WALPOLE (Horace). Isabelle et Théodore. Paris, Lepetit, 1797. Deux tomes in-12 en un volume, basane porphyre, dos lisse orné, pièces de titre brune et de tomaison verte, tranches mouchetées rouge et bleu (reliure de l’époque). 151, 171 p. , deux frontispices. 163×97 mm. Un trou de ver au mors supérieur, une tache sans gravité p. 68 du premier tome, petit manque de papier en bas du second frontispice, celui-ci peut-être d’origine. Bel exemplaire, à grandes marges. Édition originale de cette traduction du Château d’Otrante, la deuxième.

1800 euros

Rare et peu connue, cette nouvelle traduction du roman fondateur du genre gothique* parut environ six mois après celles des chefs d’œuvre d’Anne Radcliffe et M. G. Lewis : Les Mystères d’Udolphe, L’Italien et Le Moine.

Walpole publia Le Château d’Otrante à la fin de l’année 1764, en le présentant comme la traduction par un certain William Marshall d’un récit du début du seizième siècle. Il est probable que le roman ne fut quasiment pas diffusé en dehors du cercle de ses amis. L’année d’après, désireux d’en avouer la paternité à la bonne société, il fit paraître une seconde édition et ajouta ce sous-titre : « A Gothic Story ». C’est à partir de celle-ci que fut établie la première traduction française, en 1767.

Les surréalistes dont on connaît l’intérêt pour le roman gothique s’attachèrent particulièrement aux composantes oniriques du récit. André Breton y vit une illustration particulièrement signifiante des thèses surréalistes et alla jusqu’à affirmer : « la genèse d’une telle œuvre, sur laquelle nous avons le bonheur d’être renseignés, ne met en effet rien moins en cause que la méthode surréaliste et tend, une fois de plus, à sa complète justification (….) tout se passe comme si je n’avais fait dans le Manifeste du surréalisme que paraphraser à mon insu les affirmations qu’elle comporte [il fait référence à une lettre écrite par Walpole à William Cole en 1765]. » Paul Eluard déclarera quant à lui : « Et quelques-uns des grands pans d’ombre du Château d’Otrante alimentent le terrible feu qu’allumèrent Sade, Poe et Lautréamont pour échapper au néant. »

Alice Killen mentionne une autre édition à la même date, au format in-18 et non pas in-12, mais nous sommes convaincu qu’il s’agit d’une erreur due à l’existence d’exemplaires particulièrement rognés par le relieur.**

Maurice Lévy, p. 95-110. Loliée 619

* Pour plus de précisions sur ce genre et sur la genèse de ce roman ainsi que son lien avec la littérature fantastique, voir l’introduction de la catégorie « Littérature fantastique et divers ».

** Les exemplaires in-12 ont de grandes marges, la taille des caractères typographiques est équivalente à celle que l’on peut rencontrer dans les éditions tirées au format in-18 et le texte n’occupe pas plus de place (voire moins).

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