveuse d’âmes, in Les Nouveautés, 21 septembre. Nouvelle reprise plusieurs fois dans la presse.[58]

1899 (1894) : Wells, Herbert Georges, Une Orchidée extraordinaire, in Mercure de France, avril 1899, p. 40-51. Parution en librairie dans L’Île de l’Aepyornis, Ollendorff, sans date (1909). Vampirisme, aborption de sang dans le monde végétal. Il existe de nombreuses histoires d’orchidées vampires dans les magazines américains des années 1920-1930.[59]

1898 : Lalot, Emile, Le Vampire, in Poésies d’Emile Lalot avec une étude sur sa vie, par L. Jubien, p. 42. Poème, daté de décembre 1889.

1900 : Mélusine, recueil de mythologie, littérature populaire, traditions et usages, tome X (1900-01). Ce tome contient aux p. 56-60 un article paru vers juin, intitulé L’obole des morts. L’auteur, Jean Karlowicz, y rapporte deux contes populaires polonais concernant le vampirisme. Ils ont été recueillis auprès de la population par des folkloristes contemporains. Le second rappelle la ballade Lenore de Bürger.

1900-1901 (1883-1884) : Sienkiewicz, Henryk, Par le fer et le feu. Publication dans le quotidien Le Matin, du 27 septembre au 1er avril. Le futur prix Nobel convoque ici à diverses reprises et de façon saisissante la figure du vampire. Le thème n’est pas intégré au récit : il s’agit plutôt de mettre en relief l’identité polonaise. Le vampire semble apparaître régulièrement et même avec insistance dans l’œuvre de l’auteur : voir par exemple Messire Wolodowski, dernier volume de la trilogie de romans nationaux dont Par le fer et le feu constitue le premier volet.

1901 : Richard, Albert, Le Vampire, in Le Petit Sou. Longue et très originale nouvelle parue en une dizaine de livraisons, du 30 janvier au 12 février.

1901 : Lancelin, Charles, Au-delà, thème magique, in Le Monde Moderne, supplément consacré au roman contemporain [il s’agit d’une revue mensuelle]. Longue nouvelle sur le thème du vampirisme psychique : une femme, qualifiée de vampire, assure sa survie en captant par magie noire l’énergie vitale d’un homme, en le tuant peu à peu. Ce récit est reparu en 1907, en librairie, dans L’Au-delà et ses problèmes (p. 13-107). Il constitue la première partie de l’ouvrage. L’auteur s’appuie dessus pour exposer ses théories dans les pages suivantes. Lancelin s’est penché plus longuement sur la question du vampirisme en 1905, dans Le ternaire magique de Shatan.

1903 : Debans, Camille, Graour le monstre, in Journal des voyages et des aventures de terre et de mer, 5 juillet-13 septembre (numéros 344-354). Illustrations. Pas de publication en librairie, semble-t-il. Roman influencé par H. G. Wells (cf L’Île du docteur Moreau). L’action se passe en Roumanie. L’avant-propos est intitulé Brucolaques et Vampires. Camille Debans était Secrétaire de rédaction du Moniteur Universel dans lequel Féval publia La Ville-Vampire.

1904 : Nau, John, Les yeux d’émeraude, in Le Festin d’Esope, N°6 (avril), p. 100-102. Nouvelle reparue en 1929 dans le recueil posthume Archipel Caraïbe. Réédition dans La France fantastique 1900.

1904 : Sadoul, Charles, La fille vampire, in Revue des Traditions Populaires, août-septembre, p. 367-370. Récit conté à C. Sadoul à Raon-l’Étape (Vosges). Se rattache au Conte type La Princesse délivrée, dont Le Roi des Gnomes, de Gogol, utilise la forme russe (Catalogue Delarue Teneze).

1906-1910 : Le Rouge, Gustave, Le Prisonnier de la planète Mars / La Guerre des vampires, 124 et 124 p. Le premier texte est d’abord paru dans Le Signal de Paris du 12 avril au 15 mai 1906 [60], puis chez Méricant en (ou vers) septembre 1909. La Guerre des vampires est parue directement chez Méricant, a priori en février 1910. Renouvellement du thème du vampire par la littérature populaire ; ce roman inspira nombre d’auteurs.[61] Existe en cartonnage d’éditeur.

1906 : Combes, Léon, La Confession du fou, in L’Initiation, Revue philosophique des Hautes Études, N° 11, 12 et 2 (août, septembre et novembre), p. 153-168, 220-229 et 144-158. Récit consacré au thème, probablement inspiré d’un fait divers mettant en jeu une « famille de vampires » vivant près de Dantzig, dont les membres demandaient à être décapités après leur décès, pour ne pas revenir parmi les leurs.[62] Reparution dans l’hebdomadaire Le Fraterniste : organe de l’Institut général psychosique, à partir du 24 avril et, sauf erreur, jusqu’au 3 juillet. Notons que le revenant slave a joui d’une certaine présence dans la presse française du XIXe du siècle : outre le traitement romancé des profanations de sépultures (cf La Salamandre vampire, supra 1893), on trouve de nombreux articles qui, à l’instar de celui du Petit Parisien, mettent en évidence, de façon spectaculaire, la persistance des croyances et des rituels conjuratoires. Voir sur Rétronews : L’Observateur des Pyrénées (14 juin 1844, p. 3) ; Le Constitutionnel (20 juillet 1845, p. 2) ; La Patrie (11 juillet 1868, p. 2 ; 12 mars 1870, p. 3), Le Moniteur universel (9 février 1869, p. 3), Le Constitutionnel (7 décembre 1874, page 3), Le Figaro (28 mars 1874, page 3), Le Journal des débats (11 juin 1871, page 3), et éventuellement Le petit Moniteur universel du soir (1er février 1869, p. 2). Les relations de crimes de « vampires » (meurtriers ou profanateurs) sont particulièrement abondantes durant la première moitié du XXe siècle et il arrive encore qu’un lien soit fait avec le revenant slave. Les faits divers relatifs aux croyances perdurent également (voir par exemple Le Matin du 4 janvier 1910, p. 3).

1906 : Belzac, Henri, Une Histoire de vampire, in Histoires de l’autre monde. Le crime du fantôme, Perrin, 285 p. Les deux autres titres de ce recueil paru en octobre 1906, mais portant peut-être la date 1907, sont Le crime du fantôme et La possédée. Selon un article de l’époque, il s’agit de « romans physiologiques ou médicaux, puisque les héros en sont des malades et que leurs aventures pourraient être réelles » (dans Le crime du fantôme, un somnambule commet un meurtre). Nous n’avons pas eu accès au texte complet, mais un extrait figure dans le numéro du 12 mars 1907 du périodique Le Petit Quotidien (nous n’avons pas trouvé la suite).

1909 (1897) : Marryat, Florence, Sang de vampire, in La Gazette de Lausanne, 1909.[63] Traduction de Pierre Luguet. Ce roman se rattache au vampirisme psychique. La publication suisse débute en mai (nous ne disposons pas des dates précises). Autre publication dans Le Phare de la Loire, du 10 août au 31 octobre et dans La Dépêche républicaine de Franche-Comté, à partir du 16 janvier 1910 et jusqu’en 1911 (la publication n’était pas terminée au 15 janvier). Pas d’édition ancienne en librairie. Le père de l’auteure, le Capitaine Marryat, avait publié en 1839 The Phantom Ship, qui fait partie, pour un passage qu’il contient, des rares ( ?) références françaises anciennes sur la lycanthropie (il fut en effet traduit en 1839).

1909 (en partie VIIIe siècle et après) : Wieger, Léon, Folk-Lore Chinois Moderne, 421 p. La préface est datée du 15 août 1908. Ce livre regroupe des traductions de contes extraits d’ouvrages pour la plupart postérieurs au VIIIe siècle. Malgré le titre, l’auteur, il est important de le souligner ici, ne s’est pas engagé dans un véritable travail de folkloriste : il n’a pas effectué de travail de collecte orale et n’a pas cherché non plus « à distinguer dans ces documents ce qui vient réellement du peuple et ce qui a été mal compris ou ajouté par les écrivains qui les ont rédigés. »[64] Quinze contes environ se rapportent au thème du « vampire » (c’est le mot qu’emploie Wieger). Les croyances populaires chinoises incluent en effet l’existence d’une créature nommée nommée Kiang-si, ayant des points communs avec le revenant slave. Antoine Faivre note à ce sujet : « On retrouve, avec bien des variantes mais selon le même schéma ces superstitions chez les Chinois où elles ont existé de tout temps. […] Le jour il perd son pouvoir, mais la nuit il suce le sang de sa proie […] »[65] En tout état de cause, il est notamment question dans ces récits de « cadavres frais et vermeils » qui sortent du tombeau ou que l’on brûle. Dans le 138ème, la créature prélève le sang de sa victime. Notons qu’en décembre 1888, Tcheng Ki Tong traduisit dans la Revue de Famille, sous le titre Le Vampire, un récit du Liaozhai zhiyi, un recueil réputé se rattacher au genre fantastique dont l’auteur est Pu Songling (1640-1715). Le Vampire, qui correspond à l’histoire intitulée Hua pi, c’est-à-dire Peau peinte, dans la version chinoise, met en scène un jeune lettré qui rencontre un démon transformé en une jolie jeune femme. L’idée de l’absorption du sang de la victime est présente mais nous ne sommes pas du tout certain que ce texte se réfère au Kiang-si.

1910 (1820) : Keats, John, Lamia, in Poèmes et Poésies, p. 288-322. L’achevé d’imprimer est à la date du 9 février. Le traducteur est Paul Gallimard. Peut-être la première traduction de ce poème, qui, sans doute mieux que tout autre à l’époque romantique, exprime l’idée de la Femme Fatale, cachant sa nature démoniaque sous une envoûtante beauté.

1910 : Bouvier, Jean, La Vampire, in La vie mystérieuse, numéros 41, 42, 43, 44, 46 (10 septembre au 25 novembre). Illustrations. Nouvelle reparue, revue et corrigée, en 1919, dans Romans pour tous.[66] Voir infra 1888.

1910 : Farrère, Claude, La Maison des Hommes vivants, in Excelsior, Journal Illustré Quotidien, du 16 novembre au 13 décembre. En librairie, en 1911 (299 p.). Vampirisme psychique.

1911-1912 : Rosny Aîné, La Jeune Vampire, in Le Journal, du 9 décembre au 17 février (onze épisodes).[67] Trois autres publications en librairie, de 1920 à 1935.

1912 : Phaneg, Georges, L’emmuré, in Le voile d’Isis, Revue mensuelle d’Études ésotériques, psychiques et divinatoires, mai, p. 132-142.

1912 : Corot, Etienne, Pages laissées par Rémi Brindosier, L’Île d’Arz, in La Revue (Ancienne « Revue des Revues »), 15 mai, p. 217-235. La seconde partie de cette nouvelle semble n’être jamais parue, ou bien alors dans un autre périodique. Un marin breton, « impie notoire et débauché », périt en mer. Quoique enterré « en terre sainte », il ne peut trouver le repos : selon la population, son âme erre les nuits de mauvais temps : la « mort en a fait un vampire » et il réclame « le sang dont il a soif, le sang chaud » d’une jeune femme de son village, « qui seul peut lui assurer le repos ». Celle-ci, terrorisée, dort avec son crucifix et asperge son lit d’eau bénite. En l’absence de la fin de l’histoire, il est difficile de savoir quelles étaient les intentions de l’auteur, si, par exemple, il a mis en scène une véritable apparition ou bien cherché à jouer sur les effet de l’imagination.

1912 (1816) : Coleridge, Samuel Taylor, Christabel, in Milosz, O. W., Chefs d’œuvre Lyriques du Nord : Angleterre, Allemagne, p. 86-106. Imprimé en octobre. Peut-être la première traduction de ce poème commencé en 1797, inachevé, qui, à l’instar de Lamia et La Belle Dame sans merci, préfigure la femme vampire (Le Fanu s’en inspire beaucoup dans Carmilla).

1913 : Bart, Cornil (pseudonyme de H. R. Woestyn [68]), Les faux vampires, in Supplément Mensuel au Journal des Voyages. La Vie d’aventures, 8 juin. Une illustration. Il existe de nombreux romans ou nouvelles du XIXe ou du XXe siècle se déroulant comme ici dans un cadre exotique et mettant en jeu des chauves-souris vampires qui attaquent les humains. Dans cette courte histoire, le mot « vampire » ne se rattache pas à cet animal, mais bien à des croyances de type vampirique. L’histoire n’est toutefois pas construite autour du thème, elle s’y réfère plutôt. Voir infra 1935.

1914 (c. 1230) : La Laxdœla saga, légende historique islandaise, traduite du vieux norrois…. Le traducteur est Fernand Mossé. Cette saga dont l’action se situe vers 950 contient aux pages 38-72, l’histoire de Hrapp, un revenant particulièrement malfaisant, responsable de la mort d’un grand nombre de personnes. Son cadavre était incorruptible ; seule sa destruction intégrale par le feu permit de faire cesser les troubles. Avant de figurer dans cette première traduction intégrale (et même partielle ?) de la saga, l’histoire de Hrapp avait déjà été rapportée, notamment et peut-être la première fois, par Calmet, qui la cite très brièvement dans son traité (cinq lignes). Gabrielle Paban l’évoque également, dans Histoire des Fantômes et des démons… (supra 1819), mais elle la développe à peine plus et son récit, qu’elle intitule Le vampire vulnérable, ne peut être considéré comme une pièce littéraire (au contraire de l’histoire de Thorolf, narrée par Walter Scott [supra 1831]). L’histoire de Hrapp figure de même (entre autres ?) dans Histoire des vampires et Infernaliana (supra 1820 et 1822). [69]

1919 : Ray, Jean, Le Gardien du cimetière, in Ciné, le 30 novembre 1919 (seulement le premier quart du texte ; il semble qu’on ne connaisse pas de numéro de cette revue gantoise postérieur à celui-ci). Deuxième parution, cette fois complète : Journal de Gand, 3-4-5 août 1920. Publication en librairie en Belgique et en France dans Les Contes du Whisky, Renaissance du Livre, 1925, p. 152-167. Récit consacré au thème, fortement inspiré d’une nouvelle de l’écrivain autrichien Karl Hans Strobl (1913).

1920 (1897) : Stoker, Bram, Dracula, l’homme de la nuit, L’Édition Française illustrée, 262 p. Les traductrices sont Ève et Lucie Paul-Margueritte. Parution vers le mois d’avril. Le fond du dessin de la couverture est bleu ou violet, indépendamment de la présence éventuelle d’une mention de mille sur celle-ci. Traduction reprise dans le fascicule édité en 1932 dans la collection Cinéma-Bibliothèque de Tallandier, à l’occasion du film de Tod Browning : on constate de légères différences, certaines dues à la nécessité d’adapter le texte au film, dans lequel c’est Renfield et non pas Harker qui se rend au château. Cette novellisation contient une quarantaine de photographies. Invendus remis en circulation par la Librairie Contemporaine, dans la collection Les Drames du Cœur ; le nom de l’auteur devient Drahus Steker, la page de titre, supprimée, bien sûr, n’est pas remplacée, et il en est de même pour la liste des ouvrages de l’éditeur. Réédition de l’originale en 1946 aux Éditions des Quatre Vents : le texte est augmenté d’environ trente à quarante pour cent, des phrases sont supprimées et des passages sont entièrement réécrits. Il existe des exemplaires en cartonnage d’éditeur. Réédition sans modification apparente de cette dernière version en janvier 1963, dans la revue Midi-Minuit Fantastique ; elle est enrichie d’un dossier coécrit par Antoine Faivre. À notre avis, l’édition chez Crès mentionnée dans ce dossier n’existe pas ; en revanche, cet éditeur a remis en vente des exemplaires de l’originale sur lesquels est apposée une petite étiquette à son adresse, en bas du premier plat de la couverture. Cet ajout constitue la seule modification. En septembre, Midi-Minuit propose à ses lecteurs la première traduction de Dracula’s Guest, initialement publié en 1914 par Florence Stoker, la veuve de l’auteur. Selon celle-ci, il s’agit du chapitre liminaire du roman. Cette traduction est d’autant plus tardive que le public de cette époque était depuis longtemps habitué aux films de vampires. Peu après, la même année, la traduction de Lucienne Molitor, complète, paraît chez Marabout, avec une préface d’Antoine Faivre (567 p.). Notons qu’en 1994, la revue Antarès fit paraître une traduction française de la préface de Makt Myrkranna, la fameuse version islandaise de Dracula (à laquelle Bram Stoker ne semble pas avoir pris part). Celle-ci, alors inconnue en France, est qualifiée d’« obscure édition étrangère ». Le numéro contient également une traduction, sans doute la première, de l’adaptation américaine de la pièce Dracula, jouée à l’origine sur les scènes anglaises à partir de 1924.

1921 : Rachilde, Le grand saigneur [70], in Mercure de France, du 15 octobre au 1er décembre, puis chez Flammarion, en 1922 (279 p.).

1923 : Bibesco, Marthe (princesse Bibesco), Isvor, le pays des saules, 1923. Deux volumes publiés vers février. Des extraits étaient parus peu avant dans la presse. Dans cette œuvre à la fois littéraire et ethnographique, l’auteure évoque son pays natal, la Roumanie, et s’attarde sur les coutumes, les légendes… La figure du vampire apparaît ainsi à plusieurs reprises (tome 1, p. 119-126 et 211-228 ; tome 2, p. 25 et 109). Notons que les travaux sur le folklore roumain ont commencé de se développer vers la fin du XIXe siècle.

1923 : Leroux, Gaston, La Poupée sanglante, les deux parties in Le Matin, du 1er juillet au 19 septembre. Première publication en librairie en 1924, chez Tallandier (deux volumes : La Poupée sanglante et La Machine à assassiner, 256 pages chacun). Un des très rares romans français de l’époque mettant en jeu un vampire.[71] Toutefois, il n’est pas construit autour du thème et de plus, « cette œuvre est à l’évidence pour Leroux avant tout un jeu » [72].

1924 (1924) : Doyle, Conan, La Vampire, in L’Œuvre, les 15, 16, 17, 18 et 19 février. Traduction de Louis Labat, reparue dans le numéro du 15 février 1928 de Dimanche Illustré, puis en recueil, dans Les Dernières Aventures de Sherlock Holmes (achevé d’imprimer le 25 septembre 1928). Histoire se référant au thème, plus connue sous le titre Le Vampire du Sussex.

1925 : Plion, Raymond, Le Vampire, in La Douche Écossaise, Henry Goulet, p. 67-84. Ce récit fut écrit au plus tard en novembre 1922 (voir le numéro de Comœdia du 18 de ce mois, p. 5). Reparution dans Nouvelles histoires étranges (Casterman, 1966).

1925 : Chelton, Hughes, Nosfératu le Vampire et Le Spectre de la mort noire, in Le Film complet du Jeudi / Le Film complet du Dimanche, numéros 195 et 196 (3 et 6 décembre 1925) ; 16 pages par fascicule ; 20 photographies en tout. Novellisation du film de Murnau, qui est une adaptation non autorisée du roman Dracula. Nosferatu fut projeté en France l’année même de sa sortie en Allemagne (1922). Contrairement à ce que l’on croyait jusqu’en 1990, ce n’est pas le premier film inspiré par le roman de Bram Stoker puisque Drakula Halála (La mort de Dracula), du Hongrois Károly Lajthay, sortit en 1921. En tout état de cause, il semble que les connaisseurs s’accordent généralement à considérer Nächte des Grauens (Nuits d’horreur, 1916) comme le plus ancien « film de vampires ».

1928 : La Bastide de Sazilly, Jeanne, La dame sorcière d’Échizadour, in Le Journal de Chabanais, 26 février et 11 mars. Repris sous le titre Le Vampire ( ?) et avec de légères modifications dans le recueil Légendes limousines : deux volumes parus en 1929 et 1931. Cette légende a également été rapportée par d’autres auteurs au XXe siècle.

1929 : Boisyvon, Lucien, Londres après minuit, Ferenczi, Collection Ciné-Volume (N°1). Novellisation de ce film que Tod Browning réalisa en 1927, quatre ans avant Dracula, cinq ans après le Nosferatu de Murnau. 96 p., 32 photographies. Elle présente l’intérêt d’avoir été écrite par un auteur ayant visionné le film, ce qui est d’autant plus intéressant que Londres après minuit, considéré « perdu » depuis 1967, n’est pas ressorti au cinéma dans les années 1950, contrairement aux séries des Dracula et Frankenstein, et n’est apparemment jamais passé à la télévision. Il n’existe qu’une autre publication témoignant de l’œuvre telle qu’elle fut présentée au cinéma ; il s’agit également d’une novellisation, britannique cette fois, parue en décembre 1928.[73]

1929 : Mistler, Jean, Le Vampire, in La Revue de Genève, novembre. Première publication en librairie aux Éditions du Rocher (1944, 57 p.).

1932 (1904) : Marrama, Daniele Oberto, Le docteur noir, in La Revue Belge, 15 mars, p. 534-551. Une des rares histoires italiennes quelque peu anciennes. Cette traduction due à Labat est reparue le 21 août dans Dimanche Illustré, mais pas en librairie, semble-t-il. Au XVIIIe siècle, le vampirisme fut nettement plus commenté en Italie qu’en France. Par la suite, plusieurs pièces ou opéras abordant peu ou prou le thème y furent représentés. I Vampiri, de Giuseppe Palomba (1812) est a priori le premier de ces spectacles (un autre a été signalé à la date de 1801 mais son existence n’est pas attestée). Extrêmement précoce, il précède en tout cas ceux de tous les autres pays. Quant aux récits de Polidori et Bérard, ils furent traduits assez rapidement. Malgré cela, il semble qu’il n’existe quasiment pas, durant la période dans laquelle s’inscrit notre bibliographie, de nouvelles ni de romans d’auteurs italiens traitant le thème pour ce qu’il est et non pas, par exemple, de façon allégorique. Cette carence paraît s’inscrire dans un cadre plus général : celui de l’absence dans ce pays d’une véritable tradition fantastique. La situation est similaire pour l’Espagne. La première histoire italienne semble n’être parue qu’en 1861. La célèbre nouvelle intitulée Un Vampiro, de Luigi Capuana (1904) a été traduite en 1961.

1932 (1932 ?) : Seabrook, William, Femme vampire, in Voilà, l’hebdomadaire du reportage, 19 mars. Photographies. Le cadre de cette nouvelle est scientifique, mais l’auteur la rattache clairement au thème du vampire. Seabrook publia en 1929 The Magic Island (L’Île magique, 1929), qui lança la mode des films de zombis.

1934 : Nicolesco, Lily, Le Vampire, in Le Petit Journal, 21 février.[74] Fiction s’appuyant sur des croyances folkloriques. Reparution le 16 juillet 1935 dans le Journal de Vichy. Lily Nicolesco était Roumaine. Elle a œuvré, notamment par ses écrits, à faire connaître son pays. Elle a publié de nombreux récits dans Le Petit Journal, certains à caractère fantastique, merveilleux, mettant en jeu des superstitions…

1935 : Diamant, Jacques, Le Vampire de la Hamada, in L’Intrépide. Aventures. Sports. Voyages, 6 janvier. Situation similaire à celle des Faux vampires (supra 1913). Illustration.

1935 (1930) : Keller, David Henry, La Guerre du lierre, in Les Primaires, juillet, août, septembre. Vampirisme végétal et science-fiction. En volume, en 1936, dans le recueil éponyme, avec deux autres nouvelles ; les trois sont extraites d’Amazing stories. Le traducteur de ce pulp est Régis Messac.

1935 ( ?) : Jobe, Gussie Ross, La Neuvième Vie du Chat, in L’Astrosophie. Revue mensuelle d’Astrologie et des Sciences Psychiques et Occultes, septembre, p. 123-130. Curieuse histoire se référant (assez brièvement) au vampirisme psychique. L’auteur était américain.

1935 (1922) : De la Mare, Walter, La tante de Seaton, in Revue de Paris, 1er novembre, p. 158-192. Vampirisme psychique. Une des rares histoires du premier quart du XXe siècle ayant été traduite relativement tôt. L’auteur était britannique.

1936 (1871-72) : Le Fanu, J. S., Carmilla, in Histoires de fantômes anglais. Traduction très tardive ; cette nouvelle célèbre, qui compte parmi les plus importantes de la littérature vampirique, fut pourtant évoquée de façon élogieuse en novembre 1926, dans un article de La Revue Belge (Le Surnaturel dans la Littérature anglo-saxonne). Le roman Uncle Silas (1864), du même auteur, avait été traduit dès 1877.

1937 (1935) : Dwyer, James Francis, Le vampire au nez bleu, in Gringoire, le grand hebdomadaire parisien, politique, littéraire, 27 août. [75] Nouvelle traduite d’un pulp, le Blue Book Magazine. C’est surtout en tant qu’illustration de la naissance de la littérature vampirique aux États-Unis, que nous avons retenu ce récit. Il s’attache à respecter certains codes du genre, mais il n’en relève pas réellement. Il existe apparemment peu de traductions de pulps se rattachant au fantastique ou à la science-fiction avant les années 1950. Celles de Lovecraft parurent à partir de 1954 ; La maison maudite (The shunned house), qui se rattache au vampirisme psychique, fut publiée en 1961 dans le recueil Je suis d’ailleurs.

1937 : Jouve, Marguerite, La folle errante, in Ce soir, grand quotidien d’information indépendant, 31 octobre. Court récit mettant surtout en jeu les effets de la superstition et de l’ignorance. L’action semble se dérouler dans un pays nordique. Rappelons à ce sujet que les sagas islandaises contiennent quelques histoires de revenants dont les caractéristiques préfigurent celles du mort-vivant slave (supra 1831 et 1914). Marguerite Jouve avait publié quelques années auparavant Torquemada, grand inquisiteur d’Espagne et Le Maléfice, une sorte de roman noir.

1939 (vers 1840 ?) : Tolstoï, Alexis Konstantinovitch, Les Vourdalaks, in Marianne, Grand Hebdomadaire politique et littéraire illustré, 17 mai. Illustration. Écrite en français, cette nouvelle à laquelle l’auteur n’attachait aucune importance fut publiée la première fois en 1884, après sa mort, dans une traduction russe. La version de Marianne, apparemment inédite en librairie, a sans doute été établie à partir d’une traduction allemande de la traduction russe. Elle est « adaptée » par R. de Maratray. L’essentiel de l’histoire figure et les suppressions constatées ont pour effet d’atténuer l’humour et la distance introduits par l’auteur, orientant plus franchement le texte vers le genre fantastique et faisant ressortir les scènes effrayantes et fortes. Le texte original fut publié la première fois en 1950 dans la Revue des Études Slaves. Par ailleurs, Tolstoï, s’inspirant en partie de la nouvelle de Polidori, qui avait été traduite en russe en 1828, publia en 1841 un court roman intitulé Upir, qu’il n’intégra pas non plus à l’édition de ses œuvres.

1943 : Owen, Thomas, Le Péril, in Les Chemins étranges, Bruxelles (premier recueil de nouvelles de l’auteur).

1946 (1936) : Teffi, Nadine, Vourdalak (Le vampire), in Vourdalak le vampire, Bruxelles : Maréchal, p. 7-20. L’auteure, émigrée russe, vivait depuis 1920 en France.


[1] Source : Gérard Oberlé : Vampire morlaque, Guistiniana Wynne, Lzaslo Vogelsang (article publié le 20 juillet 2012 sur le site du journal L’Express).

[2] J. Marigny, Le Vampire dans la Littérature anglo-saxonne, p. 97.

[3]« with explicitly vampiric traits » (Milan V. Dimić : Vampiromania in the Eighteenth Century: The Other Side of Enlightenment, 1984, p. 9.)

[4] Christine Lombez : La traduction de la poésie allemande en français dans la première moitié du XIXe siècle, p. 193.

[5] Bibliographie des Ouvrages publiés sous le nom d’ana, 1839, p. 51.

[6] D. Soloviova-Horville, p. 269-271 (423-427 pour la version lisible sur calameo.com).

[7] The London Editions of Polidori’s (The Papers of the Bibliographical Society of America ; Vol. 63, No. 2 [Second Quarter, 1969], p. 83-103 ; en ligne).

[8] Amédée Pichot : Essai sur la vie, le caractère et le génie de lord Byron, 1830, p. 207. Edmond Estève : Byron Et Le Romantisme Francais, 1907, p. 78-79.

[9] Particulièrement soucieux de celle-ci, Nodier adressa par exemple une lettre au journaliste Armand Séville, lui demandant de ne pas être nommé à l’occasion de la reprise de son mélodrame, en 1825.

[10] Le premier, en 1806 : Une heure ou la vision.

[11] cf Jacques-Rémi Dahan (voir notre introduction)

[12] La France littéraire, 1830, tome 4, p. 508.

[13] D. Soloviova-Horville, p. 236-238 (ou 376-379). Concernant l’événement ayant inspiré ce roman, l’auteur parle d’une anecdote lue plus de quarante ans auparavant dans un « recueil d’anecdotes surannées ». Il s’agit sans aucun doute de celle relatée par Calmet, p. 25-26 dans le second tome de l’édition de 1749 et, de façon beaucoup plus détaillée, dans les Causes célèbres de Gayot de Pitaval (p. 425-427 dans le tome 8 de l’édition de 1738, chez Jean Neaulme). Il est intéressant de noter que dans le chapitre où Calmet évoque cette histoire, il est également question du récit de Phlegon qui a inspiré à Goethe La Fiancée de Corinthe.

[14] Citée semble-t-il la première fois, sans que l’information ne soit reprise, en 1952 dans le fameux catalogue Romans Noirs, Contes de Fées, Contes Fantastiques,… de la librairie Loliée (N° 20).

[15] Voir les commentaires de Kevin Dodd, relatifs à l’article que le site desturmobed.blogspot.com consacra à George Blink en mai 2012.

[16] Source : Jean-Pierre Galvan : Les débuts littéraires d’Eugène Sue (1825-1830). Nous remercions chaleureusement M. Galvan de nous avoir fait connaître ce texte.

[17] André Lirondelle, Le poète Alexis Tolstoï : l’homme et l’œuvre, p. 41.

[18] P. G. Castex : Le Conte Fantastique en France, José Corti, 1994, huitième réimpression, p. 130.

[19] Voir la page 231 de l’article de Michel Gorlin : Les ballades d’Adam Mickiewicz et Puškin, paru en 1939 dans la Revue des études slaves, tome 19, fascicule 3-4. Il y est également question de La Guzla et de la supercherie de Mérimée. Voir aussi Adam Mickiewicz : Les Slaves, Cours professé au Collège de France, 1840-41, 1849, Volume 1, p. 308-310, ainsi que ce recueil d’Auguste Dozon, paru en 1859 : Poésies populaires serbes traduites sur les originaux (p. 22).

[20] Sur ce dernier point, voir Alexandre Dumas : Mes Mémoires, troisième série, nouvelle édition, Michel Lévy, 1867, chapitre LXXVII. Concernant les deux poèmes, Courrière, Céleste : Histoire de la littérature contemporaine chez les Slaves, 1879, p. 367-368 et 371-372.

[21] Tome 1, p. 300-306.

[22] Source : Łukasz Szkopiński, Étienne-Léon de Lamothe-Langon et les vampires, in Le Rocambole, n° 103-104, automne-hiver 2023.

[23] Source : laporteouverte.me (rubrique « Vampires et Lycanthropes », comme pour les autres récits proposés par ce site).

[24] La « légende » a pour origine le procès à l’issue duquel la comtesse, accusée de sévices et de meurtres sur de jeunes femmes, fut assignée à résidence dans une pièce de son château, où elle finit par mourir quelques années plus tard. Plus d’un siècle après, en 1729, il fut affirmé dans un livre qu’Erzsébet prenait des bains de sang à dessein de se régénérer et de conserver sa beauté et qu’elle avait fait périr plusieurs centaines de femmes… Malgré le caractère improbable de tels agissements, leur révélation si tardive et le fait qu’aucun document d’époque, en particulier les archives du procès, pourtant publiées en 1817, ne corrobore quoi que ce soit, la croyance perdura. En 1962, la Française Valentine Penrose publia La Comtesse sanglante, un récit hybride, sorte de roman mêlant réalité historique et fiction. L’habileté remarquable de l’auteure à faire croire qu’elle s’appuyait sur des données historiques fiables contribua à perpétuer l’image faussée d’Erzsébet (en particulier, certains chercheurs furent convaincus de la réalité des bains de sang et les évoquèrent à leur tour). Ce point est d’autant plus intéressant pour nous que Valentine Penrose se réfère à de multiples reprises au vampirisme. Notons enfin que des historiens considèrent désormais que la comtesse était peut-être innocente des crimes dont elle fut accusée : son procès pourraît être le résultat de manœuvres politiques ou d’une tentative de captation de sa fortune. Voir par exemple cette étude en ligne de Léa Cabanac : Folklore sur les vampires dans la littérature et les arts européens entre le XVIIIe et le XXe siècle (p. 85-96).

[25] « Il en aura peut-être esquissé le scénario » (Théophile Gautier, Correspondance Générale, tome 7, Droz, 1992, p. 79).

[26] Patrice Lajoye, préface de La Grande Anthologie du Fantastique russe et ukrainien, 2020.

[27] « The vampire as a literary character first appeared in European literatures in the sadistic demonology of pre-Romantism and Romantism, and only somewhat later in Bulgarian, Serbian, Croatian Romantic and Realist literatures », extrait de The Vampire Motif in European and Balkan Slav Literatures.

[28] « even though there are earlier traces as general/typological occurrences, the vampire, as a relatively independent and complete motive, appears only in realistic prose, more precisely during the last couple of decades of the nineteenth century », extrait de Who’s Afraid of Vampire/Werewolf ? : Unearthing the Serbian Blood-sucking, Shape-shifting Creatures (l’auteur se réfère ici aux travaux de Marija Šarović). Citons par exemple Après quatre-vingt ans, de Milovan Glišić (1880) et Le Vampire, de Sergueï Solomine (1912). En revanche une publication plus ancienne telle que Contes Kosaks, de Michel Czaykowski (1857), dans laquelle il est question de superstitions, de rites relatifs à la destinée des morts, n’aborde pas le vampirisme.

[29] Voir la réédition de 1851 chez Barba, chapitre 24, p. 44 (les numéros du Courrier français ne sont pas tous disponibles sur Gallica).

[30] Mes Mémoires, troisième série, nouvelle édition, Michel Lévy, 1867, chapitre LXXIV et suivants.

[31] Source : Source : Alfu présente Ponson du Terrail. Dictionnaire des œuvres, p. 246. Alfu a réédité ce texte de Ponson du Terrail en 2012.

[32] Source : laporteouverte.me

[33] V. Yovanovitch « La Guzla » de Prosper Mérimée ; Étude d’histoire romantique (1911), p. 466.

[34] Longuement commentée dans la thèse de Manuela Mohr : Le fantastique à la frontière des cultures : formes populaires et élaboration des sciences de la vie psychique dans la littérature fantastique sous le Second Empire (notre source).

[35] Source : François Ducos (préface de Dixie Horror Palace, Terre de Brume, 2013)

[36] Alice Killen : Le Roman terrifiant ou Roman noir, de Walpole à Anne Radcliffe, p. 171-172 (H. Champion, 1967 ; cette thèse a été soutenue en 1920).

[37] Voir Barbey d’Aurevilly : Les Romanciers, quatrième partie de Les Œuvres et les Hommes, 1865, p. 267-279.

[38] Cette légende figure p. 57-58, dans l’édition originale. Voir les p. 409 et 412 de l’article d’Emmanuel Cosquin : Le lait de la mère et le coffre flottant, in Revue des questions historiques fondée par M. le marquis de Beaucourt, quarante-deuxième année, Nouvelle Série, tome XXXIX, 1908. Voir également Nouveaux Contes Berbères de René Basset, Ernest Leroux, 1897, p. 341. Notons que dans un roman d’un certain Prof. P. Jones intitulé The Pobratim, a slav novel (1895), l’un des deux frères devient vampire. Voir à ce sujet l’article publié le 19 octobre 2020 par Tyler Tichelaar sur le site thegothicwanderer.wordpress.com.

[39] Nous avons exploré les sites BelgicaPress, BelgicaPériodiques et, dans le cas de la Suisse, e-newspaperarchives.ch.

[40] Trois récits de Contes pour buveurs attardés. Source : Lucie Arsenault : La figure du vampire dans le texte narratif québécois. Typologie du vampire et phénomène d’attraction-répulsion (Mémoire présenté à l’université du Québec à Rimouski, 2006), p. 31.

[41] Source : Alfu présente Ponson du Terrail. Dictionnaire des œuvres, p. 308.

[42] Source : Alfu présente

[43] Source : Alfu présente

[44] Élise Voïart : Chants Populaires des Serviens recueillis par Wuk Stéphanovitsch

[45] Adam Mickiewicz : Les Slaves,… (cité supra), Volume 1, p. 308-309 ; l’auteur évoque un auteur bohême ayant publié « dernièrement » des contes « très intéressants » sur les vampires, mais il ne précise pas clairement son identité ; s’il s’agit de Wenceslas Hanka, alors les récits en question n’ont pas été traduits (cf la bibliographie de J. Suchy, citée plus haut).

[46] D. Soloviova-Horville, p. 50-51 (ou 79-80).

[47] Source : Daniel Compère, in Le Rocambole, n° 103-104, automne-hiver 2023

[48] Voir l’article de Christophe Marécaille in Le Rocambole, n° 103-104, automne-hiver 2023

[49] Source avec résumé du livre, p. 32-35 : Ce qu’on dit au fumoir, précédé de l’affaire Henry (de) Lucenay. Une enquête de Jean-Louis Le Breton, Panache (2020 ?). Nous remercions vivement Jean-Luc Buard qui nous a signalé cette publication.

[50] Notons que dans le recueil de chansons populaires grecques qu’il publia en 1860, l’Allemand Arnold Passow intitula l’un des textes, Le Vrykolakas, c’est-à-dire Le Vampire. Cette dénomination est a priori fautive dans la mesure où l’histoire racontée est celle du « voyage du mort » (que l’on rencontre également dans d’autres pays). Une mère dont la fille vit loin avec son mari se retrouve seule après le décès de ses neuf garçons. Éplorée, elle se lamente sur leurs tombeaux et adjure l’un d’eux, celui qui avait insisté pour qu’elle laisse sa sœur partir et qui avait promis qu’il la ferait revenir plusieurs fois par an, de sortir du tombeau pour la chercher. Le fils s’exécute puis retourne sous terre… Notons que même si, objectivement, cette histoire ne se rattache absolument pas au vampirisme, elle fait tout de même penser à la Lenore de Bürger qui, pour sa part, a inspiré la littérature vampirique. Sources : La mort dans le conte fantastique néo-Hellénique. Sa contribution européenne, thèse soutenue en 2008 par Kalliopi Ploumistaki [voir notamment p. 380-397] / Vrykolakas : le vampire grec ; sept récits grecs effrayants, publié en 2016 chez Belles Etrangères / Álvaro García Marín : Haunted Communities: The Greek Vampire or the Uncanny at the Core of Nation Construction et “The son of the vampire”: greek gothic, or gothic Greece? / Emile Legrand : Recueil de contes populaires grecs, traduits sur les textes originaux, 1881 (le début de l’introduction) / Auguste Dozon : Chansons populaires bulgares inédites, 1875 (p. xxiv-xxv et 319-331).

[51] Voir le numéro du 18 novembre 1905 de la Revue Politique et Littéraire (Revue Bleue), p. 671-672.

[52] Source : laporteouverte.me

[53] Source : laporteouverte.me

[54] 2011 pour The Vampyre, aux éditions Sirius, qui ont publié par ailleurs d’autres textes littéraires anciens ; le second poème, très long, dont peu de pages nous concernent, a été partiellement traduit par Alain Morvan dans Dracula et autres écrits vampiriques (Gallimard, La Pléiade, 2019). Un court extrait sans lien avec notre sujet était paru en 1830 dans le Mercure du XIXe siècle. La suite, bien qu’annoncée, semble ne pas être parue.

[55] Source : laporteouverte.me

[56] Source : laporteouverte.me (ce site ne mentionne que des publications postérieures, non signées ; il y est indiqué que le récit est anonyme).

[57] Ce livre est évoqué dans l’article de Milivoj Srebro : La réception de la littérature serbe en France jusqu’en 1945 (serbica.u-bordeaux-montaigne.fr).

[58] Source : laporteouverte.me, qui cite quatre parutions dans la presse, entre le 23 septembre 1897 et le 17 février 1899.

[59] J. Marigny, Le vampire dans la science-fiction anglo-saxonne, in Littératures 26, printemps 1992, p. 69-85

[60] Source : laporteouverte.me, 3 juillet 2019 ?

[61] J. Marigny, Le Vampire dans la littérature du XXe siècle, p. 86-87

[62] Le Petit Parisien, 9 janvier 1887, p. 3-4

[63] Traduction mentionnée dans : Alain Morvan : Dracula et autres écrits vampiriques, La Pléiade, 2019. Le 21 juin 2018, Jean-Daniel Brèque évoquait sa découverte d’une traduction ancienne dans une interview sur vampirisme.com : sans doute celle-ci car il ne semble pas en exister d’autre.

[64] J. Przyluski, in Bulletin de l’Ecole française d’Extrême-Orient, 1909, Volume 9, p. 172

[65] Les Vampires, p. 111-114

[66] Source : François Ducos (Le Manoir hanté de Crec’h ar Vran, Terre de Brume, 2008)

[67] Source : Fabrice Mundzik, jhrosny.overblog.com (2013 ?)

[68] D’après Le Rocambole n° 36, automne 2006 (p. 124)

[69] Pour la relation de l’histoire de Hrapp par Calmet, voir par exemple l’édition de 1751, tome 2, p. 26. Signalons cet article de Caitlin Scally consacré aux revenants des sagas islandaises : It’s in Their Nature; Examining Revenants in The Icelandic Sagas and What They Represent in Early Medieval Society (INNERVATE Leading student work in English studies, Volume 10 [2017-2018], pp. 39-53)

[70] Jean Marigny, Le Vampire dans la littérature du XXe siècle, p. 37 et 78

[71] Ibid., p. 78. Voir également l’article d’Isabelle-Rachel Casta in Le Rocambole, n° 103-104, automne-hiver 2023.

[72] Alfu, Bibliographie commentée, 1996

[73] Thomas Mann : London After Midnight: An English Translation of the 1929 French Novelization of the Lost Lon Chaney Film (2018)

[74] Source : laporteouverte.me

[75] Source : laporteouverte.me

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